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mercredi 15 avril 2015
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par Cypher le 28 novembre 2006
Paru en 1987 (Bondage) ; réédité en 1991 (Crash Disques)
Ce n’est pas une figure de style que de qualifier Ludwig de monument du rock alternatif français, plus de quinze ans d’activisme, huit albums, plein de maxis, un nombre incalculable de concerts. Mais aussi et surtout, un esprit, ce rock festif, voire débile, ces concerts animés à grand renforts de confettis et déguisements, cet humour décalé. La formation n’a pourtant rien de particulièrement originale à la base : guitare, basse, boite à rythme, celle de tous les groupes de punk rock de l’époque, avec des cuivres pour faire semblant de varier par moments. Houlala deuxième du nom est donc peut être pas le meilleurs albums des Ludwig (ils sont de toute façon trop variés pour que l’on puisse tenter une quelconque comparaison), mais c’est peut être l’un des plus représentatifs, puisqu’on y retrouve certains des morceaux qui ont fait la renommée du groupe.
Ce disque commence donc en fanfare par une Intro Dramatique, pas un morceau à proprement parler, mais le ton est donné : c’est con, très con, est c’est là tout le bonheur de ce groupe. Après une deuxième intro - quand y’en a plus, y’en a encore - le premier "vrai" morceau démarre enfin ! C’est certes basique (trop dirons certains) mais efficace, une fois encore. Une boite à rythme faisant office plus de métronome qu’autre chose, un riff ou deux tout le long du morceau, des refrains entraînants, le ton est donné. Les morceaux s’enchaînent, les styles changent, on retrouve du reggae, du ska, et même de la musique médiévale, avec une nette préférence pour le punk rock tout de même. Quelques morceaux plus ou moins inutiles pour rester dans le ton de l’album, des conneries, telles qu’Un Cri Inutile Sur Un Disque Inutile, un cri de dix secondes qui fait office de morceau. Bref on retrouve de tout et n’importe quoi (surtout n’importe quoi ?) mais néanmoins entraînant, rythmé, on se retrouve rapidement à chantonner l’air ou le refrain.
Les paroles sont fidèles à l’esprit du groupe : le grand n’importe quoi, tout est prétexte à faire une chanson chez les Ludwig, tant que ça peut être marrant. Pas mal de textes tiennent donc de la simple plaisanterie, comme Le Manège Enchanté inventaire de drogues plus ou moins dures (thème récurrent sur tous les albums suivants), ou encore Louison Bobet, sur le coureur cycliste du même nom. Cependant Ludwig n’en reste pas moins un groupe de punk, et on retrouve donc le lot de textes engagés même si le ton reste dans la dérision, lorsque l’on parle de la guerre dans Monsieur Pif Paf, de végétarisme dans William Kramps, Tueur De Boucher (enfin, j’ai l’impression que c’est ça, mais je n’en suis pas sûr pour le coup).
Le tout nous est enfin servi avec un beau livret en dessert, des photos, des dessins en rapport avec les paroles, une vision assez personnelle de l’histoire du monde, et toujours avec cet humour omniprésent qui fait le charme du groupe. Et enfin, comble du bonheur, l’album ce voit désormais agrémenté d’une réédition d’un vieux maxi, soit huit titres de plus (dont deux remix de morceaux de l’album) ainsi que cinq morceaux lives et un outro, soit trente-deux titres contre dix-neuf à l’origine, que demande le peuple ?
Pour conclure, même si cet album n’a sûrement pas constitué une révolution musicale, il n’en reste pas moins un îlot de bonne humeur sur la vague résolument plus sombre des groupes alternatifs de l’époque (Haine Brigade, Bérurier Noir, Guernica...). Ce disque aura donc une place de choix dans la discothèque de tout amateur de rock alternatif français, voire même des autres, par l’originalité conférée par l’humeur décalée de ce groupe au sein d’un mouvement, ou, il faut bien le reconnaître, les albums se ressemblent quand même cruellement !
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