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mercredi 15 avril 2015
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par Psymanu le 16 janvier 2007
paru en novembre 2005 (Siderecords)
Shivaz est un groupe de sept ans d’âge qui publie son premier LP au terme de sa cinquième pige, au titre évocateur de folie et qu’on espère prémonitoire quant au contenu du skud.
Ce qui surprend dès Des Elles, c’est l’accord, ou plutôt le désaccord entre un heavy metal incisif tendance punk rock et un certain maniérisme dans le chant. On sent que la voix est là pour tenter de donner de la finesse à l’ensemble. Mais c’est raté. Oh, pas de beaucoup, mais il faut reconnaître que ce texte dédié à la gent féminine (avec ce couplet à faire peur : "À celles que que l’on appelle Maman, celles qu’on n’a jamais trop aimées, je voudrais toutes vous embrasser"), et le manque d’originalité dans la façon dont il est interprété plombent quelque peu le décollage. Il y a trop d’application, peut être, en tout cas la spontanéité nécessaire à ce style pour vraiment enflammer les foules s’est taillée, déjà. C’est dommage, parce que Battre L’Enfer, qui fait suite, jouit d’un riff plutôt efficace.
Finalement, ce morceau prend sa dimension lorsqu’il se fait hurlant et se dépare d’un lyrisme feint qui ne sied, encore une fois, pas tellement à la violence de la musique de Shivaz. Grain De Sable est un hymne à la maladie mentale qui fait son petit effet, même si à nouveau il manque l’étincelle, l’imperfection qui fera cesser cette impression que le groupe est tellement concentré sur ses partitions qu’il omet d’avoir un regard pour son auditoire, afin de lui permettre de vibrer avec lui. Ca tourne un peu à la valse, par instant, sur le refrain, mais ça ne danse pas, ça ne se danse pas. La Plage, par exemple, est une bonne idée quant à son thème. Une dénonciation de la société de consommation, mais focalisé sur le comportement vacancier, ça ne s’est jamais entendu, et a priori ça peut faire sourire, c’est pourquoi on regrette que le groupe n’ait pas voulu insuffler une plus grande note d’humour, de burlesque, pour souligner l’absurdité de nos petites habitudes. Encore un constat sociétaire sur la chanson titre, Kamizol, donc. Pessimiste, oportuniste. Et mon Dieu, que de clichés. Et ce sentiment qu’au fond, Shivaz est un groupe pop-rock dans la mesure où ce qu’il donne à entendre ne dépareillerait pas la playlist d’RTL2.
La subversion s’accomode mal des formats, et c’est bien le formatage qui guête nos gaillards. C’est d’autant plus regrettable qu’on leur sent le potentiel pour s’élever bien plus haut, mais plus loin des sentiers battus par les bonnes manières. Y a plein de jeux de mots sur Comme Un Serpent, aux allusions sexuelles non déguisées. C’est un peu nawak, ça accélère, ça ralentit, et finalement ça marche vraiment bien, on dirait que ça tangue, vers l’avant, vers l’arrière, ça trépigne, trépide parfois, et on a envie de bouger la tête, ce qui est bon signe. Le Voile tente la mélancolie un brin rageuse, le son est âpre, et là aussi ça passe bien même si l’on peut regretter un léger excès de bavardage qui gène parfois la transe. Minuit Corse est peut être le titre le plus réussi, déjà par sa rythmique vraiment entraînante, et ensuite parce que les vocaux constituent un appui, davantage qu’un moteur, et prennent alors paradoxalement toute leur empleur. C’est la basse qui chante sur Des Mots et complémente le mieux les mots. Sobrement, doucement, mais joliment. Shivaz parvient enfin à instaurer une atmosphère sur les passages lents, et conclue à merveille ce premier effort. Enfin, non, en fait ça n’est pas fini : un bonus track (OPAYA) un peu ragga plein de fun pointe le bout de son nez et nous laisse partir sur un sourire franc, et avec l’envie de suivre d’un oeil bien ouvert l’avenir du combo.
Kamizol est un disque qui manque de folie, un peu trop carré, mais qui laisse entrevoir, si le groupe consent à se lâcher, un avenir prometteur, et notamment en live où les brides devraient se disloquer pour donner libre court à toute l’énergie qu’on les sent capable de délivrer.
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