Livres, BD
Jimi Hendrix, la légende du Voodoo Child

Jimi Hendrix, la légende du Voodoo Child

Martin L. Green & Bill Sienkiewicz

par Giom le 1er novembre 2005

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publié aux Éditions Delcourt en 2004 (aux États-Unis en 1994 accompagné d’un CD de six titres acoustiques : Jimi By Himself The Home Recording) ; 128 pages.

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Les Éditions Delcourt ont, pour notre plus grand plaisir, publié l’année dernière la « biographie » en bande dessinée des américains Martin L. Green (scénario) et Bill Sienkiewicz (dessin, couleur). Ce travail remarquable ne peut que passionner tous les amateurs du guitariste de Seattle, sa principale réussite étant l’éblouissement graphique qu’il provoque. Ça part dans tous les sens comme un solo d’Hendrix, le dessin est par moment très travaillé et, à d’autres, beaucoup plus flou et évasif, à l’image de la musique du Voodoo Child, très technique mais d’où ressort un sentiment de liberté absolue. Pour aller plus loin dans la création très forte d’un lien entre le dessin et la musique d’Hendrix qui sert de véritable base à l’ouvrage, Sienkiewicz fait exploser la délimitation classique en cases des pages de bande dessinée et laisse surgir des couleurs enivrantes. Le parallèle avec les compositions d’Hendrix est alors évident, lui qui avait si bien intégré l’héritage blues classique pour mieux le faire exploser grâce à la puissance de l’électricité.

D’un point de vue du fond, le gros avantage de ce livre est bien de faire ressortir l’incroyable nouveauté que représentait à la fois le personnage et sa musique. Le texte met bien en évidence la forte érotisation de la musique d’Hendrix qui est certainement une des bases de son succès. La définition d’un musicien pour Hendrix est ainsi rappelée tout au long de ces pages : il s’agit bien de « faire l’amour à quelqu’un par la musique » et surtout pas autre chose !

D’un point de vue historique, tout y est, des galères des débuts (tournées sans fin dans le « Chitlin’ circuit », contrat bidon qui le poursuivra tout le reste de sa carrière...) au succès si soudain et foudroyant (rencontre avec Chas Chandler, formation du Jimi Hendrix Experience, sensation au Monterey Pop Festival...). Rappelons que la carrière d’Hendrix, qui a bouleversé la musique populaire, n’a duré que quatre ans !
Les seuls bémols de cette bande dessinée consistent dans la narration à la première personne qui en déconcertera certains et qui donne un côté un peu hagiographique à l’histoire, Hendrix y étant présenté comme quelqu’un d’une bonté un peu trop absolue. On peut également regretter le côté un peu mystique de l’ouvrage - une créature, toute de noire vêtue et sortie d’on ne sait quelle ténèbre rappelle à de nombreuses reprises à notre pauvre Jimi sa condition de mortel - mais il semblait difficile de faire autrement quand on chronique la vie d’une personne dont la grand-mère cherokee (« à 100% » précise le narrateur) apprend très tôt à son petit-fils à « laisser dériver librement son imagination et son esprit. »

Mais le tout reste formidable et enthousiasmant. On ne peut que conseiller cet ouvrage à toute personne souhaitant améliorer ses connaissances sur cet artiste majeur qu’est Jimi Hendrix. Après avoir dévoré les 128 pages, on en ressort la tête au pays des châteaux de sable qui glissent dans la mer ! Pour peu qu’on mette le disque en même temps...



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