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Vincebus Eruptum

Vincebus Eruptum

Blue Cheer

par Fino le 16 janvier 2007

4

paru en janvier 1968 (Mercury)

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Qu’on le dise de suite : Blue Cheer fait partie de ces groupes des années 60 devenus discrètement cultes, qui valent très certainement un coup d’oreille mais dont on peut comprendre l’anonymat aujourd’hui. Formation à la violence peu commune pour l’époque, ils font partie de toute une ribambelle de jeunes gens s’appuyant sur une guitare interminable de haut calibre mais parfois peu écoutable si l’on n’est pas sous drogue. Blue Cheer, c’est une variété de LSD et le son le transpire. Du sous-Alvin Lee pour le niveau général si l’on veut, ou alors du sous, sous, sous-Jimi Hendrix si l’on insiste. D’un autre côté, s’il s’agit réellement de sous-Alvin Lee, il reste de la place pour quelque chose d’absolument jouissif, et d’indéniablement novateur. En 1968, avec Vincebus Eruptum comme premier coup de rasoir, le groupe de San Francisco lance un mouvement fracassant qui préfigurera le heavy metal. On ne joue plus avec les fleurs sur la baie, on les balance dans la cuvette et on... fait ce que l’on en veut ensuite.

Jouissif, c’est incontestablement le cas, on ne va pas se mentir. Le temps de trois satanées pistes qui agitent, décrassent la boite cranienne pour la remplir de lourdes notes un peu timbrées. On se disait qu’on aimait le Brand New Cadillac version renaissance des Clash, London Calling, etc... Des petites natures à côté de ce que Dickie Peterson (basse et voix qui va du fantastique aux tréfonds de la médiocrité), Leigh Stephens (guitare) et Paul Wahley (qui tape sur quelque chose) ont fait du Summertime Blues, tube fondateur et fondamental d’Eddie Cochran qui, s’il a assez de place, s’en retourne encore certainement dans sa tombe la nuit. On en a mal pour les six malheureuses cordes de la guitare de Leigh Stefens.

Le blues guilleret d’une des premières étoiles filantes du rock’n’roll est ici encre terriblement sombre ou ancre profondément plongée qui pourtant agite furieusement le bateau, et dévastation sauce les hippies sont tous des ratés. Le seul fait d’arme commercial restera une reprise, mais on est dans un autre monde que l’original. Ici s’acheve la premiere moitié du disque. La deuxième moitié est du blues, rien que du blues, mais du vrai cette fois-ci. Du blues électrifié à la sauce Janis Joplin sur Rock Me Baby, ou plus classique sur Parchment Farm. Ça suinte, ça fait des taches, ça traine à n’en plus finir, bref c’est réussi. On s’arrête là, le groupe a son culte assuré. Vous vous souvenez du “parfois peu écoutable” ? Il s’agit de tout le reste, face obscure ou jumeau diabolique qui ne méritera pas qu’on n’en parle davantage.



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