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mercredi 15 avril 2015
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par Oh ! Deborah, Yuri-G le 9 septembre 2008
Kitsch II, scène finale. En respectant la logique propre aux "suites" hollywoodiennes, cette volée de morceaux devrait monter d’un cran dans le douteux. Dont acte. Ce qui ne change pas : l’attachement à ces sons ratés, datés, hilarants. Même traités avec dérision, ces titres possèdent une touche évidente qui les différenciera dans l’éternel d’une reprise des Rolling Bidochons.
Kelly Watch The Stars - Air (Moon Safari, 1998)
Une des plus jolies chansons faites par le duo français, si ce n’est pas la plus miraculeuse. En quelques minutes, Air fait parfaitement fusionner modernité spatiale et rétro-musique planante. Des mélodie pop et de l’électro nonchalante sur fond cotonneux, enrobées de sons illuminés. Une plage aérienne avec une rythmique marquée par une légèreté sans égal.
Let’s Dance - David Bowie (Let’s Dance, 1983)
Et Bowie passa de l’autre côté. Aujourd’hui, il ne l’aime plus et reconnaît son erreur qui est pourtant humaine et fort sympathique. Des sons de synthés tapageurs tous azimuts, un groove électronique de funk blanc repris plus tard par Puff Dady (!), un refrain outrageusement créé pour amasser du pognon, admettons que ce single est très superficiel, même si on lui reconnaît une rythmique et une efficacité assez jubilatoire. Avec modération donc.
Sleepers In Metropolis - Anne Clark (Changing Places, 1983)
Elle devait passer par là, Anne Clark. Elle a fait danser, rêver et déprimer (les trois en même temps) plein de petits jeunes anglais, français, allemands et accessoirement investigateurs d’identité, sur des beats, et des sons ultra synthétiques. Aujourd’hui, quand ils réécoutent Anne Clark, ils le font d’un plaisir coupable mais se disent qu’elle devait en avoir pour réciter ses textes cruellement désolés sur de la dance ringarde dès son invention. Qu’elle était quelqu’un de sensible, que le très daté Sleepers In Metropolis n’est pas, à l’évidence, le truc « indispensable de toute discothèque », mais qu’il a –comme les premiers albums d’Anne Clark- quelque chose de trop personnel, d’honnête et d’anachronique, pour s’autoriser inutilement à jouer au grand seigneur gardien du temple du bon goût.
Joko Homo – Devo (Are We Not Men ? We Are Devo !, 1978)
Et si c’était eux, les plus cinglés ? Un premier album créé avec des gadgets par des petits hommes verts, des savants fous, pour des mélodies trépidantes, une reprise des Stones mais avant tout du post-punk bien calibré et des hymnes d’enfer. Pour rigoler, Devo ajoute Joko Homo, leur titre le plus extraterrestre où se succèdent compulsivement voix loufoques et synthés kitsch et fêlés.
Europop - The Divine Comedy (Liberation, 1993)
Tout est dans le titre. Neil Hannon, d’humeur badine, s’aventura le temps d’un morceau vers les sonorités dance triomphant à l’époque. Au delà de la ringardise et du comique de l’entreprise, le songwriter irlandais est soupçonné de rendre hommage à des amours de jeunesse. Soft Cell, pourquoi pas, ça n’est pas impossible.
Hettakorii No Ottokotou - eX-Girl (Endangered Species, 2004)
Les trois Japonaises eX-Girl n’ont aucune limite. En cinq minutes, les impies déballent une mixture honteuse, dérangeante et colorée, de guitares heavy, bouffonneries ska, et choeurs d’opéra hystériques. Ça y va fort, c’est donc indispensable. Vous êtes en droit de vous dire : "je préfère me donner la mort ou manger une tarte aux poireaux plutôt que d’écouter cette engeance". Dans ce cas, pour plus de dignité (toute relative), se reporter à leur Back To The Mono Kero, moins potache et suffisamment perturbant pour que Mike Patton l’ait encensé.
When The Angels Play their Drum Machines - Hefner (Dead Media, 2001)
Groupe londonien de pop anglaise et de ballades folk indépendantes, Hefner sort l’attirail kitsch et les synthés cheap avec l’album Dead Media. Charmeur et distrayant, When The Angels Play their Drum Machines est un parfait morceau de house éthérée, recorrigée en 2001, dont la douceur et l’élégante sobriété contrastent avec le respect des codes dansants.
The Robots - Kraftwerk (The Man Machine, 1978)
Encore un passage obligatoire : Kraftwerk. Ce n’est pas le choix qui manque parmi leur discographie dans laquelle chaque chanson est plus kitsch que l’ensemble de la playlist. « We are the robots » chantait la voix robotisée sur des synthétiseurs répétitifs, simplistes, futuristes, très sobres mais néanmoins mélodieux. Une musique entièrement électronique avec, toujours, ce jeux net, étriqué, et ce sentiment de déshumanisation digne des avenues désertes et austères de Dusseldörf. Un rendu bien plus palpable encore à l’écoute de l’excellente The Model où scintille un synthé imitant tristement un clavecin (un son copié un milliard de fois), du single mythique Autobahn (de l’album du même nom) où encore de l’indémodable (hé oui) et dangereuse Metal On Metal (Trans-Europe Express) qui inspirera entre autres Joy Division.
Metal - Gary Numan (The Pleasure Principle, 1979)
Sa marque de fabrique : des synthés qui n’en finissent pas de couiner. Et ils sont bien là. Au début robotiques ; peu à peu c’est l’invasion dans l’atmosphère. N’empêche, il y a quelque chose de sec et d’imperturbable dans la marche de la chanson. Numan savait faire la différence.
Heimdalsgate Like A Promethean Curse - Of Montreal (Hissing Fauna, Are You the Destroyer ?, 2007)
Le mauvais goût est un art. C’est évident, à travers ce single qui cumule les fautes mais n’en sort que plus dévastateur. Trois composants : la dance (increvable). Les synthés, façon Club Dorothée. Enfin la voix, perchée dans des arcs-en-ciel chimiques. Tout est dit, et pourtant... il ne faut pas négliger le sens mélodique. Assez épatant, pour être honnête. C’est à se demander qui de lui ou de l’esbroufe kitsch détient le plus de charme ?
Tous Les Bateaux, Tous Les Oiseaux - Michel Polnareff (Single, 1969)
Le titre le plus flamboyant de Polnareff. C’est évidemment de la pop orchestrale. Violons et démesure, avec une mélodie au parfum d’extase (jusqu’à en devenir un brin suspecte). En somme, la bande-son parfaite pour une scène d’adieu sur un quai ; la brise qui souffle sur les cheveux des amants, tandis qu’ils s’étreignent sauvagement dans le soleil, et que le décor commence à tourner, tourner autour de leurs corps embrasés de passion, de fureur, de candeur, de pureté, de ferveur, de...
Love My Way - Psychedelic Furs (Forever Now, 1982)
Comment ça cette playlist dérape sérieusement ? Pour le coup, j’admets totalement qu’on puisse prendre cette ballade romantico-new-wave au second degré, voir qu’on s’en moque ouvertement. C’est en effet une des chansons les plus kitsch des Fourrures psychédéliques, avec un refrain qui peut toutefois avoir une certaine valeur affective. Que dire, sinon que ça sent la lose à plein nez et aussi les slows que les préados se passaient dans les 80’s avec la drague bon-enfant qui allait avec.
Teenage Love - Slick Rick (The Great Adventures Of Slick Rick, 1988)
Comment ça cette playlist sent l’arnaque ? Le hip-hop est fait pour les tendres aussi, d’abord. Sacré loulou de Slick Rick. Coutumier d’une misogynie fine (Treat Her Like A Prostitute, disait-il), Slick décide de laisser parler sa sensibilité. Il évoque son premier amour, en cadence avec une beatbox passée d’âge. Le couple uni pour la vie, guidé par les ondes des synthés bleus nuit (ceux de Streets Of Rage, vous situez ?). Enfin, la désillusion, c’est obligé. Slick et son espèce d’accent en toc, son élocution amollie nous déchire le coeur, vraiment.
Tainted Love - Soft Cell (Non-Stop Erotic Cabaret, 1981)
Comment ça cette playlist craint un maximum ? N’ayons pas peur d’évoquer la synth-pop de Soft Cell, d’autant que Tainted Love demeure un classique pour les mille et un groupes qui l’ont repris et qu’elle est toujours moins pire que l’abominable Sex Draft (de Soft Cell donc) et moins kitsch que celle d’Anne Clark (voir plus haut). En réalité, Tainted Love a été composé par The Four Preps pour Gloria Jones en 1964. La chanson a donc subit un remaniement perpétuel, en passant notamment par la soul, le glam et l’électro kitsch et pop de Soft Cell. Elle garde ici une certaine classe, même si, c’est vrai, ça ne reste qu’un tube disco-pop de bonne envergure, ni plus ni moins. Avec une voix bien ringarde, oui.
Black Or Blue - Suede (Dog Man Star, 1994)
Face à ce qu’il faut bien appeler les incroyables minauderies de Brett Anderson (au micro), peu sont susceptibles d’avoir un comportement normal. Amour, haine, gargouillis, fétichisme, pulsion meurtrière ou en dernier recours destruction d’évier, chacun réagit comme il peut. Il faut dire que le chanteur ne s’économise pas. Des inflexions efféminées aux manières théâtrales, Black Or Blue constitue un manifeste du surjeu romantique. Mais la mélodie est chouette.
Roche - Sébastien Tellier (Sexuality, 2008)
Dans ses notes de pochette, Moroder l’indiquait fièrement : "only electronic keyboards were used in the making of this album [From Her To Eternity, NDA]". Sexuality, c’est presque ça. Une célébration totale du synthétique, dans ce qu’il a de plus roublard et complaisant. Avec Roche, départ pour Biarritz. Imaginez la rythmique, les claviers, lascifs et moites. La plage, les joggings, la touche lubrique mais étrange. Années 80, tu nous fascines...
If You Were Here - Thompson Twins (Quick Step & Side Kick, 1983)
Parfois il n’y a pas de raison. La chanson accroche, comme ça sans chercher. Elle passe, elle est appréciée. Elle a vieilli, mais sa patine rétro-synthétique amplifie son innocence. Puis, son thème est entêtant. Si on était tenu de rationaliser, de déballer la science critique qui légitime l’appréciation, on dirait... ben, bah... Hmmm, on pourrait dire que If You Were Here possède l’indolence loureedienne de la pop catchy des Dandy Warhols, si jamais ceux-ci sonnaient comme les Tears For Fears.. Ouah, en fait on dirait rien.
Won’t Get Fooled Again - The Who (Who’s Next, 1970)
Ce single a beau exhiber un synthé quelque peu intergalactique, il serait dommage de ne pas tirer plaisir et nostalgie de ces mélodies aussi dynamitées que la batterie de Keith Moon. "Pick up my guitar and play, just like yesterday..."Son riff est tout-puissant, son refrain est, comme souvent avec les Who, de très haut niveau. La mesure n’est pas de ce monde là. Ce qui rend la chose doublement kitsch. Une image (présente dans le DVD The Kids Are Alright) restera figée : celle d’un Pete Townshend surexcité qui, au moment où le glorieux Daltrey surplombe la salle d’un cri surhumain, bondit pour glisser héroïquement sur les genoux ! Incontrôlables, les Who l’étaient, surtout sur la scène qu’ils incendièrent régulièrement, même dans les années 70.
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