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Old School

Old School

Léon Rousseau

par Psymanu le 5 juin 2007

4

paru en juin 2006 (E.L.P Records)

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Issu du punk, Léon Rousseau est également un fan des sixties, multi-instrumentiste de surcroît. Et c’est dans sa cave qu’il s’est acquitté d’absolument toutes les tâches musicales pour un album aux yeux résolument braqués sur le rétroviseur, logiquement intitulé Old School.

Lorsqu’on se tourne vers la musique pop, et qu’on souhaite en sus se la faire "old school", on ne passe pas à côté des Beatles. Et non seulement M. Rousseau ne passe pas à côté, mais s’il jette carrément dessus tel un mort de faim. Et ça n’est évidemment pas la pire référence qui soit. En atteste 48H, par exemple, à la rythmique enlevée, auquel on reprochera peut-être des chœurs trop en retrait, mais ceux-ci, à être trop présent, auraient sans doute trop sucré l’ensemble au goût de son auteur, qui vient du punk, tout de même, et qui ne lâche pas une racine pour en attraper une autre. Ils sont plus sonores sur Angelina Again, et prouvent leur rôle précieux pour combler une atmosphère qui flirte avec la vacuité à trop rechercher la simplicité, mais soudain, sans prévenir, vers 1’17", le morceau prend feu sous les coups de boutoir d’une batterie mastodonte. Du meilleur effet. Ce qui est curieux, c’est qu’alors que l’organe du gars Leon rappelle régulièrement celui de John Lennon, on croirait parfois entendre le McCartney dans ses accents les plus Helter Skelter sur Back Door Thing, morceau quasi hip-hop dans la pulsation, mais aux riffs hendrixiens.

Mais il ne faut pas tout réduire aux Beatles, de ce Old School et de leur auteur. Par exemple, Vertigo est une incursion au ukulele dont l’intro balance immédiatement en tête celle de Somewhere Over The Rainbow, mais la comparaison s’arrête là. La mélodie est impeccable, on la sifflotera longtemps au volant d’une décapotable cet été, pour peu qu’on en ait les moyens, et puis si on ne les a pas, eh bien on sifflotera quand même, le cul dans la mousse et un brin d’herbe entre les dents, au bord du premier ruisseau qu’on trouvera, et ça çe ne coûte rien. Retour du ukulele sur All Alright, mais de façon plus discrète, un titre qu’on aurait bien volontier vu chanté par un Roy Orbison si le sort ne s’acharnait pas à nous priver des personnes les plus divines, et par des moyens aussi ridicules qu’une crise cardiaque à la gomme. Donc bon, "faute de", c’est Léon qui s’en charge et il le fait très bien, et de bonne grâce, à sa sauce (c’est à dire celle de Lennon, encore une fois).

Quitte à s’enfoncer dans le rétro, Rousseau en appelle à la soul des Percy Sledge et autres diamants noirs sur Little Love Of Me, et vas-y qu’on danse d’un pied sur l’autre, noyés dans la moiteur d’un tendre corps à corps, et dans les coulées d’un orgue dégoulinant de tout ce que ces sixties ont su nous proposer de sucrettes immaculées. Et si on s’est bien débrouillé, on fredonnera, au petit matin plein de tendresse, un Mr Ho à l’oreille de la victime. Et si après ça elle se barre tout de même, ben c’est tant pis pour elle, il y a encore à voir et à entendre du côté de chez Léon. Comme Happy Happy Song et son solo tantôt Shadow, tantôt stonien. Ou encore l’ultra syncopé Home In The City, qui peut faire penser aux meilleurs Joe Cocker, ceux des tout débuts, avec son piano à la Ray Charles. Il y a le rythme and blues presque Zeppelinien de Twisted Videos, aussi, éructé d’une voix de gorge et dont la mélodie imparable est comme du velcro dans notre mémoire. Une incursion jazzy (Guilty One) et une ballade aux accents Dylan (Teenage Love Song) plus tard, le disque s’achève, et le verdict tombe.

Et l’on est séduit. Tout du long. Ultra-référencé, le truc en plus de ce Old School est paradoxalement un truc en moins : la production. Moins léchée, plus cheap que celle des œuvres auxquelles cet album renvoie, c’est comme un vent de fraîcheur sur la patine d’un temps révolu qui souffle tout du long. Rien de tel que le home-made et la bricole pour rendre touchant et spontané ce qui aurait pu aisément sombrer du côté de l’hommage pompeux.



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Tracklisting :
 
1- Happy Happy Song (2’12")
2- Vertigo (3’00")
3- 48H (3’52")
4- Back Door Thing (2’27")
5- Little Love Of Me (4’18")
6- Angelina Again (2’42")
7- All Alright (2’23")
8- Home In The City (2’21")
9- Mr Ho (2’39")
10- Twisted Videos (2’27")
11- Guilty One (2’58")
12- Teenage Love Song (3’34")
 
Durée totale : 34’53"