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par Antoine Verley le 3 janvier 2012
Paru le 17 octobre 2011 (Atmosphériques)
Une chose est sûre, Didier Wampas est le roi. Quant à savoir le roi de quoi, c’est une autre paire de charentaises : roi des rois pour certains, roi des cons pour d’autres, le leader des toujours bien vivants Wampas n’aura jamais, avec sa voix de chèvre à l’origine de son style vocal si particulier imprimant la devise de son groupe (« le chanteur des Wampas chante faux ») dans les ouïes de son public, laissé qui que ce soit indifférent. Incapable de tenir une note pendant plus d’une demi-seconde et de pousser un tant soit peu sa voix en volume sans donner l’impression que son existence entière en dépend, Didier Wampas est incontestablement un personnage incontournable de la scène rock française. Certes, le gus n’aura pas toujours fait preuve d’un goût très sûr, de sa reprise de « Où sont les femmes » (aïe !) au choix de François Bégaudeau (ouïlle !) pour rédiger la bio du groupe, mais sa haine de la chanson française, des Victoires de la Musique et de Pascal Nègre l’en absolvent, lui qui est probablement un des derniers musiciens français à bosser à la RATP à plein temps parce que, selon ses termes, on ne « devrait pas pouvoir se faire d’argent avec le rock’n’roll » (Lars Ulrich aime ça).
Alors quand on voit Didier Wampas sortir un album solo yéyé intitulé Taisez-Moi, on écarquille les ouïes, quelque peu inquiets voire incrédules face à ce projet qui sent vaguement le grotesque et la résurgence de ce côté obscur qu’on savait pas assez profondément enfoui pour ne pas se réveiller un jour (le titre, la pochette, c’est quand même pas joli joli). Mais en fait, autant vous le spoiler tout de suite, l’album est bon, fort bon, même.
Pas parfait, évidemment… En plus d’une poignée de rimes un peu faciles, on pourra toujours pinailler sur ce timbre singulier que le chanteur maltraite en permanence et sur ses textes. Ah, ces textes ! S’ils rappellent souvent à merveille les « grandes » heures du yéyé (Karmann, Magique), ils font parfois preuve d’une, euh, audace presque embarrassante dans les thématiques (La folle de Marvejols). Quid des textes « politiques », me demanderez-vous ? Mouais… Comme chacun sait, le soi-disant engagement politique des Wampas a toujours été avant tout, à l’image du jouissif Georges Marchais sur leur (déjà trop lointain) dernier album, la marque de la nostalgie d’une époque révolue et se greffait à un certain folklore franchouillard dans ses histoires d’amour yéyé-punk (La Propriété C’est Le Vol). Le chanteur se défait même brillamment de son image de « chanteur de Fête de l’Huma » dans un hommage, iconoclaste et à la plume d’acier, à Michel Sardou, Chanteur de Droite.
Au final, la seule différence notable avec son pas si défunt groupe, ce sont les arrangements : le garage bordélique des Wampas (dont, rappelons-le, le seul véritable musicien se nommait Tony Truant) devient tantôt une délicate orchestration en mode Ronettes (Eternellement, Magique) tantôt une sage pièce post-punk (Punk Ouvrier) , tantôt un folk intimiste un peu niais (Le Mans) mais globalement, l’esprit frondeur, autodérisoire et romantique des Wampas a survécu le transfert, à travers la folie tranquille de Didier. Vive la France.
Vos commentaires
# Le 4 janvier 2012 à 12:14, par Kodak En réponse à : Taisez-Moi
# Le 5 mai 2012 à 20:43, par REDANDBLACK En réponse à : Taisez-Moi
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