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Plans

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Death Cab For Cutie

par Kris le 27 juin 2006

4

paru en 2005 (Atlantic Records)

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L’une des deux moitiés de The Postal Service nous délivre avec son groupe Death Cab For Cutie Plans (album sorti outre-Atlantique dans le courant de l’année 2005), deux ans après Transatlanticism. Ben Gibbard de The Postal Service donc, accompagné du guitariste Chris Walla qui a effectué ses faits d’armes du côté de The Decemberists et de Nada Surf, autour de ce duo aux bagages chargés se forment Death Cab For Cutie. Cinquième album du groupe, Plans est un peu un contre-pied renversant. Tout d’abord, la conception de l’album coïncide avec la signature du groupe chez une major, Atlantic, et là où les fans s’attendaient à retrouver les guitares des premiers opus, Death Cab For Cutie sort un album pop. Pop, au sens le plus strict du terme. Soit un renversement de situation inattendu mais intéressant.

Ce virement de cap associé au passage chez une major peut à très juste titre causer des questionnements légitimes de la part des fans. Où est passée la tension ? Où est passée l’urgence ? Où sont les riffs accrocheurs ? Virage à quatre-vingts dix degrés donc ... Quoique pas tout à fait. Car si Death Cab For Cutie perd en gravité, avec Plans, elle gagne en revanche en fluidité, légèreté et ce qui est non négligeable en beauté. Oeuvre réellement contemplative, Plans offre à l’auditeur un panel de sentiments extrêmement nuancé, une palette de couleurs, d’odeurs, de sensations si proches et si éloignés à la fois. Death Cab For Cutie manie à merveille cette légèreté, ces crèmes de mélodies pop à dominantes de guitares sèches, de discrètes touches de power-pop pour accentuer une intensité naissante. Conçu comme une toile artistique et démonstrative, Plans est une harmonie de chansons différentes teintées par-ci par-là de nuances d’une même matière, un festival de couleurs musicales étalées doucement sur le support délicat de la voix langoureuse de Ben Gibbard.

Plans est résolument axé sur le thème de l’amour, la rencontre, la vie, la rupture amoureuse, tout cet univers compliqué et unique de l’implication émotionnel envers l’être aimé ou l’être qui nous aime. Un thème pouvant paraître incroyablement mièvre et ressassé, thème que les chanteurs à midinettes ou évoluant dans la catégorie vieux-beaux s’auto-déclaraient empereurs sans opposants. Death Cab For Cutie nous démontre que cette formule parvient tout de même à être incroyablement attirante lorsqu’utilisée à bon escient. Marching Bands Of Manhattan est une excellente entrée en matière, nous imposant une certaine majesté martiale évoluant dans un registre pictural absolument saisissant. Death Cab For Cutie évolue parfaitement dans le domaine de la power-pop dans le style dans lequel pouvait évoluer Nada Surf ou à un degré moindre Dinosaur Jr qui aurait été inspiré par les Beatles. Soul Meets Body ou Crooked Teeth sont de parfaits exemples et sont des chansons immédiates. Cette évolution dans le domaine pop romantique permet donc aux instruments adéquats de se refaire la part belle. Ainsi, le clavier reprend du gallon sur la splendide et progressive What Sarah Said ou encore la poignante et incroyable Different Names For The Same Thing. Sur cette dernière, la gravité et la rigidité du piano se fond avec la hauteur et la justesse de la magnifique voix de Gibbard, parvenant à placer une introduction parfaite à une suite plus rythmé, voire plus tribale, et donc plus authentique. Cette simplicité trouve son paroxysme sur le plus beau titre de l’album, I Will Follow You Into The Dark, entonné par Gibbard et sa guitare seule, une ballade comme on en demanderait encore et toujours, un chant intimiste et chaleureux, enlacé par une guitare sèche, simple, mélodieuse et passionelle.

Un bel album joli tout plein, oubliée donc la tension sous-jacente présente lors du dernier album Transatlanticism, place à la simplicité, ou plutôt la fausse simplicité. Les mélodies sont simples et accrocheuses, l’album se révèle peu à peu à nous à mesure des écoutes, et se défont les coutures apparentes de cette facile immédiateté. Les chansons paraissent simples, ou tout du moins naturelles pour faire ressortir les émotions les plus simples et naturelles. Quand Death Cab For Cutie font des ballades, ils le font bien. On ne demandait pas mieux.



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Tracklisting :
 
1. Marching Bands Of Manhattan (4’15")
2. Soul Meets Body (3’51")
3. Summer Skin (3’14")
4. Different Names For The Same Thing (5’09")
5. I Will Follow You Into The Dark (3’09")
6. Your Heart Is An Empty Room (3’39")
7. Someday You Will Be Loved (3’12")
8. Crooked Teeth (3’24")
9. What Sarah Said (6’21")
10. Brothers On A Hotel Bed (4’31")
11. Stable Song (3’44")
 
Durée totale : 44’29"