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New Adventures In Hi-Fi

New Adventures In Hi-Fi

R.E.M.

par Giom le 15 novembre 2005

4

sorti en 1995 (Warner Music)

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En 1995, R.E.M. est au sommet de sa carrière. Fort du succès du mythique Automatic For The People, publié deux ans plus tôt et de celui du non moins intéressant Monster de 1996, le trio d’Athens (en Géorgie, aux États-unis, mais bon, ça, tout le monde commence à le savoir) livre cette année-là avec New Adventures In Hi-Fi, un disque d’une rare intensité et qui malheureusement n’a pas eu le succès qu’il méritait.

Pourtant, tout y est ou presque. L’album débutant par le calme How The West Was Won And Where It Got Us et enchaînant avec un morceau dans le plus pure style du groupe, The Wake Up Bomb, où la rythmique lourde et entêtante soutient la voix nerveuse de Stipe, qu’on a l’impression de voir se tordre derrière son pied de micro tant l’émotion provoquée par son chant est communicative. La force de l’album est bien là ; c’est une fine alternance de morceaux calmes, presque élégiaques avec d’autres plus bruts et tendus. Le titre du disque prend tout son sens, le trio part bien cette fois-ci dans des aventures sonores, n’hésitant pas à se mettre en danger en sortant le gros son pour enfin sortir de cette étiquette « pop-rock-RTL2-futur Nostalgie » qui lui colle à la peau tout en gardant un sens de la mélodie qui lui est propre. Buck, qui n’est certes pas le guitariste le plus rock and roll de tout les temps, se lâche littéralement sur le détonnant Leave qui, pour l’anecdote, fut repris dans la bande originale du film aujourd’hui oublié mais pas si mal de Danny Boyle, réalisateur de Trainspotting : A Life Less Ordinary (1997). Eh oui, on peut bondir d’enthousiasme à n’en plus finir sur du R.E.M., certains se refuseront de le croire, l’enchaînement de ce morceau avec le non moins vitaminé Departure ne leur en sera que plus fatal ! Et que dire de Binky The Doormat ou Stipe s’emporte, crie presque au moment du refrain alors que son compère guitariste s’emballe l’espace de dix secondes ou R.E.M. n’est plus R.E.M. mais bien un groupe qui oublie qu’il doit pondre des tubes pour faire marcher la machine à dollars Warner et se souvient de ses premiers riffs et de ses premières répètes. Ça semble rien comme ça, mais quand on est ultra attendu au tournant, c’est presque révolutionnaire... « Listen, this is now, this is here, this is me, this is what I wanted you to see !” lâchera Stipe en fin d’album, ces propos hors contexte du morceau, trouvant un double sens à l’étude de ce disque d’une liberté et d’une énergie absolue.

Mais ne nous emballons pas, il serait exagéré de faire de ce New Adventures In Hi-Fi l’album ROCK de R.E.M.. Le disque regorge de ballades mais qui ne sombrent pas dans le côté FM nasillard qu’on peut parfois reprocher au groupe, ce que ses détracteurs n’ont évidemment pas manqué de faire. Le morceau E-Bow The Letter, soutenu par les backing vocals de la sublime Patti Smith, possède le potentiel d’un véritable hymne de stade pour néobabas pacifistes et écologistes. Encore mieux, le titre Be Mine, ultra touchant avec la voix fragile de Stipe accompagnée au début d’une guitare lancinante qui sera enrichie ensuite par les autres instruments, est une composition merveilleuse par son dépouillement et sa sincérité. R.E.M. emporte alors l’adhésion la plus totale, arrachant une larme au plus endurci des crocodiles et se place parmi les groupes qui n’ont pas forcement besoin d’ordinateurs pour créer un morceau fabuleux. Magnifique !

Bref, New Adventures In Hi-Fi, album oublié de la discographie de R.E.M. car sortant des sentiers battus de la réussite commerciale, mérite le dépoussiérage tant il contient tout une série de morceaux convaincants et enivrants. Certes, il marque peut-être la fin de l’inspiration du duo de compositeurs Stipe/Buck qui depuis n’ont rien écrit de vraiment transcendant et continuent pourtant de sortir des disques avec une régularité désespérante. Mais pour une fin de cycle, on a vu bien pire et bien moins abouti. Bill Perry, le batteur légendaire du groupe s’en cassera la colonne vertébrale lors de la tournée qui suivra pour ensuite ne jamais rejoindre le groupe. Certains signes ne trompent jamais...



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Tracklisting :
 
1. How The West Was Won And Where It Got Us (4’30”)
2. The Wake Up Bomb (5’07”)
3. New Test Leper (5’25”)
4. Undertow (5’08”)
5. E-Bow The Letter (5’21”)
6. Leave (7’17”)
7. Departure (3’27”)
8. Bittersweet Me (4’05”)
9. Be Mine (5’31”)
10. Binky The Doormat (5’00”)
11. Zither (2’33”)
12. So Fast, So Numb (4’11”)
13. Low Desert (3’30”)
14. Electrolite (4’05”)
 
Durée totale : 65’33”