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Doctor's Oven

Doctor’s Oven

Hell’s Kitchen

par Arnold le 27 juin 2006

4,5

sorti le 24 mars 2006 (ELP ! Records)

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Souvenez-vous. Vous êtes enfant, sale gosse, chez vous dans la cuisine, à tenter de faire de la musique avec les casseroles, les couvercles et toutes sortes d’ustensiles passant à votre portée. Soudain, votre mère débarque, et vous invite expressément à arrêter ce bruit inaudible. Vexé, vous retournez dans votre chambre en maugréant... Avec le temps, vous avez abandonné, d’autres non.

Cédric Taillefert, percussionniste de son état, complète son set de batterie avec washboard, tambour de machine à laver, et couvercles de taille diverse, pendant que Nicolas Roggli navigue entre une vraie contrebasse et une contrebassine crée par ses soins avec un manche à balai planté dans une poubelle et quatre cordes tendues. Bernard Monney, lui joue d’une vraie guitare et chante d’une voix rocailleuse. Avec cet étrange attirail, Hell’s Kitchen attaque un bon néo-blues bien crasseux, imprégné d’alcool fort qui tord les boyaux.

Dès les premières notes, on prend un claque. Derrière cette verte pochette aux apparences inoffensives se cache une musique incroyable. Les percussions faites maison répondent à la contre-bassine, pendant qu’un bottleneck court sur la six cordes d’acier et qu’une voix sortie d’on ne sait où chante un bon blues à l’image des références des origines. Un blues fort, habité, avec son lot d’histoire glauque. On se retrouve à voyager sur des routes poussiéreuses d’un western spaghetti, s’attendant à trouver d’un instant à l’autre le fameux carrefour de Robert Johnson, là où on peut rencontrer le Diable. Non pas que je veuille comparer l’oeuvre de Hell’s Kitchen à la légende inégalable de Robert Johnson, mais l’esprit du blues habite bien ces quelques chansons. Du fin fond de sa Suisse natale, le trio de Hell’s Kitchen semble côtoyer lui aussi le Malin ... Le four du docteur, à la chaleur digne de l’enfer, est fascinant, il vous envahit, vous met presque en transe.

Les titres se succèdent sans faute, toujours avec la même puissance dans la voix, la même force dans la musique ... Des morceaux comme Brick Of My Body ou Lumfo brillent par leur instrumentation épurée : juste quelques notes de basse, une rythmique discrète, quelques accords parfois dissonants et surtout cette voix envoûtante, rappelant parfois Blues Explosion. On trouve ensuite des titres tels que My House, Jack Is A Writer ou Mysery où la rythmique est déjà plus marquée, syncopée, où les guitares sont plus présentes, l’ambiance est électrisante est à la limite de l’explosion sonore ... On remarque aussi Unfair, une perle mélodique hésitant entre soul et blues qui offre une pause au milieu de l’album.

Hell’s Kitchen débarque donc de Suisse avec cet album hors du commun, à la fois innovant, et rétro. Un album imprégné de blues dans toute sa profondeur, du vrai blues, celui qui fait parfois peur à voir, celui des bas-fond, et des soirées enfumées et alcoolisées, ...

Pour tous les amateurs de blues et de musiques déjantées, cet album est à découvrir absolument.



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Tracklisting :
 
1. My House (3’35")
2. Jack Is A Writer (3’27")
3. Brick Of My Body (3’57")
4. Dance Machine (3’55")
5. Stay In My Block (3’59")
6. Nice (3’29")
7. Unfair (4’26")
8. Lumpi Is My Dog (3’34")
9. Milano (3’31")
10. Misery (3’14")
11. Lumfo (4’10")
12. Easy Start (4’29")
 
Durée totale : 45’46"