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mercredi 15 avril 2015
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par Cypher le 12 décembre 2006
sorti en 2005 (FZM)
À l’instar d’un célèbre groupe punk français, Ethnopaire est né par le plus grand des hasards. Violette (guitare) et Nilos (claviers + guimbarde) officiaient auparavant dans Anima, l’éloignement des musiciens les amenant à faire un concert sans leur chanteur ni leur batteur : Ethnopaire était né. À l’instar de ce même groupe punk - et de pas mal d’autres - Ethnopaire se contente d’une formation réduite : à la guitare et au clavier s’ajoutent parfois une deuxième guitare et une boite à rythme avec Zimo qui a rejoint la bande un peu après. Tout cela tombe plutôt bien, parce que ce groupe c’est Bérurier Noir, et que Loran, guitariste des Bérus est un bon pote d’Ethnopaire (lui et Violette jouaient dans Tromatism). Suite à cet hasardeux “melting-potes”, Loran a proposé à Ethnopaire de sortir un CD-DVD sur Folklore de la Zone Mondiale, et fort heureusement le groupe a accepté. On aurait manqué un sacré truc, sinon.
La première partie de l’ensemble, Animalien est donc un CD 15 pistes (12 signées Ethnopaire, un remix par Barbirooza, et deux par Junior Cony). Après une courte intro à la guimbarde, le morceau démarre sur un gros riff de guitare bien saturée comme on les aime, accompagné par la boite à rythme, auquel se greffent rapidement le clavier, toujours la guimbarde et toute une pléthore d’effets divers et variés. Au final, le résultat est assez difficile a décrire, tant les influences varient, de même que celles des musiciens. Incontestablement, c’est punk, de par l’énergie, voire parfois la rage qui se dégage de l’ensemble. On sent la trace du passé des musiciens, Tromatism, Anima, Parkaj Mental, Bérurier Noir... Mais c’est aussi parfois metal pour la guitare. Tribal, shamanique, par l’apport du clavier. Technoïde par la boite à rythme. C’est un peu tout à la fois, rythmé, violent, répétitif, mais pas lassant. Il n’y a rien, ou très peu à redire sur la musique. On passera sur les remix, peu intéressants à mon goût, ils n’apportent pas grand chose au tout. Mais (car forcément, il y a un "mais"), il n’y a pas de chanteur et cela manque. Certes, on s’en passe, et ce disque fait parfaitement office de musique d’ambiance dans la chambre, ce groupe a suffisamment d’énergie pour dépoter en concert, etc... Malgré les grands discours sur le groupe, sur l’universalité de leur musique du fait de l’absence de paroles, j’ai du mal à comprendre comment un morceau sans paroles peut s’appeler Apatride ou Holocauste ou encore Clandestin et pas "Poumpoum Tralala" ou encore "On Aime Picoler", ni comment on peut dénoncer la guerre ou l’exploitation animale sans paroles aucune (même si je soutiens l’intention à 200% !). Ben c’est ici, qu’intervient la deuxième partie : le DVD.
"La musique en tant qu’émotion pure, et les images, en tant que perception immédiate, savent exprimer autant de revendications que les mots. Pas d’amalgame ni de slogans, pas d’ambiguïté, pas besoin de traduction ni de sous-titrages [...] Le message d’Ethnopaire est compréhensible dans toutes les langues." déclare Nilos. En effet, sur À Chaque Rêve Sa Danse, le DVD, Ethnopaire se paye le luxe d’avoir entre autre un clip pour chacun des douze morceaux de l’album, et ça, c’est la grande classe. On retrouve donc du film et de l’animation, réalisé avec les (peu) de moyens du bord, un appareil photo, un logiciel de montage et c’est parti ! Les clips ont été réalisés par François Bergeron, réalisateur qui avait déjà tourné des clips pour les Bérus à la belle époque, et par Loran et Zimo. On retrouve donc pour l’animation toutes les principales techniques de cet énième art à part entière : dessin animé, papier découpé, animation d’objet, rotoscopie, pâte à modeler, pixilation, etc... Avec une réalisation plus que sympa et surtout pleine d’idées (parole de connaisseur en animation), de scènes filmées de jonglage, fêtes en plein air, concerts etc. Par l’intermédiaire de ces images, on voit donc le vrai message du groupe, sans s’étaler sur le sujet : écologisme, végétarisme et libération animale, pacifisme, et plus globalement et simplement : anarchisme. Puisqu’en plus de ces clips, on retrouve aussi les manifestes de chacun des musiciens, simples textes lus sur leur vie ou engagement. En plus de tout ça, on découvre un live de 10 morceaux d’un concert donné à Dour en 2004. On découvre alors Ethnopaire sur scène, et force est de reconnaître que le groupe dégage une énergie énorme. Le public ne s’y trompe pas (ceci dit, en première partie des Bérus, même en 2004, faut pas s’attendre à un public endormi). Enfin, cerise sur la galette (melon sur la galette même, vu sa taille) 18 morceaux (parfois clips) de groupes amis d’Ethnopaire (dont Anima, Tromatism, Bérurier Noir, et Junior Cony, cités plus haut) pour un cocktail de musique allant du metal au rap, et s’attardant nettement sur le punk (on se r’fait pas...). Enfin 12 bonus cachés s’ajoutent au programme, et... Ben y sont super bien cachés ces bonus hein, et pour le peu que j’ai trouvé, y’a pas grand chose de follichon, mais bon, on achète pas un DVD pour ses bonus de toute façon.
Ethnopaire nous livre ici un pack formidable, qui nous plonge dans une musique, voire un univers particulier et unique, tout en délivrant tout de même un message par dessus le marché, et avec enfin une production soignée, tant sur le son que sur l’image. Enfin, un DVD riche en découverte puisque la variété des groupes présentés fait qu’on découvrira sûrement un ou deux nouveaux trésors, voire même plus. Au final, seul le chant semble manquer au tableau, surtout quand le message est intéressant, mais ce vide est admirablement comblé par le DVD.
Un investissement sûr donc !
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