Sur nos étagères
Trophy

Trophy

Made Out Of Babies

par Psymanu le 10 janvier 2006

3,5

paru le 21 septembre 2005 (Neurot Recordings)

Diminuer la taille du texte Augmenter la taille du texte Imprimer l'article Envoyer l'article par mail

Du bruit ! Mais pas dégueu. Made Out Of Babies est un quatuor New-Yorkais, avec une fille qui chante, ce qui, si ça n’est plus tout à fait original, n’est jamais pour déplaire. Puissamment noisy, le combo se donne les douze plages de son premier essai, Trophy, pour faire ses preuves.

Et ça bastonne, d’entrée. Parce qu’ils n’y vont jamais avec le dos de la cuillère, parce qu’on ne vomit pas ses tripes du bout des lèvres mais à gorge déployée et du fond du ventre. Celle de Julie Christmas est d’ailleurs soumise à rude épreuve. Il est joli comme un cœur, ce petit brin de femme et pourtant, rien de doux, rien de beau ne sortira de ses gémissements/éructations. Ca racle de partout, au diapason des guitares sursaturées de Brendan Tobin.
Herculoid annonce la couleur, cette alternance de phases calmes dont on sait qu’elles laisseront vite place à l’incendie. Made Out Of Babies aime les instants pesants, mais n’en use et abuse que pour les laisser exploser. Certaines plages peuvent faire penser à du Queen Of The Stone Age qui aurait lâché toute ambition mélodique, tel le puissant Sugar. Loosey Goosey, au refrain scandé, en coups de boutoir, réveillerait un mort. El Morgan est une longue plainte, déchirante, émotionnellement autant que pour nos tympans.

Made Out Of Babies use de deux plages pour laisser reposer son auditoire, le temps de deux Lullaby, sobrement intitulées n°1 et n°2. Le premier est un petit instrumental, plutôt intrigant, d’une minute et quelque. Le deuxième laisse soupçonner un potentiel quasi-Marilyn Monroe dans le filet de voix que Miss Christmas laisse échapper. Mais elle ne cède pourtant à aucune des facilités de ce type, elle préfère le rebrousse-poil là où l’on attend trop de caresses.

Ces petites pauses achevées, on reprend chaque fois de plus belle. Gut Shoveler crépite et Julie nous fait la démonstration de ses modulations vocales, minaudant puis jouant les crooners déjantés comme un homme, et l’on décompte les cordes que la belle a à son arc. Swarm est trash et lourd en tonnes. On profite de ce morceau et de Pirate, son suivant, pour remarquer l’excellent boulot de Cooper, dont la basse ronfle comme un vieux moteur, avec un son d’une épaisseur phénoménale.

Trophy est un très bon album. Poignant, respirant la sincérité et le don de soi. J’affirme cela avec d’autant plus d’assurance que ce style musical n’est généralement pas ma chope de bière (laissons la tasse de thé pour plus tard). A peine pourra-t-on reprocher aux Made Out Of Babies de trop s’appuyer sur les qualités de sa chanteuse, mais après tout pourquoi ne le feraient-ils pas ? Séduisante en voulant surtout ne pas l’être, Julie Christmas est l’étoile en haut du sapin de Noël, celle qui illumine la pièce et la réchauffe.



Répondre à cet article

modération a priori

Attention, votre message n'apparaîtra qu'après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici
  • Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom



Tracklisting :
 
1- Herculoid (3’47")
2- Loosey Goosey (3’16")
3- El Morgan (5’58")
4- Ire Fire (3’19")
5- Lullaby n°1 (1’07")
6- Gut Shoveler (4’40")
7- Sugar (3’49")
8- Lullaby n°2 (52")
9- Swarm (3’17")
10- Pirate (3’15")
11- Wounded Rhino (4’01")
12- Out... (41")
 
Durée totale : 38’02"