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mercredi 15 avril 2015
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par Giom le 20 juin 2006
paru en avril 2000 (Dreamworks)
Pourquoi parler de Figure 8 alors qu’il ne restera peut-être pas autant dans les mémoires que les chefs-d’œuvre d’Elliott Smith que sont Either/Or ou XO ? En dehors de toute subjectivité ou considérations sentimentales qui n’auraient par leur place ici, on peut dire que Figure 8 marque la symbiose entre les deux penchants de l’œuvre d’Elliott Smith, d’un côté la tradition et le dépouillement acoustique démarrés dès le premier disque de l’artiste Roman Candle et de l’autre la tentation d’une pop baroque et aérienne, cette fois avec des orchestrations magistrales. Car il y a tout ça dans Figure 8, et bien plus encore.
La Figure 8 est une figure de patinage artistique apparemment très difficile à exécuter. Le choix de se titre pour son cinquième album semble d’emblée montrer l’ambition musicale d’Elliott Smith qui au moment où sa vie prend un tournant très malsain souhaite à nouveau donner le meilleur de lui-même sur disque. Pour cela, il hantera les studios d’Abbey Road, à la recherche d’une inspiration héritée de la (maintenant) longue tradition pop britannique.
Pop justement est le morceau d’ouverture Son Of Sam, sorti en single pour soutenir l’album à sa sortie, ce titre est un petit joyau dans la pure veine du disque précédent XO où les accords électriques forment une mélodie imparable qui permet à Smith de poser une voix si particulière mêlant dans le texte sa thématique personnelle de la perte d’identité à des références à la religion hindouiste. Smith frappe très fort d’entrée de jeu ouvrant son disque par ce qui s’impose comme une de ses compositions les plus réussies. D’autres titres continueront dans cette veine qu’on sent redevable aux Beatles, Beach Boys et autres formations sixties (Junk Band Trader, LA, Stupidity Tries...).
De l’autre côté donc, Elliott et sa guitare acoustique comme à ses débuts du temps où il n’était une star que pour une poignée d’habitants de Portland, avant l’épisode Good Will Hunting, les apparitions à la TV et toute la fanfare. Le titre Somebody That I Used To Know se présente alors comme une merveille, beau d’une beauté brute, d’un dépouillement significatif d’un état d’esprit à vif et d’une humanité perdue. Everything Reminds Me Of Her est du même acabit revisitant brillamment le genre ultra usé de la chanson d’amour. Ici encore, les accords sonnent justes et la voix ne peut qu’émouvoir malgré des propos sans véritable originalité mais tout de même très touchants :
“I never really had a problemBecause of leavingBut everything reminds me of herThis evening”
Le piano est également très présent sur le disque, apportant une voix supplémentaire aux titres de l’album. Everything Means Nothing To Me commence ainsi par quelques notes avant l’éclatement appuyé par la batterie et la répétition par le chanteur de son credo nihiliste. Piano qui finira le disque sur un morceau instrumental, Bye, qui s’impose rétrospectivement comme un adieu en musique d’Elliott Smith. Triste, amer, comme l’est son destin.
Car Figure 8 est bien le chant du signe d’Elliott Smith, son dernier album entièrement achevé par ses soins. Rien que pour ça, c’est intéressant.
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