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Urban Hymns

Urban Hymns

The Verve

par Psymanu le 8 novembre 2005

sorti en septembre 1997 (Hut / Virgin)

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Le sort de The Verve (Richard Ashcroft (voc./guit.), Nick McCabe (guit.), Simon Tong (guit./clav.), Simon Jones (basse) et Peter Salisbury (batterie)) avait été plusieurs fois scellé avant que ne paraisse cet ultime album du combo britannique. Et pourtant, Richard Ashcroft et ses hommes décident de retenter le coup, et en 1997 est publié ce qui restera l’un des plus merveilleux chants du cygne qu’aucun groupe ait jamais commis : Urban Hymns.

Le single et premier titre du disque annonce la couleur avant de tout balayer sur son passage, à l’instar d’Ashcroft dans le clip : un violon lointain comme un soleil qui se lève, Bitter Sweet Symphony dresse d’entrée un bilan sévère et désabusé du monde dans lequel nous vivons. Belle idée (mais qui leur coûtera cher) que d’avoir samplé le Andrew Loog Oldham Orchestra, il donne sa légèreté à ce qui aurait pu n’être qu’une longue marche pesante. Mais finalement, pour magnifique qu’il soit, il ne rend pas vraiment compte de la musique jouée par The Verve, il ne dit pas grand-chose de ses élans psychédéliques, de la puissance émotionnelle débordant de la voix d’Ashcroft, des balades embrumées, de ses explosions soniques.

On sent sur un titre tel le funky The Rolling People qu’à tout moment il serait possible à ces gars-là de déchaîner des ouragans électriques, et pourtant. Jamais, tout au long du disque, il n’est question de ce genre de débordement. Bien au contraire, il semble traversé d’une sorte de fluide apaisant difficile à isoler ou même à décrire, en apesanteur, comme une inspiration irrationnelle.

Drogue ? Probablement. Il en est question, d’ailleurs, dans la planétaire balade The Drugs Don’t Work, acoustique et sobre, presque caressante tant chaque musicien semble effleurer son instrument. On accompagne Ashcroft dans sa descente, mais il persiste un espoir : « il la reverra », elle et son visage. On n’espère pas, si ça lui permet de nous pondre à nouveau une ou deux pépites d’un tel calibre. Dans un genre similaire, Sonnet est à peine plus électrifiée, le genre de truc qu’on a envie d’écouter au petit matin au réveil avec sa (son) partenaire, lorsque les rayons du soleil commencent à inonder la pièce.

Mais les drogues, en fait, on y pense surtout sur Catching The Butterfly, aux sonorités aquatiques, comme jouée dans un bocal, totalement hallucinée. Il y est question de rêves, d’attraper des papillons, de voir à travers. Ils font pas semblant et ça s’entend. S’ensuit Neon Wilderness, bouillie musicale où The Verve nous englue dans un trip de deux minutes et demi. Ça devait être de la bonne et ils en ont repris un peu. On leur pardonne parce qu’on aime aussi.

Space And Time, une mignonne sucrerie mais une solide déclaration d’amour, et l’on reprend quelque peu nos esprits. Et l’on se rend compte finalement que même lorsque l’on lâche les substances, il reste une dépendance aussi tenace, celle qui nous lie à l’être cher. Et puis il y a Lucky Man, un peu plus loin. Chanson d’un immense positivisme, planante, le constat que finalement tout ne va pas si mal, Richard Ashcroft prêche ses belles paroles et les violons de Bittersweet Symphony semblent revenir un court instant pour ce qui aurait pu conclure Urban Hymns et l’existence du groupe tout simplement de fort belle manière. Mais puisqu’on en redemande, ils nous en donnent. Et peu importe si par la suite ça s’essouffle un chouilla (mais c’est aussi parce qu’on n’en peut plus de planer). Quoi que sur Come On, McCabe nous rappelle que ce disque doit beaucoup de ses immenses qualités à ses guitares et à ses wah wah. Superbe feu d’artifice final en tout cas.

Quelques mois plus tard, The Verve annonçait officiellement son split. Ashcroft entamerait une carrière solo prometteuse, ce qui n’a finalement rien de surprenant dans la mesure où les titres présents sur Urban Hymns étaient originellement prévues par le chanteur pour lui et lui seul. Un album qui à n’en pas douter survivra à ses auteurs.



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Tracklisting :
 
1- Bittersweet Symphony (5’58")
2- Sonnet (4’21")
3- The Rolling People (7’01")
4- The Drugs Don’t Work (5’05")
5- Catching The Butterfly (6’26")
6- Neon Wilderness (2’37")
7- Space And Time (5’36")
8- Weeping Willow (4’49")
9- Lucky Man (4’53")
10- One Day (5’03")
11- This Time (3’50")
12- Velvet Morning (4’57")
13- Come On (15’15")
 
Durée totale : 75’58"