Livres, BD
Fuff#1

Fuff#1

Jeffrey Lewis

par Vyvy le 22 août 2006

4,5

paru en 2004

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Fuff, anciennement Guff, est une jolie illustration des multiples talents de Jeffrey Lewis. Le New-Yorkais s’est fait connaître du public français au travers de ses albums originaux et de son talent scénique indéniable. Mais, avant d’être l’un des plus reconnus représentants de l’antifolk, Jeffrey Lewis a eu pour passion, et ce depuis sa plus tendre enfance, les comic books et le dessin. C’est donc en tant que dessinateur de comic books qu’il commença, avant de se décider, quelques années plus tard, à franchir le pas d’un café de l’Eastside.

Fuff (nouvelle édition de Guff car « trop de séries s’appelaient Guff » (ah bon ?)) n’est qu’une des séries parmi d’autre du prolifique Jeffrey. Comic a public intimiste ; on la trouve en effet seulement sur le net ou auprès de lui même et son groupe après ses concerts, elle se partage entre fiction et autobiographie.

La partie autobiographique qui fait le lien entre les 4 tomes de la série F(G)uff est la narration par Jeffrey de son voyage à travers l’Europe en 1999. Backpacker voyageant léger (un T-shirt, un caleçon...), il débarque à Londres, visite la France, l’Espagne (notamment Barcelone) pour ensuite rejoindre une amie dans les pays de l’Est. On le voit dormir dans des parcs, dans des squats, vendre son art pour vivre (il peint ainsi une vitrine à Barcelone ...). On le voit aussi en prise avec sa première dose d’ecstasy... Voyage initiatique, à l’Europe, au communisme, à certaines drogues, ce passage autobiographique n’est néanmoins pas le seul comic d’intérêt du recueil.

Les fictions, bien plus que les passages autobiographiques, permettent à l’auteur de nous faire entrer, dans son monde personnel. On voit ici un lien réel entre les chansons du new-yorkais et son travail dessiné. La passion pour les zombies, « se nourrissant de cerveaux ce qui apaise la douleur d’être mort », on la retrouve dans l’hilarante If You Shoot The Head You Kill The Ghoul de son opus musical de 2003, It’s the Ones Who’ve Cracked That the Light Shines Through. De même, elles lui permettent de jongler avec la langue anglaise de manière particulièrement réjouissante. Mais là est une de ses plus grandes limites pour le public français. Les comics de Jeffrey, comme ses chansons sont en anglais et intraduisibles. Et pour comprendre tous les jeux de mots, il faut sûrement habiter Big Apple ...

Les liens entre comics et chansons sont encore plus exacerbés par la présence d’un mini-CD gratuit dans Fuff#1. Ce CD comporte une version orale d’une des bandes-dessinées, mais surtout, elle comporte une « Complete History Of the development of Punk on the Lower Eastside, 1950-1975 », hilarante pièce d’histoire musicale ou l’on voit Jeffrey raconter l’histoire des différents groupes punks new-yorkais, en s’arrêtant pour chanter des extraits de leurs tubes. Il commence cette histoire par Harry Smith en 1950 qui cherche « to change America through music was his hope, and to make music because he was broke ». Le new-yorkais présente ensuite deux versions de Waiting For The Man de Lou Reed, une en 65 et 67.

We are from the Lower East-Side, we don’t give a damn’ if we live or diiiiiiiie

David Peel & The Lower East Side

Tout le Punk a été inventé à New York, dans le Lower East-Side, voici la thèse ici défendu... Le Punk, définit comme « crude music that anybody can do without any much musical hability » est new-yorkais. L’antifolk, punk acoustique l’est logiquement de même. Les signes particuliers du punk se sont aussi tous développés à NYC... Le terme punk déjà, inventé par Lenny Kayle... L’irrévencieux ? Lewis explique que MC5 et son « motherfucker » n’était rien à par rapport au travaux de David Peel & The Lower Eastside, antérieur évidemment. L’ouverture au reggae ? Bien avant les Clash, le même David Peel avait fait le pas, à travers un édifiant I Want To Kill You.... Même le style vestimentaire...
Dans cette histoire du punk de la grosse pomme, il n’oublie bien sûr pas les plus connus Patti Smith et New York Dolls, mais choisi de ne pas trop parler des Ramones, expliquant que toutes les autres histoires commencent avec eux, et qu’il préfère parler de l’avant Ramones. S’il faut retenir quelque chose, c’est que NYC a tout inventé... mais « England steals all the credit, that’s how it goes » ...



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