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mercredi 15 avril 2015
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par one minute in the dream world le 9 février 2010
paru en 1995 (Roadrunner)
Ayant baigné dans cette scène française des années quatre-vingt dix, fort riche et au sein de laquelle se distinguèrent d’excellents groupes, il m’est aujourd’hui impératif, incontournable, d’évoquer les Skippies et ce Massive de tout premier ordre. Après un premier album pop-grunge produit par Harvey Birrell, à qui l’on doit entre autres le Nurse des Irlandais de Therapy ?, les rennais se surpassent et, aidés par Martin Bisi ( les early Sonic Youth, dont le fabuleux Evol eh oui, ni plus ni moins !), nous sortent là un album complet, rempli de standards noise, rock et grunge.
De Sonic Youth, le groupe tire juste le côté noisy, légèrement déconstruit et pour le reste, tout est bien évidemment du à leur talent. De surcroît, ils s’offrent les services de Rémi Saboul (Drive Blind) à la guitare sur le terrible Massive, ce qui ne fait que donner plus de poids et d’assise, encore, à leur son. Ils malmènent les mélodies, les noient dans des couches de guitares, ou les exaltent quelques instants pour ensuite à nouveau les ensevelir. Ils jouent également sur les voix, qui vont du registre posé à la furie sans problème et s’avèrent captivantes également lorsqu’elles sont entremêlées, tandis que la rythmique, carrée et débridée, suit le même chemin. On est donc là hors des sentiers battus, les rennais étant de ceux qui refusent la facilité et toute démarche délibérément commerciale, et ça tombe bien, c’est justement ce qu’ils font le mieux.
Dès Dream On, à la fois lourd et enlevé de par son rythme, leur son fait mouche, les guitares torturées nous vrillent délicieusement les tympans et les mélodies nous enchantent, puis Go Go Suckers, vindicatif et appuyé, pour moi le « tube » de cet album, en tout cas l’un des titres-phares (et il y en a sur ledit disque) vient confirmer la bonne impression du début, vivement aidé en cela par un Insulted fonceur et massif, ce qui décidément est le mot d’ordre chez les bretons. Il y a même un côté Helmet sur ce disque, dans cette lourdeur pleine de groove, ce que vient… contredire Roll, léger, presque aérien, et qui assure parfaitement le contrecoup des trois compos précédentes. Et comme les petits intermèdes délirants permettent de souffler un peu, on tient là l’album noise idéal. Idéal comme la gratte du sieur Saboul sur ce Massive déchiré par ses giclées acides made in Montpellier, ou comme ce Wreck aussi lourd que mélodique, ou encore un Trouble Maker aux six-cordes cette fois virevoltantes à la Welcome To Julian, autre groupe significatif de cette époque. Et des titres comme ceux-ci, trépidants, mélodiques et puissants, vous en avez encore quatre du même tonneau, tel Hypocondriac compact et rapide, Boring qui n’aurait pas dépareillé sur le premier album World Up et devant lequel Andy Cairns de Therapy ? aurait verdi de jalousie. Ou plus loin, Never Get Bored introduit par une basse démente et ce chant asséné appuyé par des grattes… massives, y croirez-vous ? Et pour finir, Sorry About, dévastateur, gorgé de grattes excitées.
Ce qui fait qu’au bout du compte et de ce Massive parfait de bout en bout, on se pose bel et bien la question de savoir si on ne tiendrait pas là la meilleure alternative au fabuleux Be A Vegetable des légendaires Drive Blind. Un des meilleurs albums français jamais sortis dans ce registre, en tout cas, et également un groupe de scène plus que convaincant.
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