The whole place is dark

Every light on this side of the town

Suddenly it all went down

C’est par ces mots que Jason Molina entame Farewell Transmission, chanson probablement la plus emblématique de l’album. En solo, avec Songs : Ohia ou avec Magnolia Electric Co, le songwriter écume les clubs et les bars des États-Unis puis de l’Europe depuis une bonne dizaine d’années. Originaire de Lorain, dans l’Ohio, Molina s’essaie d’abord à la basse au sein de divers groupes de heavy metal aux environ de Cleveland. Avant de se lancer en solo dans un tout autre registre, qui oscille entre le rock indépendant et la folk. En 1996, le premier single du projet Songs : Ohia voit le jour sous l’étiquette Palace Records : Nor Cease Thou Never Now. Le premier album homonyme sort l’année suivante. Jason Molina multiplie les collaborations diverses, notamment avec Arab Strap et My Morning Jacket.

L’année 2003 est un tournant. Magnolia Electric Co. marque à la fois la fin de Songs : Ohia et le début d’un nouveau projet. L’album est produit par Steve “je suis partout” Albini et offre un panomara musical totalement différent de ce que Molina avait produit auparavant. On a ici à faire à du rock, pur et dur, qui a ainsi pu rebuté pas mal de lofistes invétérés qui ont l’habitude de se pignoler sur n’importe quel bobo ricain, armé d’une guitare folk. Tout au long de l’album, le talent d’écriture du chanteur sied parfaitement à l’atmosphère rocailleuse mais néanmoins chaleureuse du disque. Qu’elle soit voulue ou non, la filation à Neil Young est évidente. Et c’est tant mieux. Car il vaut mieux faire penser à du bon Neil Young qu’à du mauvais Cohen. Chaque morceau de Magnolia a été enregistré live, d’une seule prise. Brut et efficace. Sans pour autant être baclé ou improvisé. La mélancolie transparaît ainsi durant ces trois quart d’heure. Et Scout Niblet vient même pousser la chansonette sur Peoria Lunchbox Blues. L’énergie sincère déployée ici est bien évidemment une des forces de l’album. Car il faut voir comment le groupe retransmet toute cette énergie en concert, en donnant aux différents morceaux une nouvelle texture tout en conservant cet aspect instantané et mélodieux.

Par la suite, Jason Molina réalise deux albums solo (Pyramid Electric Co. et Let Me Go, Let Me Go, Let Me Go). Magnolia Electric Co. a sorti son dernier effort en 2006 (Fading Trails). Ils continuent d’écumer les petites salles d’Amérique et d’Europe et ce statut semble leur convenir parfaitement...

The real truth about it is no one gets it right

The real truth about it is we’re all supposed to try

There ain’t no end to the sands I’ve been trying to cross

The real truth about it is my kind of life’s no better off

If its got the maps or if it’s lost

We will try and know whatever we try ; we will be gone but not forever