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mercredi 15 avril 2015
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par Kris le 12 juillet 2006
paru en 2005 (autoproduit)
Foxglove, au détour des six titres de leur premier EP, nous démontre toutes les qualités d’une scène parisienne indie en plein essor. Foxglove est formé en 2002 autour d’Hadrien (officiant également en solo sous le pseudo de Horse Mac Topper), de sa soeur Clem et Nick Beat. Trois ans plus tard, le résultat est là, Train EP est auto-produit et résonne fort dans nos enceintes.
On sent dès les premières écoutes la forte imprégnation d’une identité musicale très portée indie-rock. Les influences se font ressentir ça et là, posant les bases d’une bonne direction à suivre. L’ouverture sur Something Wrong annonce d’emblée la bonne couleur. Foxglove se décrit comme "a noisy pop’n’roll band", et on ne peut pas trouver mieux comme description. Excellemment bien rythmé, la mélodie vive et remuante fait suite à une intro de basse qui met en jambe, dans une tradition rock british. Le chant d’Hadrien de sa voix tiraillée et abrasive apporte une touche d’identité, une once d’insécurité par ce chant en-dedans, une sensation purement inadéquate apportant une profondeur rivalisant avec la rythmique pop en mouvement du titre. Finalement moins conventionnel qu’on pourrait le penser de prime abord, Something Wrong jongle pêle-mêle avec divers genres en trois minutes et demi. En témoigne la rupture imposée durant le pont par un clavier bondissant, pour repartir de plus belle. Cette même structure résonne à peu près de la même manière sur le titre Hype. Cependant, si le premier titre flottait un peu entre divers penchants musicaux, Hype trouve ses graines du côté d’un rock noisy comme Sonic Youth ou les premiers Boo Radleys. Les mélodies sont noyées dans un torrent de guitares, assommées par les coups assénés par la batterie, d’où s’échappent parfois des cris de chant saturés et déchirants. Très énervée, Hype décline une identité shoegazer de Foxglove, navigant dans un univers garage qui leur sied à merveille. Arrive Loser’s Life ou l’addiction à l’état pur. Un petit riff assassin et explosif à faire pâlir d’innombrables groupes anglais. Addictif et entraînant à souhait, Foxglove tient sans doute son premier single s’il devait en sortir un (ce dont on ne doute pas, vu la qualité de l’EP). Le chant encore parfait apporte un situationnisme éperdu à cette petite comptine électrique.
Bifaciale, Train EP propose un second aspect, moins pop, et moins rock aussi. Plus posé et plus structuré, cette deuxième façade est tout aussi intéressante. Le paysage proposé sur At The Station Late At Night est incroyablement limpide. Le chant d’Hadrien, prenant ici des allures de Nick Cave, s’appose sur une composition habitée et insidieuse, sombre et perdue dans l’aspérité d’une âme égarée. Très fort et longiligne, ce titre est suggestif et tout en retenue, possédant une profondeur intrinsèque portée par des résonances emmitouflées derrière un filet de guitare. L’influence shoegazing se fait de nouveau ressentir sur le lancinant Everyone Is Anyone. Les envolées enfumées s’enchaînent mêlant chant et instrumentales dans un registre très post-rock. Le dernier titre Time To Leave clôt cet EP. De nouveau l’aspect Nick Cave ressort, un chant profond et menaçant, très marqué, sur un rythme épuré. Un ton grave et solennel pour mettre fin à ce Train EP.
Foxglove nous a montré en six titres qu’il pouvait allégrement errer d’une noisy-power-pop puissante à la ballade pesante en passant par du rock expérimental progressif. Très prometteurs, les Parisiens, qui malgré des influences encore un peu trop marquées, nous livrent un Train EP des plus enthousiasmants. Jouissif, grave, passionnant, addictif, les sensations se mélangent et marquent les débuts encourageants de ces ressortissants d’une scène rock parisienne qui ne manque pourtant pas de prétendants. Tout y est dans ce six titres, l’insouciance côtoyant la dureté, la légèreté chatoyant le vertige. On ne peut rien faire donc d’autre que d’attendre l’approfondissement de cette mise en appétit apportée par ce Train EP.
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