Concerts
Th' Legendary Shack * Shakers

Paris (La Boule Noire)

Th’ Legendary Shack * Shakers

Le 15 mai 2006

par Arnold, Nils le 23 mai 2006

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Le 15 mai dernier, La Boule Noire accueillait un groupe méconnu à tort. Th’Legendary Shack Shakers ont joué devant un public clairsemé d’une centaine de personne...

B-SIDE ROCK était évidemment présent, en bande. Parmi eux : Nils qui n’avait jamais entendu le groupe auparavant, légerement intrigué ; et moi-même qui les ai découverts il y a un an et qui ai déja encensé deux de leurs albums dans ces pages. Afin de ne pas vous donner toujours une vision unique des choses à travers mes mots, Nils a aussi décidé de se jeter à l’eau pour faire part de ses impressions.

Aussi, une fois n’est pas coutume, voici deux chroniques pour le prix d’une. Peut-être cela vous semblera-t-il disproportionné pour un concert ayant attiré si peu de monde, mais il nous a semblé important de vous donner deux approches différente de ce groupe encore méconnu.

Bonne lecture

Arnold

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Th’ Legendary Shack Shakers
© Arnold

Chronique d’un novice

par Nils

Il y a des découvertes vraiment imprévues dans une vie, il nous arrive de chercher quelque chose et de le trouver, un beau jour, là où on ne l’attendait vraiment pas. Ça m’est déjà arrivé, récemment même, ça arrive tous les jours pour certains, mais cette fois-ci cela s’est confirmé musicalement.

Je sais plus trop comment cela a commencé. Je crois que cette histoire s’ouvre avec le rédac chef de B-Side nous gueulant qu’un super groupe de Nashville a déjà sorti quatre albums et que personne n’a encore voulu adopter leur super son. La peur et le doute subsistent car les deux critiques de leurs albums qu’il a fait avec acharnement et amour ne suffisent pas à nous convaincre. Mais il persiste en nous annonçant que ces déjantés viennent en France et veulent remplir la Boule Noire, il surenchérit alors en nous annonçant un groupe éclectique et bourré de folie. Histoire de mordre à l’hameçon il va jusqu’à nous inviter pour qu’on se laisse surprendre. Bien joué chef, on arrive.

Soyons clair, il est dans les 18h30 et je suis dans le RER A qui va doucement me mener à... à quoi justement ? Pendant tout le trajet la question qui me trotte dans la tête est : que vais-je voir et entendre ? On parle ici de mélange folk/country/gothique/punk/rock. Oui moi aussi j’ai fait cette tête d’autruche devant un ordinateur (©Christophe Aleveque) mais bon j’y suis, je me laisse tenter, j’aborde doucement l’escalier qui nous emmène dans la salle, vide. 20 personnes à 19h30, en comptant les ingénieurs son et les deux barmans on va monter à 90 quand les quatre Legendary Shake Shakers montent sur scène.

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David Lee
© Arnold

Ce qui va alors exploser devant nous est difficile à décrire. Un blond à lunettes rouges assez maigrichon, un grand baraqué et tatoué, un sosie de Dino en Marcel blanc les tatouages en plus, et un autre basique jeune homme blond arrivent sur scène. À peine le temps de compter jusqu’à quatre, la guitare electro-folk empoignée par notre Dino Américain est lancé et le groupe lâche une bombe A sur la Boule Noire. Je ne connais rien de ces mecs, pas une chanson, pas un son, le néant totale ; mais surprise mon pied bouge tout seul, ma tête suit immédiatement et sans se faire prier. Au bout de quelques chansons au son sale et électrique les présentations sont faites et on y voit plus clair : le sosie de Dino est en fait David Lee, ce guitariste a une fureur comme je n’en avais pas vu depuis des lustres enchaînant slide et discrets accords ; Mark Robertson lui, nous confirme tout simplement que sa contrebasse est un des éléments clés du groupe. Reste un discret batteur au doux nom de Brett Whitacre et un martien, le Colonel J.D. Wilkes, fini à l’ecstasy, speed et coke. Le mélange dont je parlais plus tôt est exactement retranscrit sur scène comme on pourrait ne pas s’y attendre. Toujours avec votre tête d’autruche que vous bougez depuis maintenant une bonne demi-heure, vous assistez à un combo batterie-guitare plus que boosté se rapprochant d’un son folk et punk, à droite la contrebasse pose sa délicate touche country-jazz et se fait superbement entendre, c’est un réel plaisir, elle calme le jeu franchement puissant de l’ensemble du groupe sans le ternir.

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Le Colonel la main dans le sac
© Arnold

Ne reste plus que la grosse attraction du groupe. Incontestablement le Colonel est un obsédé sexuel complètement barjot dépourvu de toute souffrance, réflexion et fatigue physique. Il saute, passe son temps à nous montrer son cul, fait toutes sortes de gestes avec ses doigts, danse, arrache les cheveux de ses quelques fans américains postés au premier rang et bombe son torse nu ou est tagué « Lance Amstrong ». En plus de ça nous avons à faire à un leader mêlant harmonica et chant, ce dernier jonglant entre les rapides couplets country qui sorte de son micro d’harmonica et des longs cris résonnant plutôt dans le gothique. Le colonel ne s’arrête pas en si bon chemin, danse russe, moonwalk, robotique, mimique à n’en plus finir, il va même glisser une banane dans son pantalon pour la faire exploser par sa fermeture éclair et slide la guitare de David Lee avec son harmonica. Au milieu du set s’ancre une petite ballade country et appuie la diversité du groupe qui arrive à mêler des genres tellement opposés qu’on en redemande.

Ce soir nous étions peu, et bien tant mieux, nous aurons profité en quasi privilégiés de ce groupe qui passe très bien l’étape « Paris », qu’il garde son maillot jaune et qu’il reste une rareté, peut être certains découvriront alors plus tard une pépite qui secoue vraiment énormément. Oui, Legendary Shake Shakers.

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Col. JD Wilkes
© Arnold

Chronique d’un habitué

par Arnold

Depuis que j’ai découvert ce groupe, une grosse claque, je n’attendais qu’une chose : découvrir le phénomène sur scène. Les ayant raté lors de la tournée de Robert Plant dont ils assuraient la première partie, je n’ai pas pu les rater cette fois. J’ai même entraîné derrière moi plusieurs amis et collègues b-siders. La bande trimballe derrière elle une forte réputation scénique. Je trépigne donc, la salle ne se remplit pas et je peste déjà sur le grand public français, indigne d’un tel groupe. Très vite je me calme, on aura un concert VIP, tant pis pour les autres.

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Mark Robertson
© Arnold

La salle est encore quasiment vide et compte une petite quarantaine de personnes quand les lumières s’éteignent. Le groupe monte alors sur scène. Enfin, je découvre en chair et en os les membres de ce groupe dément. Brett Whitacre, le plus normal à première vue s’installe derrière ses fûts, suivi de Mark Robertson, robuste contrebassiste au look très rockabilly, qui empoigne son instrument avec conviction. Apparait alors un énergumène recouvert de tatouages, les cheveux en arrière avec des faux airs de gangster, c’est David Lee, le guitariste, prêt à en découdre et à mettre le feu. Et enfin, le chef de la bande. En le voyant comme ça, on croit voir arriver un paysan bouseux du fin fond du Kentucky, mais bien vite le Col. J D Wilkes montre de quel bois il est fait, et le concert démarre sans plus attendre.

Le son est fort, crade, électrique et explosif. Très vite le peu de public présent se met à dandiner. Robertson frappe les cordes de sa contrebasse et David Lee se cambre sur sa guitare. Le Colonel lui, se tord dans tout les sens, suce son harmonica et hurle dans le micro. La Boule Noire est transportée dans un autre temps. Le rock’n’roll transpire de partout : de leur pores, de leurs instruments et sur nos tympans.

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© Arnold

Le colonel à lui seul est un spectacle. Très vite au début du concert, il ôte son t-shirt, laissant apparaître " LANCE ARMSTRONG " inscrit en noir sur son torse velu. Il raillera plus tard le maillot jaune du Tour de France, racontant que celui-ci n’a plus qu’un testicule. Le colonel confirme ce qu’il laisse transparaître sur les albums. Il est complètement siphonné. On le voit s’arracher les poils du poitrail (voir même du sexe) pour les lancer au public, s’ébrouer de sa sueur ruisselante, se rouler par terre, danser de diverses manières étranges, mimer des choses avec une banane... Enfin bref, intenable.

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© Arnold

Le groupe joue ses morceaux avec furie. Je reconnais les titres les uns après les autres, mais les redécouvre en même temps. Joués live, les chansons sont encore plus vibrantes, plus puissantes. Hunkerdown, Iron Long Oompah, No Such Thing, Ichabod, Agony Wagon, Blood On The Bluegrass... Le groupe est chaleureux et joue avec le public. Plusieurs fois, le colonel et son acolyte tatoué à guitare prennent la tête des fans du premier rang dans leurs mains, comme une bénédiction suprême. Ils haranguent la foule, tandis que l’axe rythmique du groupe qui se fait plus discret mais non moins excellent assure sa partie calmement. Vers la fin, la bande entame Nelly Bell, la ballade aux choeurs presque gothiques, qui clôt le dernier album. La version est simple, belle, le public s’il ne l’était pas encore, est conquis. Sur South Electric Eyes le colonel va chanter avec un fan qui semble connaître les paroles, le reste du public qui ne connait pas encore beaucoup les chansons peine à suivre les choeurs punk entonnés par le groupe, mais l’ambiance est quand même à son paroxysme.

Le concert fini, les tympans en vrille, le public reflue vers la sortie. Entre temps, la salle s’est un peu remplie, atteignant une centaine de personnes. Les Legendary Shack Shakers ont demandé de faire passer le mot pour que lors de leur prochaine venue, la Boule Noire soit remplie. Tout le monde a l’air convaincu. Espérons que le message soit passé et que le groupe jouera devant une salle remplie la prochaine fois.

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Le Colonel et David Lee
© Arnold


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