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Medi And The Medicine Show

Medi And The Medicine Show

par Arnold, Giom le 20 décembre 2005

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Nous avons pour la première fois rencontré Medi alors que celui-ci venait d’assurer la première partie des explosifs portugais de Wraygunn, un soir de novembre au Nouveau Casino. Notre réaction fut enthousiaste car le jeune homme semblait habité par sa musique comme d’autres pourraient l’être par leur fiancé(e) ou leur animal de compagnie. Nous avons bien dansé sur ses compositions blues-rock ou sur sa reprise du mythique I Can’t Explain des Who. Quelques semaines plus tard, alors que la sortie de son premier album est prévue pour mars, Medi acceptait de remplir la bande de la cassette de notre dictaphone. Appuyons sur « play » :

B-Side Rock : Ton album sort en mars, es-tu un peu nerveux avant le « lancement » de ta carrière ?

Medi : Le mot carrière me gêne un peu. On peut dire que je l’ai commencée à 13 ans avec mon premier concert à Nice. Mais c’est vrai que c’est un début. C’est le début de quelque chose mais sûrement pas le début de tout. En tout cas l’histoire de cet album a commencé il y a un bon moment mais maintenant avec le disque, c’est comme si les choses se concrétisaient et qu’on donnait du crédit à ce que j’ai fait pendant toutes ces années. Mais c’est assez excitant, c’est le bon speed.

BS : Et comment as-tu commencé ?

M : Par la batterie, j’ai commencé à en jouer à 13 ans, tout seul dans ma chambre. Je participais à la tournée mondiale de Led Zeppelin (rire). Ensuite, j’ai été dans des groupes, on faisait des concerts dans les bars du vieux Nice. Mes parents me suivaient car légalement, c’était obligatoire. J’ai commencé à chanter à 18 ans quand, un jour, le guitariste/chanteur d’un des groupes est arrivé en retard à un concert et qu’il a fallut le remplacer. J’ai donc lâché la batterie à ce moment là, pour chanter, et puis, quand on veut écrire des chansons, la batterie, c’est pas le top. Je me suis donc mis à la guitare puis ensuite à d’autres instruments.

BS : Et y-a-t-il eu un moment précis où tu as pris conscience que la musique marquerait ta vie et que tu serais musicien ?

M : Je n’en ai vraiment jamais douté, ça a toujours été là. Il faut savoir que mes parents m’ont toujours soutenu puisque la musique fait partie de leur vie. Je suis par exemple né en musique sur du Keith Jarrett à l’hôpital de Grasse, un hôpital assez éloigné de Nice mais où on pouvait accoucher en musique. À quatre ans, on m’a dit : « Tiens, voilà une batterie, amuse toi ! ». donc, ça a toujours été un hobbies, mais je me rappelle d’un repas avec des amis de mes parents quand j’avais 12 ans où il y a eu cette fameuse question des adultes à table : « Alors Medi, qu’est-ce que tu veux faire dans la vie ? » J’avais alors répondu « batteur » et tout de suite, j’ai eu le droit à la question fatidique : « Oui, mais alors, et tes études ? » Et bien, j’ai fais des études de batterie. Enfin, quand on me pose cette question de quand est-ce que j’ai pris conscience de vouloir devenir musicien, j’essaye d’y répondre mais je dois bien avouer que je ne m’en suis jamais vraiment rendu compte.

BS : Et tes influences musicales, qu’est-ce qui a bercé ton enfance ?

M : La première chose, c’est le blues. Il y avait des vinyles de blues dans toute la maison et j’écoutais ça à fond. J’imagine que si mes parents avaient écouté Alain Souchon, je ferais aujourd’hui de la chanson française. Le rock est venu assez tôt aussi, un pote m’a dit « Tiens, écoute ça ! », il me file le casque et j’entends Led Zep. Je m’en rappelle super bien, c’était le solo de Stairway To Heaven. Ça peut sembler un cliché mais au moment où j’ai entendu ça, je me suis dit qu’il fallait que je fasse du bruit avec des instruments. C’était l’énergie du rock, c’est par là que ça a commencé.

BS : Tu as passé trois ans à Londres, qu’est ce qui t’a décidé à y aller puiser ton inspiration ?

M : En fait tout est venu du moment où j’ai rencontré Vasco, un ami avec qui je compose régulièrement des morceaux. À cette époque, j’étais un peu dans une période où je refusais de dire que Nirvana par exemple, c’était cool. J’avais une posture qui consistait à dire : « Moi, je joue du blues ! » Vasco m’a alors dit : « T’as 15 ans, t’es jeune, tu devrais écouter tous ces nouveaux groupes. Au lieu de dire des conneries, viens chez moi à Londres quand tu veux et tu verras de quoi je parle ! ». J’y suis allé un mois l’été suivant et c’est comme ça que j’ai découvert cette ville. Ensuite, il a organisé des concerts pour mon groupe. Mais la deuxième fois où je suis vraiment parti, c’est quand Dave Stewart m’a demandé de produire mon album. À ce moment là, je me suis vraiment installé et ça a finalement duré trois ans. La première année, nous écrivions beaucoup, Vasco et moi, et c’est à ce moment là que l’aventure de cet album a vraiment commencé. J’ai alors écris énormément, je voulais faire beaucoup de morceaux avant de penser à l’enregistrement, ce que je suis finalement assez content d’avoir fait, car après, tu vois ce qui tient vraiment le coup. Dave m’a poussé dans ce sens...

BS : À propos de Dave Stewart, est-ce un artiste que tu admires alors que ta musique ne ressemble pas du tout à celle qu’il a composé lui-même ?

M : Avant de le rencontrer, je ne connaissais pas du tout sa musique, à l’exception du dernier album de Eurythmics. C’est donc intéressant d’avoir d’abord rencontré l’homme avant sa musique. Mais quand j’écoute maintenant ce groupe, je le trouve assez cool pour l’époque. Ils me font un peu penser à des Blur de l’époque. Quand ils sont arrivés avec ces sons un peu bizarres, une fille-garçon..., c’était assez visionnaire. Après ce qu’il a fait en tant que producteur, il y a des choses louables et d’autres moins. Ça va de Bryan Ferry à Mick Jagger. Mais c’est bien car il est curieux, il tente des tas de choses, c’est comme ça qu’il a pu se dire à un moment : « Tiens ce jeune français qui joue de l’harmonica et de la guitare... ». Et au final, il a réalisé cet album.


BS : Tu formes avec ton groupe ce qu’on appelle un « power trio », formule où ce sont illustrés de glorieux anciens comme Hendrix ou Clapton avec Cream. Est-ce en référence à ce passé 60’s que tu as opté pour ce genre de formation ?

M : En fait, au début j’avais plus d’instruments sur scène et je ne jouais pas aussi bien de la guitare. Un jour je suis retombé sur des vieux potes, Olivier et Daniel, qui forment une section basse/ batterie depuis dix ans. Je crois qu’ils ont rarement joué avec d’autres dans ce rôle là. Avec eux, je me suis alors senti en confiance et en plus, je me suis dit, en effet, que ça pourrait rappeler tout ça. Le nom du Medicine Show est venu à ce moment là, mais ce n’est pas vraiment un nom de groupe car il est censé englober tous les gens qui m’ont entouré depuis le début et qui sont un peu éparpillés partout. Le Medicine Show est donc une façon de regrouper tout le monde et en plus ça rappelle un peu le blues qui m’influence toujours beaucoup. Mais en ce qui concerne les concerts, je pourrais difficilement jouer sans Olivier et Daniel. Mais ce qui m’intéresse avant tout, c’est d’essayer de renouveler le plus possible les choses. Entre le son du disque et le concert, j’essaye de faire les choses différemment. Par exemple, j’ai joué Yeah Yeah [1] au Bataclan avec une guitare accordée différemment. C’est vraiment ce que je recherche toujours et c’est pour ça que j’aime beaucoup des artistes comme Beck ou Bowie qui, à chaque disque, se renouvellent. Je sais aussi que je ne chante pas du tout actuellement comme je le faisais à l’époque où j’ai enregistré le disque et je suis encore loin de ce que je veux atteindre (rire).

BS : Tu sembles vraiment t’éclater en concert, c’est vraiment ce que tu préfères ?

M : Oui, j’espère vraiment une chose, quoi qu’il arrive, c’est de pouvoir continuer à faire des concerts. Ça changera peut-être, un jour j’aurais peut-être un appartement avec un studio dedans et je serais devenu un malade du son mais en ce moment, je vais à l’album par le live.

BS : Ce qui te plait, c’est le côté partage ?

M. : Je sais pas, il se passe tellement de choses imprévues en live. Mais c’est vrai que le côté partage est important et maintenant qu’on se retrouve à faire des plus grands concerts, je suis encore un peu dérangé par le fait de ne pas connaître ceux qui viennent m’écouter. Dans les pubs, tu peux aller boire un coup avec les gens qui t’ont écouté et qui te disent ce qu’ils ont pensé de ta prestation. Par exemple au Bataclan récemment, j’ai joué devant 2000 personnes. C’était une première partie, personne ne me connaissait. Ça s’est super bien passé et après je me suis retrouvé dans une loge. J’ai pas pu tenir, je suis retourné dans la salle pour parler avec des gens. C’est vrai que le côté partage est important et en plus ça te fait évoluer. Enfin, la musique a de nombreux visages que je n’ai pas encore vu, mais celui là, je ne peux pas m’en passer, ça s’est sûr. Et là, en trois mois, comme on faisait autre chose, j’ai dû faire seulement cinq concerts, ça m’ennuie !

BS : Dernière question que l’on pose à chaque personne interviewée par B-Side, tu es plutôt vinyle, CD ou MP3 ?

M : Plutôt vinyle. Je ne suis pas un malade du MP3, j’ai pas encore le réflexe du téléchargement car le son n’est pas encore assez bon. Mais ça fait tellement de progrès, le jour où le son sera meilleur je prendrai du MP3, comme tout le monde. Enfin, jusqu’à maintenant, j’étais plutôt vinyle.

Ensuite Medi a voté pour les fameux B-Side Awards.

Groupe de l’année : Arcade Fire

Album de l’année : Arcade Fire, Funeral

Concert de l’année : Encore Arcade Fire à l’Élysée Montmartre. C’est vraiment la première fois que j’aime à ce point un groupe que tout le monde devrait aimer. Je pense qu’on va vraiment se souvenir d’eux. Et la façon dont ils finissent leur concert dans le public, c’est vraiment un truc qui vient du blues et que j’adore.

Pochette de l’année : Celle de Franz Ferdinand, je l’adore. On sait tout de suite que c’est eux. On voit les mecs qui sortent de leur Art School. C’est juste formidablement class.

Espoir de l’année : Art Brut, ils me font mourir de rire. C’est vraiment la jeunesse anglaise. J’aime beaucoup leur morceau où ils parlent du moment où ils ont fait un groupe. C’est super de parler de ça. Les jeunes devraient faire des groupes (rire)

Film de l’année : Match Point surtout que je commençais à être fatigué de Woody Allen. J’ai trouvé ça bien de s’effacer pendant tout le film sauf à la fin où tu retrouves tout ce que tu aimes en lui.

DVD de l’année : Le coffret Born To Run de Bruce Spingsteen où il y a un DVD d’un concert de ses débuts avec le E Street Band. Dans sa jeunesse, sur scène ça tuait ! Le mec est à bloc pendant deux heures, il se donne vraiment à fond, c’est formidable à voir.

Come Back de l’année : C’est un come back personnel, c’est Bob Dylan qui est revenu dans ma vie quand je l’ai vu en concert cette année. Je ne l’avais pas suivi dans ce qu’il avait fait récemment, j’étais resté bloqué sur quatre ou cinq albums anciens. Mais de le voir là, qu’il était vieux, qu’il en avait marre. Mais il était tellement Bob Dylan... Après, pendant trois semaines, je n’ai écouté que lui.

Événement de l’année : Je pense que ce sont les récentes émeutes en France. Ça n’a fait que confirmer ce que je n’aimais pas chez quelqu’un. C’est vraiment les mots qu’il emploie que je n’aime pas. Je ne suis pas d’une génération politisée, mais je crois qu’on a pris conscience qu’il y avait un réel problème. On ne peut pas continuer comme ça, on ne peut pas dire à quelqu’un « D’où viens-tu ? » alors qu’il est né en France.

Bide de l’année : Ah oui, Brice de Nice, pour moi qui vient de Nice, c’est horrible de voir un truc comme ça. Là dedans, il y a tout sauf Nice.

L’album de Medi And The Medicine Show sera disponible le 18 septembre 2006 (Exclaim)

Le groupe sera en concert gratuit à La Flèche d’Or (Paris, XXe) le 13 janvier.

Plus d’information sur le site www.moremedi.com



[1premier single écrit par Medi et Vasco

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