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We Are The Pipettes

We Are The Pipettes

The Pipettes

par Kris le 8 août 2006

3,5

paru le 17 juillet 2006 (Memphis Industries)

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Lorsqu’on entend pour la première fois parler de la nouvelle sensation comme il en sort toutes les semaines Outre-Manche, celle-ci en est pour le moins des plus surprenantes. On voit de loin le vaste concept marketing, un groupe de filles comme par hasard très (très très très) jolies revisitent un florissant héritage sixties, puisant cet univers jusqu’à revêtir les mêmes tenues d’époque, robes à polka dots, chevelures à la laque, maquillage de circonstance. Et les Pipettes ne se sont pas arrêtées en si bon chemin, paraît-il, puisqu’elles poussent le vice jusqu’à effectuer des chorégraphies elles aussi d’époque, histoire de faire le tour complet de l’illusion du revival sixties. Un improbable croisement entre un girls band et un groupe de bal de promo. Ca sent tout de même le marketing à plein nez, dont le concept reste néanmoins sympathique en poussant le processus de revival plus loin, quand la mode du moment puise allégrement dans les eighties ou les seventies, les Pipettes allongent et revisitent l’époque de Chubby Checker.

Une oreille curieuse mais prudente se penche donc sur ce premier album des Pipettes intitulé We Are The Pipettes. Dès le premier titre, on est surpris par le mélange moderne-vintage que nous inspire les Anglaises, balançant finalement peu dans la caricature (quoi ? qui a dit Patrick Bruel et son album Entre-Deux ?) d’une relecture contemporaine et pop d’un genre datant de près d’un demi-siècle. Ce que l’on peut dire, c’est que les Pipettes ne sont pas des usurpatrices et que leur projet n’est pas destiné à être un énième buzz basé sur du vent. Enfin si, mais une autre sorte de vent, plutôt un vent de fraîcheur, de neuf, de bonne humeur. The Pipettes nous servent ici une pop acidulée, une pop incroyablement efficace, intégrant parfaitement cette ambiance mi-dansante mi-mélo de la musique yéyé. Seul le titre d’ouverture We Are The Pipettes déroge un peu à la règle avec un gros son de batterie, un refrain percutant, comme pour nous faire mentir, et annoncer la couleur d’entrée de jeu. Les Pipettes ne sont pas là pour faire de la figuration. Les titres suivants leurs donneront raison, et nous donneront tort quant à nos craintes initiales.

L’album contient au moins une bonne demi-douzaine de tubes. Le second single Your Kisses Are Wasted On Me est un véritable tube, un hymne à la joie pop, absolument anachronique mais totalement distributeur de bonne humeur, pour nous amateurs de sucettes acidulées, couettes virevoltant au vent et courses effrénées dans les verdures de la colline. Le clip est kitschissime au possible, mais la formule prend. Et on se rend compte que finalement tout est lié, l’univers créé est un tout, les costumes, les chorégraphies enfantines et naïves, les jolies filles, le fond de teint, la pop facile. The Pipettes distillent à merveille leur fluidité lisse et efficace, leurs harmonies vocales d’un autre temps. Elles nous chantent des chansons légères sur des thèmes tout aussi légers toujours racontés comme à l’époque, à l’eau de rose, sans gravité, avec un positivisme à toute épreuve accentué par des refrains entraînants, des rythmes et des instrumentalisations que l’on ne s’attendait plus à entendre. Que ce soient des histoires de coeur et de garçons (I Love You, ABC, Because It’s Not Love) ou l’éternel mal-être adolescent (Judy, Dirty Mind) les chansons gardent toujours cette identité sobre et dansante, comme si tout était prétexte à finir en chansons sur lesquelles on se dandinerait volontiers sur la piste de danse d’une party américaine dans les années 60. Des titres comme Pull Shapes ou I Like A Boy In Uniform sont des excellentes relectures d’un état d’esprit et d’une intelligente réharmonisation d’une époque qu’on croyait si loin maintenant.

Cette absorption d’un demi-siècle de rupture avec la musique actuelle est réellement rafraîchissante et attisante. Ce serait comme manger un bonbon à la menthe en plein désert. Ca ne coupera en rien cette soif qui ne demanderait qu’à être désaltérée, mais sur le moment, on ne se refusera pas une petite gâterie, surtout si le tout est plaisant. The Pipettes ne révolutionnent en rien la musique, puisent allégrement dans un passé déjà bien existant, mais qu’importe les filles sont jolies, la musique est agréable, l’été est beau et chaud, We Are The Pipettes s’annonce comme une bande-son idéale pour nous accompagner durant ces vacances estivales. Finies les félines bronzées en bikini sur les plages ensoleillées, bienvenue au retour des robes à pois et au teint pâle, comme le disent si bien nos nouvelles Anglaises préférées :

We’re the prettiest girls you’ve ever met /
We are the Pipettes

Et elles sont de Brighton comme les filles d’Electrelane, ça donnerait presque envie de passer son été en Britonnie tiens...



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Tracklisting :
 
1. We Are The Pipettes (2’48")
2. Pull Shapes (2’58")
3. Why Did You Stay ? (1’43")
4. Dirty Mind (2’43")
5. It Hurts To See You Dance So Well (1’53")
6. Judy (2’47")
7. A Winter’s Sky (3’03")
8. Your Kisses Are Wasted On Me (2’11")
9. Tell Me What You Want (2’32")
10. Because It’s Not Love (But It’s Still A Feeling) (2’37")
11. Sex (2’38")
12. One Night Stand (1’40")
13. ABC (2’07")
14. I Love You (1’37")
 
Durée totale : 33’17"