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par Oh ! Deborah le 24 avril 2007
paru en 1989 (Fire Records)
Les Television Personalities devraient être aussi cultes que les Smiths. Comparaison non hasardeuse, ce groupe qui comprend un des meilleurs paroliers anglais de son époque, à la singulière mélancolie et l’autodérision sans égal, sort en 1989, son cinquième album qui devrait (un peu) plaire aux fans du groupe de Morrissey et déplaire à ceux qui ne sont pas habitués à certaines des productions lisses/batterie clinquante des 80’s. Il n’est donc plus question de revival psyché malade des débuts du groupe. Cinq ans après le poétiquement pathétique et réellement noir The Painted Word, Privilege, aux couleurs d’un arc-en-ciel, surgit bien sûr par temps de pluie.
Pluie scintillante, pétillante, l’enveloppe sonore de ce Privilege distille sa poudre de magie comme un espoir qui s’envole. Dan Treacy le dit « What if it’s raining ? » Laissons le s’en aller, défaillir, dévaster ironiquement nos inquiétudes hilarantes et risibles. Si Privilege a pour la première fois chez les TV Personalities, l’ambition de créer des ballades aux allures enthousiastes, il n’en garde pas moins toute la fragilité croissante de son chanteur-compositeur. Sa bipolarité. Future héroïnomane, talent brimé, diagnostiqué schizophrène, conteur masochiste et comique désespéré, Dan Treacy est certainement l’un des oubliés les plus inoubliables et poignants que la pop ait engendré. Pavement, The Jesus And Mary Chain et The Pastels comme beaucoup d’autres l’ont bien comprit.
Des chansons comme Paradize Is For The Blessed, Conscience Tells Me No, The Room At The Top Of The Stairs, All My Dreams Are Dead ou The Engine Driver Song ont le sens mélodique et les arrangements-miracles (bien souvent accompagnés de guitare acoustique et de synthés discrets) de brillantes chansons pop. Écrites durant une des périodes les plus sombres et mystérieuses de la vie de Dan Treacy, elles n’étaient pas sûres de trouver un producteur, tant le groupe avait de sérieux problèmes financiers. Finalement, Dan, comme il lui arrive de le faire aujourd’hui, trouva le courage nécessaire pour composer ses prouesses insolentes et revendiquées d’enfant triste. Quinze titres qui mêlent à ravir vulnérabilité, éclat et légereté. Le désenchantement doit être clair et non résigné. Avec un son plus peaufiné, un soupçon trop produit. Dans toute sa maladresse, Dan Treacy n’omet pas quelques grossiertés telles que My Hedonistic Tendencies mais on lui pardonne tout. Parce qu’il a écrit cinq albums presque tous excellents, et qu’il va en écrire d’autres, tous passionnés de références artistiques en tout genres. Parce que sa sensibilité est grande et son humour unique. Parce qu’il est simplement l’une des personnes les plus authentiques de l’histoire, l’une des figures les plus touchantes de la période post-punk.
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