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Field Songs

Field Songs

Mark Lanegan

par Brice Tollemer le 20 janvier 2009

4

Paru le 8 mai 2001 (Sub Pop).

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Ellensburg, état de Washington, 1985. Mark Lanegan fonde avec Mark Pickerel, Van et Gary Lee Conner, les Screaming Trees du nom d’une pédale de distorsion pour guitare. Ils enregistrent très rapidement leur premier EP, sur cassette, Other Worlds, qui est produit par Steve Fisk et distribué par Velvetone Records. Le 1er janvier 1986, toujours sous le même label, Mark Lanegan et les siens sortent leur premier album, Clairvoyance, mélange de rock psychédélique et punk-garage, à la croisée de Cream et des Black Flag. Ce disque plaît immédiatement aux personnes de SST Records, qui se proposent de sortir le second album des Screaming Trees, Even If And Especially When l’année suivante. La carrière de Lanegan est lancée. Cependant, elle prend assez rapidement une tournure beaucoup plus personnelle. Ainsi, dès le mois de mai 1990, le premier album solo du chanteur voit le jour. The Winding Sheet est une réussite, qui voit entre autres la participation d’un certain Kurt Cobain sur deux morceaux, dont la reprise de Leadbelly, « Where did you sleep last night ». Parallèlement aux Screaming Trees, Lanegan continue l’aventure d’une part en solitaire, avec Whiskey For The Holy Ghost en 1994, Scraps At Midnight en 1998 ainsi qu’un éblouissant recueil de reprises en 1999, I’ll Take Care Of You. D’autre part, il collabore également avec d’autres formations, notamment au sein de Mad Season, projet de Layne Staley et de Mike McCready, qui sort Above en 1995, mais aussi avec les Queens Of The Stone Age, d’abord sur Rated R, ensuite bien évidemment sur Songs For The Deaf.

C’est au mois de mai 2001 que sort sa cinquième production en solitaire, Field Songs. Savamment entouré de l’ancien bassiste de Soundgarden Ben Shepherd, de l’ancien guitariste de Dinosaur Jr Mike Johnson et de l’ancien bassiste des Guns N’ Roses Duff McKagan, Mark Lanegan livre tout au long de l’album ses sentiments mélancoliques et sa rage désespérée, le tout porté par un timbre de voix dont la gravité et la pesanteur bruissent paisiblement dans une atmosphère fleurant bon le bourbon et Kerouac. « One Way Street » annonce d’emblée comment sera le reste de l’album : le chant de Lanegan est d’une beauté et d’une sensibilité remarquable, les accompagnements instrumentaux le sont tout autant et on navigue entre le poème et le spleen :

« When I’m dressed in white
Send roses to me
I drink so much sour whiskey
I can hardly see »

L’énergique « No Easy Action », la religieuse « Miracle » et la douceur de « Pill Hill Serenade » nous emmènent prodigieusement vers la sublime « Don’t Forget Me ». Chanson d’amour désabusé, elle constitue sans nul doute l’un des grands moments de cet album :

« I know that there’s somebody new
Much better than me
When that change starts to swing, keep in mind one thing
Don’t forget me dear »

Tout au long de ces Field Songs, Mark Lanegan a su bien s’entourer. A ce titre, « Kimiko’s Dream House » est certainement la plus émouvante. Ecrite à Los Angeles en 1996, elle est l’œuvre de la collaboration du chanteur avec Jeffrey Lee Pierce du Gun Club, quelques semaines seulement avant la mort de ce dernier. La suite du disque se déroule impeccablement, de la christique « Resurrection Song » à la conclusion « Fix ». Tout cet ensemble, combinant dans un même élan baudelairien nostalgie attristée et impression désabusée, fait de cet album une pièce magistrale et essentielle dans le puzzle de l’existence de l’ancien chanteur des Screaming Trees.

Avec ce cinquième chapitre solo, Lanegan s’impose définitivement comme l’un des songwriters les plus remarquables de sa génération. Par la suite, il réalise un sixième effort personnel, avec Bubblegum, en 2004, livre deux productions avec Isobel Campbell (Ballad Of The Broken Seas en 2006 et Sunday At Devil Dirt en 2008), participe au second disque des Soulsavers en 2007, et a sorti avec les Gutter Twins (projet qu’il a formé avec Gred Dulli des Afghan Wings) Saturnalia l’année dernière.



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1. One Way Street (4’18’’)
2. No Easy Action (4’01’’)
3. Miracle (1’58’’)
4. Pill Hill Serenade (3’27’’)
5. Don’t Forget Me (3’13’’)
6. Kimiko’s Dream House (5’26’’)
7. Resurrection Song (3’33’’)
8. Field Song (2’19’’)
9. Low (3’13’’)
10. Blues for D (3’36’’)
11. She Done Too Much (1’28’’)
12. Fix (5’47’’)
 
Durée totale : 42’30’’