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par one minute in the dream world le 29 septembre 2009
Juin 2009 (Jarring Effects)
Fer de lance d’une mouvance noise (et cependant loin de se cantonner à cet unique orientation, loin s’en faut) française représentée, dans les 90’s, par Portobello Bones ou encore Bästard, Hint, duo angevin formé par Arnaud Fournier et Hervé Thomas, multi-instrumentistes talentueux, décalés et inspirés, aura marqué, en dépit d’une "première ère" plutôt courte, comme l’indique le titre de cette rétrospective, cette scène de façon indélébile.
Injustement tombé dans l’oubli à l’amorce des années 2000, Hint décide il y a peu de s’associer aux tourangeaux d’ Ez3kiel, figure de proue d’un mouvement lui aussi singulier, à la croisée du dub, du post-rock, de l’électro et de bien d’autres options savamment mélangées. Les deux formations effectuent alors une tournée commune, dont le résultat est tel que le label lyonnais décide de rééditer l’essentiel et la quasi-totalité du catalogue de ce duo magique, capable de tout et avant tout du meilleur.
En effet, s’il est dans un premier temps qualifié de "noise", Hint offre une palette d’ambiances, et de couleurs, impressionnante et passionnante, incluant donc la noise, le post-rock, des rythmes électro, des plages superbement dépaysantes et des coups de boutoir fonceurs et compacts, parfaitement symbolisés par ses reprises, avec Portobello Bones et pour les besoins de l’excellent Portobello Bones & Amigos de ces derniers, de Distorted Pony, Guzard et Unsane, présentes sur le second volet de 93-99.
Arnaud et Hervé maitrisent aussi bien la puissance nuancée ou débridée que les climats les plus posés, et dès lors qu’ils se mettent en tête d’associer ces essais, cela débouche sur de superbes morceaux comme l’étincelant 100% White Puzzle qui inaugure le premier cd de ce digipack. Sur plus de onze minutes, Hint nous fait la démonstration, et pour ainsi dire le résumé, de sa formidable dextérité, puis nous décline, sur le reste et sur plus de deux heures de bonheur auditif, les différentes facettes de son parcours. Et si ce titre se situe entre post-rock perturbé, indus hypnotique et chant noise délectable, bien malin qui saura dire de quelle "branche" le duo est plus particulièrement issu.
Mr Investigator, par exemple, souffle une sorte de post-rock pesant et subtil, Eyes In Axis faisant l’instant d’après dans le nettement plus tranchant, entre indus et post-hardcore, avec le même brio et pour un résultat tout aussi époustouflant. Et avant cela, Lady Of Pain nous aura régalés de ses ouvertures...indéfinissables, magnifiées par une voix féminine songeuse et narrative. Hint exacerbe les sentiments et les "dompte" par une mise en son époustouflante, parfaite bande-son du quotidien et de ce qu’il engendre chez chacun en terme de ressenti.
Des pointes presque world (The Process) s’invitent même au programme de ce festival sonore et stylistique, des envolées noise furieuses et foutraques (Second Hand) lui succédant ensuite, avant que Ionizer allie ce côté dépaysant avec des rythmes trépidants basés sur des guitares massives et des breaks électro magistraux. Puis The Fish And The Fisher, serein et enjolivé par des cuivres feutrés, renoue avec ces élans world auxquels le duo sait faire prendre des atours différents et superbement construits, qu’ils soient à teneur "rageuse" ou plus modérée. Ce que montre un Wu-Wei, tiré de l’album du même nom paru sur l’excellent label Pandemonium en 1998, digne d’une B.O. ou encore d’un conte pour enfants.
Sur la seconde partie, outre les reprises évoquées plus haut, on trouve un patchwork tout aussi étourdissant. Titres d’un split EP avec Unsane (Trafics, massif et garantissant lui aussi le "voyage mental"), démos et extraits de cd sampler côtoient titres issus des albums du duo, et remixes résultant d’une savante déconstruction. Un titre live, Second Hand, plus destructeur encore qu’en version studio, plus organique aussi, faisant une apparition remarquée.
A côté de cela, les angevins nous livrent une sarabande noise réhaussée par des cuivres absolument ahurissants,Unlocked, dotée aussi de petites touches jazzy décisives, et une démo braillée elle aussi significative dans un registre plus directement violent (Vandal-X), suivie d’une seconde scindée en deux parties opposées et ornée de sonorités de...saxophone il me semble, déjantées et parfaitement complémentaires d’un chant là aussi colérique.
On pourrait d’ailleurs s’arrêter à chaque titre de cette splendide compilation, dont Alaska’s Polaroid qui met en relief les vélléités électro de Hint, ou Foetus Anxiety qui ferait pâlir de jalousie tout groupe noise actuel ou plus daté, avec le saxo affolé d’Arnaud et les vocaux criés, façon Lionel Fahy (Portobello Bones), d’Hervé.
Mais avec un tel groupe, au sommet tant dans des compositions élaborées de façon personnelle que dans ses reprises, ses remixes ou ses collaborations, le mieux à faire est d’une part de se procurer sa discographie (devenue, ce qui justifie d’autant plus la survenue et l’acquisition de ce 93-99, introuvable ou presque), ou encore d’aller le voir sur scène, en espérant que les "sorties" avec Eze3kiel susciteront chez Hint l’envie de poursuivre l’aventure. Après, peu importe la forme qui lui sera donnée : la réussite sera au rendez-vous, c’est acquis, et le rendu d’un niveau inaccessible, à l’image de ce digipack du même niveau que A Recollection des Deity Guns. C’est dire sa valeur....et la nécessité de se l’offrir tout affaire cessante.
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