Concerts
Electrelane + Gomm + Tender Forever

Paris (La Cigale)

Electrelane + Gomm + Tender Forever

Le 27 avril 2007

par Sylvain Golvet le 15 mai 2007

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En 10 ans d’existence, le festival Les Femmes S’En Mêlent s’est évertué à faire découvrir au public français la vitalité musicale de la gent féminine, histoire de prouver que celle-ci n’a rien à envier à son homologue testostéronné. Et sans verser dans l’étude sociologique de bas étage, force est de constater que le rock féminin attire plus de (jeunes) femmes qu’un concert de Deftones par exemple. Ce dont l’auteur de ses lignes ne se plaindra pas d’ailleurs, mieux vaut écouter du son en charmante compagnie. Trois groupes à l’honneur ce soir, Tender Forever (composé de la seule Melanie Valera), Gomm (composé d’une seule fille), et enfin Electrelane et ses charmantes anglaises. Un programme bien plus alléchant que le concert d’Anaïs programmé par le festival le lendemain. Mais il n’y a pas de raison, les femmes aussi sont capables du pire comme du meilleur.

Et c’est justement à Anaïs que Tender Forever fait immédiatement penser. En plus musicalement développé s’entend mais n’empêche, les interludes comiques de l’unique membre du groupe font irrémédiablement pencher le set vers le happening à sketchs. Ses comptines électro-pop sympathiques mais sans plus, sont donc agrémentées d’accessoires loufoques, dignes d’Edouard Baer du temps de son Centre De Visionnage, tels des ordinateurs en carton ou une main géante. On la fera mentir tout de même, elle qui pense que les journalistes écrivent à son propos « ouais, c’est sympa, mais tout ça c’est ni plus ni moins que du karaoké ». On ira pas jusque là et on aura passé au moins un moment rigolo.

Vient ensuite Gomm, groupe à la féminité toute relative, puisqu’à part sa chanteuse, il est composé de trois mâles tout ce qui a de plus poilus. Rentrant directement dans le vif du sujet, leur son oscille entre garage, new-wave et hard-rock, voire même pop en témoigne leur reprise du Call Me de Blondie sur une musique de Black Sabbath. Mais assez vite les quatre se perdent un peu dans leurs multiples influences, donnant à l’ensemble un aspect brouillon. Pire, la chanteuse, sorte de côté obscur de France Gall, n’est pas l’élément le plus probant et on préféra quand le batteur prend le micro. Le long et hypnotique morceau final donnera un peu de plaisir sans pour autant donner envie d’en savoir plus.

Allez, place aux reines de la soirée, bien que le terme semble bien trop grand pour de si frêles épaules. Car les quatre jeunes filles d’Electrelane ne payent pas de mine, elles sont timides, la bassiste est minuscule derrière sa Rickenbacker et on a du mal à croire que derrière le visage de poupée de la guitariste Mia Clarke se cache des velléités de déflagrations soniques. Leur musique n’a elle-même rien de bien folichon à offrir, du moins sur le papier. La rythmique new-wave de la batteuse aux bras raides Emma Gaze ne varie pas d’un iota d’un morceau à l’autre et on ne peut pas dire que la chanteuse soit un modèle de justesse. Et pourtant ce mariage improbable prend toujours et la magie opère, sûrement grâce à une science éprouvée de la mélodie, des harmonies et de la formule accélérations/accalmies. Ce n’est pas le public de ce soir qui le contredira, félicitant le groupe à tout rompre, donnant aux musiciennes des sourires presque de surprise devant cet enthousiasme.

Même agrémentés des morceaux du dernier album plus pop et axé sur les voix, le set est dynamique, l’enthousiasme de l’audience se répercutant sur le groupe donnant le meilleur de lui-même. Il faut dire que le son est bien meilleur que lors de leur concert de l’Olympia en première partie d’Arcade Fire, donnant libre court aux dissonances de la guitare de Mia Clarke.

Le set passe de Birds, morceau pop classique, à U.O.R où les passages apaisés sont striés d’autres frénétiques. Blue Stragger du premier album, et ses boucles de Farsifa envoûtent le public, et les trois extraits lumineux du dernier album confirment sur scène leur beauté. Le rappel achèvera de rentre tout le monde joyeux, avec son On Parade et ses « Hou hou » repris en cœur, pour finir sur une reprise d’I’m On Fire de Springsteen. Mais malgré notre demande insistante, les filles ne reviendront pas, apparemment contre leur volonté.

L’aspect féminin de cette soirée était-il important ? Peut-être pas. Mais le plus important est que les quatre anglaises de Brighton nous aient fourni notre dose de bonheur et un sourire aux lèvres qui ne s’éteindra pas de sitôt.



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