« Mes enfants sont hyperactifs et pour canaliser leur énergie, je les ai forcés à monter un groupe de punk-speed-metal » : ça pourrait être le prochain thème de Toute Une Histoire, l’émission idiote de Delarue, et on y inviterait les Blood Brothers. En effet, ces frères de sang ont fait de l’hystérie un art de chanter et leurs petites voix suraiguës ne sont pas sans rappeler Tic et Tac, si ces derniers s’étaient égarés dans un groupe de métal hurlant. D’où la curieuse impression que le disque passe en 78 tours, ou que les types ont reniflé un ballon d’hélium avant de venir aux séances d’enregistrement. Quoi qu’il en soit, l’album s’appelle Young Machetes, « jeunes machettes » en français, et effectivement les Blood Brothers vont vous défricher la tronche et vous lacérer les oreilles sans aucune pitié ni aucun répit ! Soyons clairs : je ne serais pas surpris d’apprendre que les geôliers de Guantanamo se servent du disque pour torturer leurs prisonniers en le diffusant nuit et jour... Non pas que ce soit une daube inaudible, seulement qui peut à la longue supporter des gamins hyperactifs en train de brailler ? Cela dit, pour ceux qui aiment ce genre de musique, Young Machetes en vaut bien un autre, même mieux.

Sur l’échiquier du rock, les Blood Brothers se situent quelque part entre Deftones (il suffit d’écouter We Ride Skeletal Lightning pour s’en apercevoir), Snot et At The Drive-in, mais avec moins de talent et plus de vrillages de tympan. Hélas pour eux, ce petit bout de talent qui manque fait toute la différence, et on sent parfois qu’un rien pourrait transformer leurs riffs honnêtes en chansons sympas, et j’ai bien dit sympas, pas fantastiques. Il y avait notamment un sillon à creuser dans l’utilisation des claviers, qui fait de Laser Life et Spit Shine Your Black Clouds les morceaux les plus agréables du disque. Pour ce qui est des autres, ils balancent entre l’odieux et l’assourdissant ; à sauver toutefois quelques secondes ici ou là dans We Ride Skeletal Lightning, Vital Beach, Lift The Veil, Kiss The Tank et Street Wars/Exotic Foxholes.

Petite originalité, on dénombre parfois deux chanteurs dans le groupe, une caractéristique qui apporte son lot d’avantages (possibilité d’harmonies, hum, de jeux de voix, de polyphonies) et d’inconvénients (deux fois plus de cris !). À noter également, les Blood Brothers seraient-ils fans de Metallica ? Faut-il voir un hommage appuyé à Fight Fire With Fire dans le titre d’ouverture Set Fire To The Face On Fire ? Doit-on comprendre que We Ride Skeletal Lightning fait allusion à Ride The Lightning ? Tant de mystères, tant de questions... (Post-it : penser à réécouter Fight Fire With Fire pour se remonter le moral.) Voilà, j’aimerais tellement en dire plus sur cet album, mais ma santé mentale et auditive recommande de le ranger dans l’enfer de ma discothèque, tiens, à côté de Dangerous. En plus, je viens d’emménager et je crois que je commence à être grillé dans l’immeuble.