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mercredi 15 avril 2015
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par Psymanu le 7 novembre 2006
paru en avril 2005 (Slap)
Le groupe Opram , qui nous vient de Gap, n’est pas exactement tout jeune : formé en 2000, le quatuor (Dev à la guitare et au chant, Bou à la basse, Triton aux claviers et Clodil à la batterie) met moins d’un an à trouver ses marques et s’impose lors du tremplin Class’ Rock 2001. Suivront une démo de trois titres, puis ce premier effort, intitulé Mon Temps Mon Espace, lequel nous intéresse ici.
Et ça commence par une musique purement metal, c’est un gros riff saturé qui sous-tendra la chanson titre de ce disque, qui déja montre le désir d’Opram de varier les climats. Chaque incision guitaristique est alternée avec des phases douces où le texte et la voix de Dev sont mises bien en évidence. Pas moche, d’ailleurs cette voix, quoi que peu originale, souple, puissante, juste maniérée ce qu’il faut pour plaire au grand public et ses goûts du moment. Il chante un constat franchement cliché du monde dans lequel il vit : "C’est le temps des villes, de l’espace global, [...], où prendre place dans la masse ? Ce monde est chiffre et quantité". Avec en prime une attaque du rêve américain qui a sans doute pour objectif de placer Opram du côté des groupes "engagés", mais dommage, ça tombe un peu à plat.
Débloc se débite sur des vocaux un peu rap mais tellement old school qu’on préfère très vite se concentrer sur autre chose, et notamment sur la gratte, sur laquelle Dev fait tout de même un sacrément bon boulot. Tantôt soliste allumé du genre qui aurait écouté Tom Morello la veille, tantôt matraqueur / massacreur d’enceintes, il est bien épaulé par le claviériste Triton qui n’hésite pas à accompagner ses agréables délires. Néanmoins, le groupe peine à maintenir l’intérêt tout au long des 7 minutes 30 du morceau.
Encore des fausses pistes sur VII. A l’intro un peu Zeppelinienne (à cause de la batterie Bonham de Clodil, surtout) succède une curieuse évocation des dimanches moroses. Dev enrage contre la paresse, fustige ce septième jour avec un vocabulaire emprunté au religieux, avec des synthés pour sonner divin. Une assez bonne chanson, qui frise le prog rock. Toujours ce soucis de mélange des genres.
On ralentit encore sur Requiem, au texte cryptique, enfièvré, une ballade qui se barre en vrac à mi-chemin pour laisser un instant à chaque musicien le loisir de démontrer sa fantaisie et sa dextérité. On pourrait penser à du Black Sabbath pour le caractère ombrageux, la rythmique et les allusions démoniaques, puis il y a comme un arrière goût un peu kitch sur l’intervention du clavier.
Et puis TER. Le titre a de quoi sourire, composer une chanson pour notre glorieux train régional, il fallait non seulement oser mais déja y penser. Et force est de constater qu’Opram est parvenu de façon plutôt magistrale à évoquer par la seule grâce de ses instruments à évoquer la course effreinée de ces amas de métaux sur rail. Quant au texte, il est une succession de slogans plutôt efficaces. On sourit volontier pour saluer la bonne idée et le funk sympa de ce morceau.
Les Egarés reprend peu ou prou la même formule que les morceaux précedents, cette alternance d’explosions où le groupe peut se défouler, et de phases douces où le chanteur peut placer sa voix avec le vibrato qui va bien et un petit solo qui n’a que le tort de sonner hard FM 80’s. Le tout tourne un peu trop à la démonstration de force pour ne pas géner l’auditeur aux entournures, même s’il faut reconnaître le caractère immaculé de l’exécution.
L’album s’achève sur 20 Minutes, une ballade qui tente d’installer l’émotion, souvent avec succès, si encore une fois on ne prête pas trop attention aux textes.
Mon Temps Mon Espace n’est pas une franche réussite, mais on ne peut pas tout jeter chez Opram. On perçoit derrière ces pénibles manies Nu Metal qui sautent aux oreilles et les vrillent de bonnes inspirations, mais hélas trop fugaces, et qui se perdent dans les clichés, dans le convenu, dans le déja-entendu. C’est aussi le lisse, le trop propre, qui flingue l’aventure. On peine à déceler une véritable personnalité, les exercices de style sont trop scolaires. Néanmoins, puisqu’il s’agit d’un premier disque, on attendra de voir ce que la décomplexion permettra au groupe à l’avenir, et s’il parviendra à sortir de cet état "entre deux chaises", entre ambition et application scolaire de propre technique.
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