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J'Irai Chier Dans Ton Vomi

J’Irai Chier Dans Ton Vomi

Métal Urbain

par Arnold le 30 janvier 2007

3

sorti le 6 novembre 2006 (Exclaim)

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Observons aujourd’hui un jeune groupe qui a publié il y a peu son premier album... Bon d’accord, il est pas si jeune, mais il s’agit quand même de son premier album. J’ai cité Métal Urbain. Ce groupe qui rempli des salles de 6000 places outre-Manche et outre-Atlantique est quasiment inconnu au bataillon dans son pays ingrat d’origine, si ce n’est de quelques aficionados de la scène alternative keupon de la fin des années 70 - début 80.

La bande d’Eric Débris, de Clode Panik [1] et d’Herwann Scwhartz débarque en 1976 avec un son explosif et corrosif. Le groupe prodigue un punk original à base de boîte à rythme, de synthés et de samples, qui ne récolte pas vraiment un franc succès à travers l’hexagone mais plutôt un franc mépris. Il faut dire aussi que le parole très crues sont purement punk : nihilistes, misanthropes, anarchistes... Peu étonnant que cela ne plaise pas à la France de papa sous Giscard. En revanche le groupe rencontre le succès en Angleterre, notamment chez John Peel. Le groupe est alors le premier à être signé chez le naissant et désormais mythique label Rough Trade et sors quelques singles durant les années 1980 tels que : Hystérie Connective, Anarchie Au Palace, 50/50, Crève Salope [2]... L’electro-punk est né. Le groupe se forge une réputation, et un public de fidèles parmi lesquels les futurs Jesus And Mary Chain en Angleterre et Bérurier Noir en France. Mais le temps passe, le groupe se lasse et se dissout en 1987. Bilan de leur carrière : beaucoup d’excellents singles... mais aucun album.

Le groupe se reforme finalement en 2003, tourne un peu partout, se fait plaisir et décide de sortir un album qui voit finalement le jour en novembre 2006. La pochette très charmante affiche un globe terrestre dans des chiottes bardées de rayures rouge-sang (symbole esthétique du groupe) avec un titre tout aussi poétique : J’Irai Chier Dans Ton Vomi ! Évidemment, après les bons titres pondus en singles vingt ans auparavant, il va de soi que l’opus du groupe fait l’objet d’une attention particulière.

Le résultat est là, il se tient. Métal Urbain signe un très bon album punk. Bon, je passerai vite fait sur les accords de guitares limités et les mélodies si tant que l’on puisse parler de « mélodie », il s’agit plutôt de chant-parlé... encore que « scandé » serait plus adéquat. Mais je m’égare. Ce ne sont pas vraiment des élément pertinents sur un album punk. Attachons-nous plutôt aux textes et surtout au fait qu’il s’agit de Métal urbain. Avec le passif du groupe, on est en droit d’attendre quelque chose à la hauteur du nom.

Là, il y a plus matière à débattre. Les morceaux sont particulièrement efficaces et énervés, les parties de guitares savent se renouveler malgré le stock limité d’accords. Mais il manque un truc. Il manque le côté electro du punk de Métal Urbain. Tout de même un peu gênant pour les pères du mouvement. Certes on peut évoluer, il n’est pas forcément judicieux de se cantonner à un style toute sa vie, mais bon quand même. Oh bien sûr il y a bien des petites parties de synthés ici ou là, généralement sur les intros. Il y a bien aussi la fameuse boîte à rythme, mais les guitares saturées prennent parfois trop le pas sur le reste. Ça fait un peu minimum syndical. On a dit Anars, pas syndiqués, merde ! Bon, trêve de mauvaise foi : les quelques démos qui clôturent l’album rattrapent un petit peu le coup et le groupe semble se faire plaisir sur une reprise de Noir Désir.

Pour ce qui est des textes en revanche, le groupe est à la hauteur de ses vieux tubes. La plume est toujours trempée dans l’acide et maniée avec brio. Métal Urbain a ça pour lui : des textes qui sont parfois d’une violence inouïe, mais toujours bien écrits, avec un ton cynique. Le groupe n’a pas vraiment changé ses thèmes de prédilection et l’album tourne de la culture de masse (Change De Chaîne) et du pouvoir qui la maitrise (Sinistre). Ils soulignent le délire consumériste (Logotomie) et la mondialisation à outrance (Clichés Sous Développés). Mention spéciale tout de même au titre éponyme où le groupe brocarde un animateur télé très vertement. C’est assez jouissif.

Le premier album de Métal Urbain reste tout de même un bon album punk. Malgré leur âge, Eric Débris et Herwann Schwartz dépotent toujours autant et n’ont rien à envier à l’énergie de leurs cadets. Le disque se laisse donc écouter sans problème, on y prend même beaucoup de plaisir malgré la légère frustration de ne pas retrouver l’exact son d’antan.

En attendant la suite, je vous laisse méditer sur ces quelques mots pleins de sagesse :

J’irai chier dans ton vomi
Pour t’apprendre la poésie
Héritier pathétique
Tu vas bouffer tes privilèges
Une poussée d’adrénaline
Tu vas regretter d’être né
Pas de pardon et pas d’excuses
J’irai chier dans ton vomi.


[1Clode Panik, premier chanteur du groupe, le quitte en 1978 pour des divergences et en réaction à l’industrie musicale (voir le Myspace de Clode Panik)

[2aux textes brillants de finesse et de poésie

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Tracklisting :
 
1. Change De Chaîne (3’20")
2. Hello Hello (3’34")
3. Logotomie (3’04")
4. J’Irai Chier Dans Ton Vomi (3’36")
5. Tourner En Rond (3’09")
6. Sinistre (3’29")
7. Mon Ame Au Diable (2’41")
8. Inventer Ta Vie (2’41")
9. Clichés Sous Développés (3’15")
10. Ici C’Est La Guerre (2’53")
11. Carnaval (3’59")
12. Envoyez La Dose (5’02")
13. Hello Hello (Bonus Démo) (3’37")
14. Clichés Sous Développés (Bonus Démo) (3’21")
15. Carnaval (Bonus Démo) (3’55")
16. J’Irai Chier Dans Ton Vomi (Bonus Démo) (3’59")
17. L’Homme Pressé (Bonus Démo) (3’37")
 
Durée totale : 59’02"