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Conférences de presse de la 15ème Route du Rock de Saint-Malo

Conférences de presse de la 15ème Route du Rock de Saint-Malo

par Alexx le 5 septembre 2005

Deuxième année à la Route du Rock et déjà le droit d’assister aux conférences de presse ! Quelle chance !

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Notre arrivée le matin sur place augure de bonnes choses et nous nous installons tranquillement avant le début des festivités. Après avoir fait un petit tour sur place pour s’informer sur le déroulement des conférences et de l’ordre de passage du jour des artistes, nous nous absentons pour raison logistique.

Ces raisons vont d’ailleurs nous prendre un peu plus de temps que prévu et nous pensons manquer le premier groupe : Mercury Rev. Milner (qui s’était infiltré sur place depuis une semaine) et moi, sommes soulagés d’apprendre que l’ordre de passage [1] a été modifié et que le premier groupe sera en fait :

The Wedding Present

Seul David Gedge est présent ; normal, puisqu’il est le fondateur des Wedding Present ! Après quelques albums (“Bizzaro”, “Seamonster”, “Hit Parade 1”...), David forme le groupe Cinerama en 1997 plus pop. A l’origine, leur dernier album “Take Fountain” devait sortir sous le nom des Cinerama. Mais lors de l’enregistrement de l’émission de John Peel, les ingénieurs du son et les techniciens leur firent remarquer qu’il y avait moins d’arrangements, moins de cordes et que les guitares devenaient plus acérées.

Ainsi, David reprit le nom de son groupe d’origine sans estimer que c’était un retour comme beaucoup le font en ce moment. « Si on devait vraiment faire un retour, avec les changements de personnes au sein du groupe, on serait une douzaine. Ce n’est pas quelque chose de prémédité [...] J’habitai aux U.S.A. et quand je suis revenu, j’ai été surpris de voir revenir les Pixies. »

En 1992, le groupe eu l’envie de sortir un single par mois (face A : inédit, face B : reprise). Ce qui leur vaut d’être aujourd’hui dans le Guinness Book des records. Ces singles furent ensuite repris dans les albums “Hit Parade 1 & 2”. « J’aime bien l’idée des reprises, de s’approprier une chanson mais aujourd’hui, je ne crois pas que j’aurais encore l’envie de refaire ce genre de chose [...]. »

Vis-à-vis du futur, D. Gedge n’a pas de projet. Si nouvel album il doit y avoir, il ne sait pas si ce sera sous la formation Cinerama où bien même The Wedding Present. « Je pense à la retraite. Un journaliste en Allemagne, me racontait que cela faisait 20 ans que j’étais sur scène. Je n’ai pas vu le temps passer ! »


18 h 30, après une brève visite des alentours (et un retour au campement) nous allons de nouveau participer au jeu des questions/réponses avec :

Yo La Tengo

(groupe présent entièrement avec Ira Kaplan, chanteur-guitariste ; sa femme Georgia Hubley, batteuse et James McNew, bassiste)

Le groupe New-yorkais malgré une reconnaissance publique relativement faible (officiant depuis un peu plus de 20 ans), est considéré à juste titre comme faisant parti des “influents”. « On ne retient pas les noms de ceux que l’on a pu influencer et de toute façon on essaye de ne pas y penser ! » Ira.

Ils reviennent sur scène à l’occasion de la sortie du double (voire triple) album : “Prisoners Of Love”, sorte de compilation retraçant au mieux leur carrière. C’est d’ailleurs Georgia qui a supervisé la réalisation de cette dernière à la demande de leur maison de disque, pour laquelle ils précisent : « Nous sommes encore en bon terme. » Pour le groupe, “Prisoners Of Love” est une introduction pour ceux qui ne les connaissent pas, ou peu. Mais c’est aussi un “CD de fan” avec l’édition comprenant une troisième galette de raretés (merchandising, quand tu nous tient !). « Même si cette édition nous laisse dubitatif [...] on peut acheter le best of d’un artiste et avoir les raretés tout en écoutant leurs autres albums. Nous sommes dans une maison de disque qui n’est pas aussi chère que les autres. » Ira. (Précisons que l’édition 3 CD est aux environs de 19 €).

Quand ils évoquent leurs anciens albums (“Rise the Tiger”, “Fake Book”), ils nous confient ne pas trop écouter ce qu’ils ont fait par le passé. « Je suis assez mal à l’aise avec “Rise the Tiger” [...] certains morceaux auraient pu être plus poussé. On aurait pu aller plus loin ! » Ira. « C’est principalement moi qui est passé en revue ce qu’on avait fait pour archiver et composer la compil’. Et quand j’ai réécouté certains titres, avec le recul, on se dit qu’on aurait pu mieux faire telle où telle chose. » Georgia.

James est aussi connu pour ses albums solos (Dump). Lorsqu’on lui demande s’il regrette de ne pas assez chanter : «  Dump est un petit projet que je mène dans ma chambre lorsque j’ai du temps. Je préfère largement jouer avec Yo La Tengo ! » James. « Il chante bien mais faut pas pousser non plus (rire) ! La composition d’un morceau est un travail de groupe ; la personne qui chante est celui ou celle qui a écrit les paroles. » Ira.

En évoquant et comparant le festival à un autre (un petit espagnol début août, dont nous ne nommerons que la ville : Benicàsssim) Ira précise : « La tournée est assez bizarre, on a joué à Benicàssim, en Allemagne, etc... On alterne entre festivals et concerts. Ce qui nous plait le plus, c’est de jouer dans des clubs (salles de concerts), on est libre du show présenté. Alors qu’en festival, on ne contrôle rien vis-à-vis du public, on se jette dans la fosse aux lions. [...] Chaque show est différent ! » En tout cas, ils avaient prévu de jouer un set similaire à celui de Benicàssim basé sur “Prisoners Of Love”.

En ce qui concerne la suite des événements, le prochain album pense être prévu pour l’année prochaine avec une forte tendance Gothique, voire Heavy Metal !!!

Pour Mercury Rev, on attend toujours leur venu ! Et malheureusement, le samedi est calqué sur ce groupe. Les Raveonettes retardent leur venu au festival et repoussent leur conférence pour ne jamais y venir. On apprend que les Cure ne feraient que des interviews en (très) petit comité et que les !!! ne seront pas non plus de la parti. C’est dans ces conditions que Milner et moi regrettons de ne pas être restés sur la plage à écouter et interviewer Christopher O’Riley (en exclusivité) !!!!!!


Cette fois-ci, on est resté écouter le début du set de Christopher O’Riley. Ce qui nous a valu d’arriver juste après le début de la conférence de presse des :

Maxïmo Park

(groupe présent entièrement avec Paul Smith, chanteur ; Tom English, batterie ; Duncan Lloyd, guitares ; Archis Tiku, basse et Lukas Wooller, claviers.)

Le premier album des Maxïmo Park est un auto-produit. Ils ont sortis un vinyle qu’ils se sont empressés de diffuser au mieux sur le marché Londonien jusqu’au moment où la maison de disque Warp tombe dessus. Ils apprécièrent beaucoup le set et le jeu de scène du groupe lors d’un concert et les firent signer sur leur label. Pour la petite histoire, Warp est une maison de production électronique (électronica pour les puristes). Ils ont produit Aphex Twin, Autechre, Boards Of Canada... Mais alors quelle est le lien avec un groupe de pop-music ? « C’est vrai qu’on fait de la pop, mais on essaye de sortir des sentiers battus. On incorpore des éléments qui font, on l’espère, notre originalité. » Paul. « Lors de nos rencontres avec Warp, on leur a dit que nos références était très large et que l’on s’inscrivait dans la continuité de leurs artistes. » Duncan.

On les a beaucoup comparé (notamment par NME) avec des groupes comme Bloc Party, Franz Ferdinand où bien The Libertines. Ils s’estiment en dehors de la scène Londonienne de part leur situation géographique (Newcastle). « Je ne crois pas que ces groupes fassent avancer la musique. Des personnes comme Aphex Twin apportent leur patte et ne font pas pour autant la une du NME. [...] Lorsque ce journal nous interview, on joue le jeu. Mais on essaye toujours de se démarquer des autres groupes. Après si on dit de nous qu’on fait la même chose que Bloc Party, tant pis, il y a des choses plus importante dans la vie ! » Paul.

Une impression de confusion et de frustration ressort de leur premier album “A Certain Trigger”. Pour Paul, l’écriture des paroles est une retranscription de la vie. « Les relations entre les gens en général, ça fait parti de notre quotidien et automatiquement je m’en inspire. Quand je chante “I’m young and I’m lost” c’est inspiré de ma jeunesse. [...] Une bonne chanson s’inspire souvent des petits tracas de la vie. » Paul.

En revenant sur la formation du groupe, on apprend que la première mouture de Maxïmo Park s’était construite sans Paul. La dynamique musicale, alors principalement instrumentale, leur plaisait. Ce qui leur manquait, c’était une personne dans le rôle du “frontman”. C’est alors que la petite-amie de Tom remarqua Paul en boite qui se trémoussait comme un fou sur du Stevie Wonder (apparemment un mauvais souvenir que ne veux pas évoquer Tom). Il était l’homme de la situation : quelqu’un qui pourrait chanter (Paul appris sur le tas), assumer et focaliser l’attention. Ayant tous une forte personnalité, ils estiment qu’ils n’ont pas de leader à proprement dit. « Même si Paul est le chanteur, c’est normal qu’il attire sur lui une majorité de l’attention. Mais sur scène, le show se fait tous ensemble. Je ne crois pas que nous soyons un de ces groupes où le leader compose, écrit, chante et s’estime seul sur scène. » Duncan.

Pour l’anecdote, quelqu’un demande à Paul s’il portera un jour des vêtements “Paul Smith” (couturier renommé en Angleterre). « Je porte déjà des habits de mon homonyme ! »


Après les très éloquents Maxïmo Park, l’animateur nous partagea ses doutes quant au fait de réunir sous la tente des conférences tous les membres de :

The Polyphonic Spree

Les inquiétudes dû au manque de place que provoquerai la venue de tout le groupe (23 membres tout de mêmes) s’évanouirent quand on vit venir Tim DeLaughter, seul, dans sa robe bleu ciel. Tim explique que toute la chorale aurait dû être présente, mais ils ont pris la journée pour se reposer. Les Polyphonic Spree nous décrivent leur tournée “marathon” : Benicàssim, Berlin, Oslo, etc en une petite semaine.

A l’origine, Tim avait un groupe Tripping Daisy (punk/pop) qui, avançant dans le temps, incorporait des morceaux de plus en plus expérimentals. Puis les Polyphonic Spree se formèrent avec cette idée de chorale. « Je voulais créer un “son” ! » Ils firent les premières parties de Grandaddy et furent remarqué par David Bowie.

LA question que tout le monde se pose à ce moment, c’est : mais comment un groupe de 23 membres composent-ils ? « J’ai choisi des musiciens qui savent jouer sans partition et qui peuvent retenir leur set. [...] Pour la création des morceaux en général, je compose sur un piano où une guitare. Puis quand le groupe se réunit, les autres instruments se joignent à la compo en improvisant petit à petit. »

La deuxième question qui arrivent alors (celle qu’on doit leur poser à tous les coups et qui agacent) : Etes-vous un groupe Hippie (où comment ne pas dire secte) ? Comment autant de personnes peuvent-elles vivres ensemble sans anicroches ? « Je ne crois pas qu’il y est des hippies chez nous. On est tous là pour la musique et ça nous suffit. [...] Pour ce qui est des robes, je les ai conçu avec ma mère. Par exemple, je porte un jean et des sandales, mais un autre sera différemment habillé. Ainsi, sur scène, on ne fait pas la différence entre untel et untel. Et puis je trouve ça jolie de voir un groupe en “uniforme” ! »

Et il est vrai que de les regarder ainsi jouer, ajoute un plus au show (voire spectacle) !


C’est juste avant le set de Maxïmo Park (encore eux) que nous nous dirigeons vers une tente quasi pleine pour recevoir les :

Sonic Youth

(Presque tout le groupe est là. A commencer par Thurston Moore, guitare & chant ; Kim Gordon, basse, chant & guitare ; Lee Ranaldo, guitare & chant ; Steve Shelley, batterie. Jim O’Rourke, basse & guitare surfe sur le net)

La chance est avec nous : il reste deux places au second rang devant l’entrée et près des enceintes. Ce ne sera pas de trop pour pouvoir enregistrer la conférence alors que les concerts continue toute berzingue. Le temps de sortir le dictaphone, le groupe pointe le bout de ses guitares. A peine installé, Thurston commence à jouer avec son micro et un gobelet en plastique pour un mini concert expérimental (30 à 45 secondes) ! Le groupe nous prouve ainsi qu’ils ont toujours leur curiosité des débuts. Thurston a d’ailleurs une idée bien précise de ce qu’ils comptent faire en dernier : « La dernière chanson que l’on enregistrera sera “Le Râle de la Mort” (leur dernier soupir, aaargh, le moment de leur dernier instant pour ceux qui n’aurait pas compris) ! » Thurston.

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Sonic Youth © Brrrr

Tout d’abord, le groupe nous parle de leur été où ils ont fait une petite tournée en Europe (Benicàssim toujours, Oslo...). Pendant 15 jours, ils sont retournés à New-York pour plancher un peu sur leur prochain album puis revinrent en France pour la Route du Rock et quelques jours de repos avec leur famille sur nos côtes.

Leur prochain retour en France (Cité de la Musique) sera à l’occasion du concert en l’hommage de John Lennon. Ils expliquent qu’on les a invités en tant que Sonic Youth. « On nous a demandé de jouer comme nous le faisons habituellement. Mais comme c’est un hommage, on intégrera des éléments représentatifs de la manière de jouer de John à nos morceaux. [...] Sur le premier album de John Lennon & Yoko Ono Plastic Band, il y a un long feedback qui nous a beaucoup influencé ! » Lee. « De toutes façons, on va jouer principalement des chansons composer par Paul  [2] !!! » Thruston. Le groupe nous confit alors qu’ils ont repris le “White Album” plus où moins en sous-marin.

Les Sonic Youth ont aussi eu une grande importance dans l’évolution de certains groupes : Nirvana, Pavement (ils les aidèrent à se faire connaître.)... « On les a aider à être plus populaire parce qu’on aimait ces groupes. [...] On ne les a pas poussé à signer chez Geffen ! “Bleach” a été enregistré dans la plus grande ignorance ! » Thurston. Ils essayent de faire connaître des groupes qu’ils apprécient et ciblent dans des styles très différents (Free Jazz, Folk ...) de ce que le groupe a pu faire. Une de leur préférence avouée aujourd’hui sont Magic Marcus.

Pour la composition, ils reviennent sur leur méthode à utiliser les distorsions. « On a beaucoup utiliser les distorsions jusqu’en 1993. Depuis, on compose plus en acoustique. Mais sur scène, on est conscient que se serait un peu hors propos, voire hors contexte. On arrive, on branche les guitares et on dépote ! [...] Mais des choses un peu plus acoustique sont envisageables. » Thurston.

Kim a jouer dans “Last Days” de Gus Van Sant. « C’était assez marrant de ce retrouver dans la peau d’un cadre d’une maison de disque ! [...] Je faisais confiance à Gus pour le côté émotionnel de la scène. Je suis très contente d’avoir pu participer à ce film ! » Kim. (Kurt Cobain et Kim se connaissait bien.)

En ce qui concerne leur prochain disque, l’influence de la campagne présidentielle américaine ne sera pas abordée. « Il est regrettable que des personnes essayent de passer des messages qui n’ont rien à voir avec ce qui les concerne (référence au côté religieux donné par G.W. Bush). Mais d’autres s’amusent à toujours donner le mauvais rôle aux USA. C’est pourquoi on se tient de plus en plus à l’écart ! » Thurston.

C’est alors que le manager intervient pour indiquer que les vingt minutes accordées sont écoulées et nous empêche de finir proprement avec une dernière question. Tant pis, on s’en est mis plein les oreilles et les mirettes pendant ces trois jours au point presse.

Maintenant il est temps de finir ce festival en beauté !



[1Ce qui sera une habitude par le suite ! Pas facile de jouer avec les emplois du temps des artistes !

[2McCartney

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