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Hommage à James Brown

Hommage à James Brown

par Nils, Aurélien Noyer, Le Daim le 27 décembre 2006

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Le temps passe, et comme chaque année, Noël arrive avec son lot de réjouissances pour beaucoup... et de déceptions et de chagrin pour d’autres. Cette semaine, James Brown est mort. La plus grande voix de la soul s’est éteinte à tout jamais. Un caractère de cochon, mais un artiste en or qui a marqué plus que son époque. À travers ces quelques lignes, certains rédacteurs de B-Side Rock ont tenu à rendre un dernier hommage au Grand James Brown.

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Nils

Une étoile, pour James...

... quoi que non, James était une étoile, une galaxie à lui-même, celle de la soul music. Le père Noël l’a sûrement pris avec lui sur son traîneau pour lui montrer un monde meilleur, espérons, une étoile a encore quitté la terre pour rejoindre le ciel et bien rigoler en nous voyant nous morfondre dans ce monde au caractère douteux. Lui qui, avec son Sex Machine et I Got You pouvait se vanter de révolutionner le funk, de respirer la Motown et de devenir d’ores et déjà parrain de ce qui va devenir la pop music lancée par Prince ou les Jacksons. Encore aujourd’hui qui ne s’est pas inspiré de Mr Dynamite pour son jeu scénique, ses pas de danse immortels, son énergie infinie et toute son ingéniosité ? Mettons de côté, en ce triste jour, les histoires le concernant qui lui ont valu de défrayer plusieurs fois la chronique. James Brown laissera dans nos petits souliers une trace musicale ineffaçable.

James Brown, it’s A Man’s World.

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Nonoostar

Mort d’un patriarche

C’est étrange. Il y a des gens dont on se dit qu’ils sont immortels. Ils font réellement partie de la vie des gens, on sait qu’ils sont là. Et James Brown était toujours là. La première fois que j’ai entendu James Brown, je devais avoir 6 ou 7 ans. C’était en regardant les Blues Brothers et après l’avoir vu en révérend déchaîné, il était difficile de passer à côté, de ne pas le reconnaitre lorsqu’un extrait de Sex Machine, de It’s A Man’s Man’s World ou de Papa’s Got A Brand New Bag se retrouvait en fond sonore d’une pub... Ce qui arrive encore assez souvent. Il y a encore un an ou deux, je n’étais pas particulièrement surpris d’apprendre qu’il sortait un nouvel album et repartait en tournée, même vieux, c’était toujours James Brown, non ?

Bien sûr, entre-temps, j’en ai appris plus sur lui. Que c’était un tyran, qu’il dirigeait ses musiciens à la manière d’un chef d’orchestre, chaque mouvement qu’il faisait sur scène était un signe pour indiquer à ses lieutenants comment jouer. Et gare au salaire de celui qui se trompait... Mais surtout James Brown était dur. Dur comme il fallait lorsqu’on était un Noir américain qui voulait à tout prix réussir dans les années 50. Dur comme l’ont été Miles Davis et Chuck Berry. Trois styles de musiques (soul, jazz et rock), trois vies similaires et une même volonté de n’en faire qu’à sa tête et d’emmener la musique un peu plus loin. Alors on peut le traiter de salaud, ce qu’il était sans doute, mais peu importe. Tout comme les deux autres, James Brown était un pionnier et l’héritage qu’il laisse est immense. On n’a pas fini d’écouter du James Brown. Et c’est tant mieux...

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Le Daim

L’Amérique est ingrate et n’a jamais vraiment su prendre soin de ses génies... À commencer par James Brown, relégué aux ordures au début des années 80, écrabouillé par le disco qui n’aurait jamais existé sans lui. La traversée du désert commençait pour lui, avec un long arrêt à la station « Enfer ». Alcool, drogue, violence... Prison... Dont il se releva plus ou moins.

Hier, veille de Noël, il a été emporté par une pneumonie à 73 ans. Il n’aura pas, et n’aurait certainement jamais connu la retraite, continuant d’enregistrer et de tourner.

Il faut garder du « Godfather Of Soul » l’image d’un bonhomme débordant d’énergie, une vraie bombe sur pattes, poussant ses musiciens dans leurs derniers retranchements : "Arrêtez ce putain de jazz !"... Brown passait au rouleau compresseur les mélodies et recollait les morceaux pour obtenir du rythme pur. Le rythme de la transe, un groove sexuel... Une musique infernale habitée par Dieu, car profondément enracinée dans le gospel. Une musique à ressusciter les morts que nous sommes.

James Brown, en sueur, la voix déchirée, quittant la scène en titubant, revêtu de sa fameuse cape et pleurant "please, please, please... I love you so"... James Brown bluesman, James Brown showman...

N’oublions pas tout ce que la musique doit à James Brown, et réécoutons le encore et encore pour réaliser que tout ce qui a été fait après lui ne vaut pas et ne vaudra jamais l’œuvre qui l’a inspiré.

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