Sur nos étagères
Icky Thump

Icky Thump

The White Stripes

par Lazley le 4 septembre 2007

3

sorti le 18 juin 2007 (Xl recordings)

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On en pleure d’émotion dans les maisonnées, on en remercie St Jimi et Notre - Page - Le - Sauveur : Jack White le troisième se serait remis à la guitare ! Terminé, les coups foireux, le brouillage radar clavier/Marimbas de Get Behind Me Satan , envolée l’escapade Northern Songs pop des Raconteurs, l’Airline Res-O-Glas piaffe, gronde et dévore les planches miteuses de son box, guettant le signal de son géant blême de toréro. Enfin, rentrent au bercail les glorieuses pachydermies qui firent la gloire du Satisfaction des années 2000, cette armée des sept nations au pavoi rougeâtre !

Avouons-le tout net : on y a cru, à ce charabia (version chantilly des commentaires précédemment lus sur le présent album). On a sauté dans les bras du grand Jackie comme dans ceux d’un père disparu depuis trop longtemps, on a gentiment pleurniché devant la moue toujours plus sournoisement réjouie de Miss Meg, on a fait oooh et aaaah devant la pochette du nouveau-né, ses perles et son noir-et-blanc. Gageons qu’il y avait de quoi s’enhardir : un album des White Stripes, ces proclamés champions du rock nouveau (maintenant que Casablancas joue du casio chez Josh Homme, que Barât rumine son passé/présent dans sa bière...), ça fait toujours son petit effet, et pas uniquement dans le cercle ultra barbelé des chroniqueurs snobinards (dont, après réflexion, votre serviteur fait partie) ! Et puis, la joie aidant, on a investi, placé du CAC (Confiance Ardue en un Cd) dans cet Icky Thump , et potassé sincèrement, surmultipliant les écoutes à n’en plus finir.

De sorte que subsiste désormais (sensation similaire à celle post-première approche) un tas de points d’interrogations, exclamations et autres yeux exorbités que l’on pourrait hasarder à synthétiser sous la forme suivante : Problème.....GROS problème.....ça cloche, ça foire, ça merde quelque part....mais où ? Synthèse réductrice (oh le beau pléonasme !) et fort peu professionnelle, on en conviendra.

Donc : Icky Thump pose problème. A défaut de méthode infaillible pour débusquer l’accroc (n’est pas Thiellement qui veut !), procédons (banalement) par élimination.
Le talent fondamental de White pour le songwriting n’est pas en cause ; maîtrisant toujours à merveille la rime à tiroirs, sans rival aucun pour hérisser la fragile love song d’élans preachés (rockovangéliste se roulant possédé aux pieds soyeux de sa belle sur le départ), la fraîcheur du verbe ne déçoit pas sur ce recueil . Le beat volontairement sommaire de Mademoiselle remplit son rude contrat sans embages : fracas mécanique de cymbales, nonchalance métronomique , tout reste impeccable. Même l’embourgeoisement , qu’il est toujours prudent de craindre venant d’un groupe à succès fêtant ses dix ans cette année, n’a toujours pas droit d’asile dans la grande chapelle bicolore du grand brun de Memphis (Detroit, c’était avant).

« Alors ? Des suppositions, Charolles ? »

« Une, patron , mais dure à énoncer (surtout lorsqu’on suit avec intérêt le trajet du duo depuis quelques temps) : Jack n’est pas si fort que ça. Il n’est pas ce dont notre binaire a VRAIMENT besoin depuis des années, ce réinventeur sans répit des canons de la chanson, déchirant les codes de la pop music pour en faire son terrain de jeu géant. Je veux dire, voilà un type qui se trouve sur le toit du monde rock actuel, vénéré par une génération entières de jeunots, qui lança il y a peu un bras d’honneur retentissant à ses fans garage ( Get Behind Me Satan , génial chemin de traverse, quoi qu’on en dise)... Et qui continue à persévérer avec ses foutus T.O.C. déférents ! »

« Mmmmh .... Plutôt léger. Etaye, Charolles, étaye ! »

« Ben patron, ça se voit non ? Depuis le premier Stripes, on savait que White était un de ces ultras, de ces mordus du Delta Blues et de la plus originelle des country. Jusqu’à White Blood Cells , ça pouvait passer : le manque d’expérience, les moyens sommaires, tout ça excusait Jackie, mais pas jusqu’à pardonner ce Prickly Thorn, But Sweetly Worn/ St. Andrew (This Battle Is In The Air) et son folklore douteux, ou la scie belouze gavante 300 M.P.H.Torrential Outpour Blues . Tradition je veux bien, mais merde, à la longue Son House ça use ! »

« Aaah Charolles, mais réfléchis un peu ! Tu voudrais que White, maintenant que ses poches rouges et noires sont bourrées de billets, renie ses origines et se rachète le studio 3457 pistes de Björk ? Tu sais bien qu’une des grandes réussites de notre lascar, c’est sa façon de réactualiser sans problème aucun le son des disques de nos aïeux, et avec du matos que n’importe quel producteur actuel jetterait à la casse ! »

« Le son, patron, j’saurais pas gueuler contre ... Honnêtement, des morceaux comme I’m Slowly Turning Into You (aah, ces bourdons distordus zébrant l’orgue pointilleux !), Conquest ou Little Cream Soda hérissent toujours les intestins ; voyez, la mam’selle Airline, quand elle régurgite ces monceaux de fuzz aérodynamiques, ben elle me fait encore grand’ment de l’effet, pour sûr ! Mais ça m’ôte pas la sale anguille de gêne qui me court dans le dos chaque fois que je me remets c’t’album. Vous avez essayé de vous farcir You Don’t Know What Love Is (You Just Do As You Told) ? On dirait une chute d’un album de mauvaise pop country, avec son refrain niais.... oui, là plus question de parler d’ « innocence », ou de « fraîcheur », c’est vraiment NIAIS ! Et ce Rag & Bone convenu, au riff plat comme le dernier Clapton... Etrangement, Effect & Cause échappe au carnage, je saurais pas trop vous dire pourquoi ...P’t’êt’ bien son côté « pastiche du Country Honk stonien », allez savoir ! »

« Fiston, je te trouve bien rageur soudainement ! Tu m’as l’air de prendre tout ça personnellement, me trompé-je ? »

« Ah ça patron, je vais pas vous mentir, cet Icky Thump me file une colère pas possible ! J’arrive tout simplement pas à comprendre comment quelqu’un qui est capable de composer un truc comme Icky Thump (le morceau), avec ces ruptures de rythme, ce dilemme guitare/ mini synthé sublime et ces envolées vocales d’un autre lieu, puisse sur le même album recycler son vieux credo minimaliste ( Bone Broke ), sans que ça décolle une seule fois ! Et Conquest , tiens ! Savez quoi, patron ? J’suis sûr que c’est pas le même type qui a accouché de cette merveille post-mariachi que celui qui a commis l’ennuyeux Catch Hell Blues ! C’est des signes qui trompent pas, White est mort pendant la tournée des Raconteurs ! »

« Euh, Charolles, tu t’emballes un peu là... »

« Non non, Benson et Meg ont dû passer un pacte, et choisir le sosie idéal parmi une foultitude de candidats ! Ca pue l’histoire de gros, tout ça... D’ailleurs, je suis intimement persuadé que si on passe St Andrew à l’envers, tout en se mettant les doigts dans le nez, on doit entendre quelque chose comme une voix de brunette espiègle déclamant « répétez après moi, Jack est vivant et génial, vivant et génial, vivant et génial... » ! »

« Mouais, l’est connue ton histoire, fiston.... Mais assez de divagations ! Si tu veux mon avis, ton chagrin débordant perturbe ton flair poulaga, bonhomme ! Si j’en crois mon instinct de professionnel, tu viens de tomber dans un piège facile tendu par les ignobles détracteurs de ce pauvre White, pourtant génial de naissance ! Du coup, te voici incapable de discerner la perfection qui jaillit de chaque instant d’ Icky Thump , griffant l’âme jusqu’au moindre de ses silences ! »

« C’que c’est beau c’que vous dites, patron ... Vous savez quoi, vous avez sûrement raison, j’arrive pas à me calmer et voir les vrais coupables... N’empêche, c’que vous êtes fort, dites ! »

« C’est l’métier, fiston, c’est l’métier.. Et à présent, en ture vers de nouvelles avenroutes ! »

Ramblin’ Man remercie l’aimable soutien de l’inspecteur Bougret et de son associé Charolles, limiers éclairés comme on en fait plus .



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Tracklist :
 
1. Icky Thump (4’14")
2. You Don’t Know What Love Is (You Just Do As You Told) (3’54")
3. 300 M.P.H. Torrential Outpour Blues (5’28")
4. Conquest (2’48")
5. Bone Broke (3’14")
6. Prickly Thorn, But Sweetly Worn (3’05")
7. St. Andrew (This Battle Is In The Air) (1’49")
8. Little Cream Soda (3’45")
9. Rag And Bone (3’48")
10. I’m Slowly Turning Into You (4’34")
11. A Martyr For My Love For You (4’19")
12. Catch Hell Blues (4’18")
13. Effect And Cause (3’00")
 
Durée Totale : (48’22")