Sur nos étagères
Inside In/Inside Out

Inside In/Inside Out

The Kooks

par Béatrice le 11 avril 2006

3,5

paru en France le 3 mars 2006 (Labels/Virgin/EMI)

Diminuer la taille du texte Augmenter la taille du texte Imprimer l'article Envoyer l'article par mail

Compte tenu de l’immense marée de "next soon-to-be-forgotten big things" qui submerge les côtes britanniques et, avec quelques mois de décalage, une bonne partie de nos rivages, on peut être tenter d’abandonner la plage, et de se réfugier dans le confort et la sécurité des valeurs sûres... Et il faut avouer que dans beaucoup de cas, on n’a pas tort. Mais, après tout, il peut aussi y avoir un beau poisson au milieu du banc, et il serait dommage de le rater simplement parce qu’il est noyé dans la foule. Donc... on continue à suivre, certes parfois à la longue vue, l’évolution des vagues et des courants, des fois que. Et c’est comme ça qu’on se retrouve avec le premier album d’un groupe originaire de Brighton entre les mains, et qu’on s’apprête à le mettre dans la platine en se renseignant un peu sur le compte des quatre jeunes hommes qui le composent. Le groupe s’appelle donc The Kooks, référence assez ostentatoire à l’album Hunky Dory de Bowie, ses membres sont effectivement bien jeunes, et clament haut et forts qu’ils ne veulent pas se limiter à un seul style, ont tout plein d’influences différentes et n’ont pas cherché à faire un album homogène et uniforme, mais varié et empruntant autant au reggae qu’au folk. Programme pour le moins ambitieux...

Inutile de préciser qu’avec ça, on ne sait pas vraiment à quoi s’attendre au moment où on pose le CD sur la platine. Tout cela pourrait en effet s’avérer très réussi et agréable, tout comme se terminer en rouet inconsistant d’influences un peu trop hétéroclites... Mais le premier titre, Seaside, petite ballade classique et naïve, efface en moins de deux minutes toute trace d’inquiétude : certes, ça n’a pas l’air d’être de la première originalité, mais c’est en tout cas sacrément bien goupillé. En plus de cela, le son est impeccable, contrairement à ce qui se fait chez les amateurs de bananes gelées. Et c’est avec un grand sourire qu’on poursuit l’écoute de l’album, qui dans l’ensemble, se maintient au niveau du premier titre (voire au dessus, parfois). Car les Kooks vont chercher un peu à droite et à gauche, et n’ont pas peur d’enchaîner une petite pop song tendrement mélancolique avec un brulôt punk rock enragé, ou de commencer un titre par des sonorités bluesy pour le terminer en envolée évoquant assez fortement U2 ou les Killers, comme sur Time Awaits... Alors, ça ne marche pas toujours aussi bien que prévu, et le Time Awaits en question demeure assez bancal, mais la plupart du temps, c’est une réussite, et on passe d’un style à l’autre presque sans apercevoir. La plus grande majorité des chansons s’avèrent, dès la première écoute, d’une efficacité redoutable, et le sont toujours autant à la 25ème. On se surprend ainsi à agiter la tête sur les sauvages et décoiffantes See The World, Eddie’s Gun ou If Only, à reprendre les refrains de Sofa Song ou Naive, et à se tortiller au rythme de la funky Matchbox. Mais c’est encore sur quand ils ralentissent le tempo et diminue les distorsions des guitares que les Kooks se montrent les plus doués : difficile de résister à la mélancolique et chaloupée Ooh La, à l’enjouée She Moves In Her Own Way qui rappelle immédiatement les Zutons, et encore plus à l’ensoleillée Jackie Big Tits...

Les chansons sont de facture classiques, mais il indéniables que les quatre garçons ont parfaitement intégré les leçons des Beatles ou de Dylan- et savent donc comment constuire un refrain irrésistible. D’autant plus qu’ils maîtrisent leurs instruments avec suffisamment d’aisance et de subtilité pour ne pas se contenter de rythmiques taillées à la hache, et que la production de Tony Hoffer, presque trop impeccable, fait ressortir leur habilité de caméléon à embrasser un style puis un autre avec succés. Le résultat, c’est que l’album, sans être des plus originaux ni de plus innovateurs, s’écoute d’une traite sans qu’on s’ennuie et respire véritablement la fraîcheur. Et même s’il y a quelques passages un peu plus faibles (notamment les deux dernières chansons, qui peinent un peu à tenir la comparaison avec les précédentes), l’ensemble constitue une telle collection de pop songs comme seuls les anglais savent les faire, qu’on se dit qu’ils ont bien de quoi en extraire des singles jusqu’à avoir terminé leur prochain album...



Répondre à cet article

modération a priori

Attention, votre message n'apparaîtra qu'après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici
  • Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom



Tracklisting :

01. Seaside (1’40")
02. See The World (2’38")
03. Sofa Song (2’14")
04. Eddie’s Gun (2’14")
05. Ooh La (3’30")
06. You Don’t Love Me (2’35")
07. She Moves In Her Own Way (2’50")
08. Match Box (3’11")
09. Naive (3’26")
10. I Want You Back (3’26")
11. If Only (2’01")
12. Jackie Big Tits (2’34")
13. Time Awaits (5’08")
14. Got No Love (3’40")

Durée totale : 41’07"