Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Emmanuel Chirache le 5 octobre 2010
John Lennon aurait dit : « le rock français c’est comme le vin anglais ». Ok, il y a un peu de ça, nous sommes les premiers à le reconnaître à Inside Rock. Pourtant, en y regardant de plus près on constate combien l’hexagone a contribué à l’histoire de la musique populaire, posant ici ou là une jolie pierre à l’édifice d’ensemble. Voici donc la seconde partie d’une liste non exhaustive d’artistes français de grand crû.
Synthetic Man - Rockets (Galaxy, 1980)
Imaginez la French Touch avec vingt ans d’avance, vous obtenez les Rockets, groupe français à l’esthétique et à la musique futuristes, obsédé par les martiens, la SF et les robots, au crâne rasé et à la peau peinturlurée d’un gris anthracite de Golf Volkswagen. Le résultat est tout simplement délirant, à redécouvrir urgemment pour tous ceux qui aiment le disco rock intelligent, dansant et glam. Exemple avec ce Synthetic Man qui n’a pas vieilli pour un sou et qui fait passer Robot Rock des Daft Punk pour un truc de croulants. Vers 2’10, le bridge au synthé arracherait même une larme à Robert Patrick dans Terminator 2. Bref, on ne comprend pas pourquoi les Italiens sont les seuls à l’époque à avoir plébiscité les Rockets dans des proportions aberrantes, il suffit à cet égard de lire sur youtube les commentaires dithyrambiques de ritals en extase, évoquant "il grande Christian [Le Bartz, le chanteur]", ou "christian è il mio Dio", pour le constater. Il est à noter que la discographie du groupe a été rééditée dans une qualité fabuleuse et que Synthetic Man sonne encore mieux que dans cette version vidéo pourrie.
Comme un guerrier - Gérard Manset (Comme un guerrier, 1982)
Attention, culte ! Gérard Manset invoque l’âme guerrière des grandes mythologies païennes indo-européennes et porte aux nues le courage des grandes brutes téméraires qui les ont fondées à coups de glaive dans la gueule. Les paroles sont touchantes de naïveté ("Comme un guerrier qui tombe / Un pied dans la tombe", génial...), et la musique hausse le kitsch au niveau du grand art. Superbe piano très eighties dans l’esprit, gimmicks ringards de gratte électrique en contrepoint, et surtout crescendo au violons à tomber à la renverse. On chiale quand ceux-ci fendent l’air et que Manset chante :
Nous prendrons nos fusils,Nous savons nous battre aussi.Afin de voir s’ils sont heureux,Afin de voir s’ils sont heureux.
Inutile de préciser que Manset est incontournable dans le paysage musical français.
Little Johnny Jet - Les Dogs (Legendary Lovers, 1983)
Les Dogs, sans doute le nec plus ultra du rock français. Du rockabilly au punk, il n’y a qu’un pas que le groupe a franchi allégrement durant les années 80, pour un résultat hallucinant. Multipliant les pépites, Jean-Dominique Laboubée et ses acolytes n’ont peur de rien ni personne. Ils jouent un rock survolté qui ferait danser Eric Zemmour ou Marc-Edouard Nabe à l’insu de leur plein gré, à l’image de ce Little Johnny Jet irrésistible. On fond pour eux.
Scènes de manager - Alain Bashung (Play Blessures, 1982)
Bashung, veritable ovni du rock français, prouve une fois de plus sa singularité avec ce Scène de manager flippant et robotique, étrange rejeton de la vogue SF de l’époque. « Bulldozer, brillantine, pourquoi faire ? sont des scènes de manager » nous dit Alain, qu’on ne comprend qu’à demi-mot. Pas grave, l’œuvre du monsieur impose le respect, depuis Gaby oh Gaby jusqu’à Bleu Pétrole en passant par Play Blessures et Fantaisie Militaire.
Porcherie - Béruriers Noirs (Viva Bertaga, live de 1990)
Un classique, que ce soit le morceau ou le disque entier, concert d’adieux donné à l’Olympia en 1989. Même si tous ce qu’ils ont fait n’est pas impérissable, loin de là, les Bérus avaient tout de même le feu sacré comme on peut le voir ici. Face à une foule de keupons en délire, le groupe transforme sa prestation en happening sauvage et incandescent. les musiciens font claquer leurs accords bas du front et beuglent ce Porcherie comme jamais, avec un charisme qui laisse pantois. Le slogan de fin, "la jeunesse emmerde le Front National", hurlé par la salle entière, dont la moitié monte sur scène pour chanter et pogoter, reste un moment unique dans l’histoire du rock français. A vous hérisser le poil.
La Rage - Noir Désir (Dies Irae, 1994)
Ouverture du mythique Dies Irae, La Rage porte bien son nom. Enflammé, vigoureux, emporté, le morceau lance un concert fabuleux sur les chapeaux de roue, confirmant que Noir Désir est le meilleur groupe de rock français des années 90. Et n’oubliez pas qu’ "au dehors les chiens se frottent aux herbes sages des jardins". Du Cantat dans le texte, mais si brillamment déclamé qu’on pardonne.
Monsieur - Thomas Fersen (Qu4tre,1999)
Une voix cassée de saoulard, un goût prononcé pour le clavecin et le ukulélé, des textes insolites, voici Thomas Fersen. Parfois un peu trop prévisible, Fersen a de temps à autre des fulgurances qui accouchent de chansons jouissives, comme ce Monsieur écrit de main de maître. Entre musique populaire et menuet traditionnel, le morceau s’apprécie avec délectation.
Contraddiction - Mass Hysteria (Contraddiction, 1999)
Allez savoir pourquoi, de Trust à Gojira, les Français ont toujours mieux œuvré dans le heavy metal que dans le rock proprement dit, sans doute en vertu d’une haine atavique du succès commercial et d’un penchant pour les avant-gardes populaires. C’est tout à notre honneur. Enfin pas toujours, hélas. Quoi qu’il en soit, Mass Hysteria aura porté haut les couleurs hexagonales en réussissant cette prouesse de produire le meilleur album de heavy metal, de new metal, et de metal indus français en un seul disque, et chanté dans la langue de Molière s’il vous plaît ! Je veux parler bien sûr de Contraddiction, d’où est tirée la chanson du même nom. Si le son a légèrement vieilli, la puissance, la spontanéité, l’audace, eux sont toujours là. Rien à dire, ça claque méchamment.
Slandinji The Grinning Tree - Nosfell (Pomaïe Klokochazia balek, 2005)
Avec sa guitare acoustique entre jazz manouche et folk ou funk déjanté, la musique de Nosfell prouve une nouvelle fois que la variété française ne se limite pas forcément à Christophe Maé ou Sexion d’Assaut. Accompagné d’un simple violoncelliste (Pierre Lebourgeois), le chanteur impose une patte personnelle qu’on pourrait classer dans la catégorie "zarbi" en raison de la langue qu’il a inventée, le Klokobetz, de son chant maniéré et virtuose, enfin des fables étranges qu’il colporte de chanson en chanson, d’album en album. Auteur d’une œuvre aussi riche que variée, Nosfell mérite qu’on s’attarde sur lui.
Master and Servant - Nouvelle Vague (3, 2009)
Projet de Marc Collin et Olivier Libeaux, Nouvelle Vague est un groupe de reprises un peu particulier. Au départ, l’idée consiste à adapter des titres de new wave en bossa nova (les deux expressions signifiant "nouvelle vague") avec des chanteuses jeunes, jolies et à la voix sexy. Combinaison gagnante puisque le premier disque convaincra les critiques et se vendra très bien un peu partout. Le projet évoluera alors vers tout type de musique acoustique, en gardant à l’esprit le principe de la reprise de chansons issues de la new wave, du punk et du post-punk. Ici, c’est le fameux Master and Servant de Depeche Mode qui est interprété de main de maître par Melanie Pain et le compositeur original Martin Gore, tandis que l’instrumentation jazzy fonctionne à merveille.
F*** Michael Jackson - Inspector Cluzo (The French Bastards, 2010)
Voici le dernier grand groupe de rock français en date. Pour la première fois sans doute en France un groupe de rock "classique" parvient à se hisser au niveau international. Funk, blues rock, soul, grunge, les Inspector Cluzo passent à leur moulinette des genres qui ne réussissent pas en général à l’hexagone. Eux, pourtant, assurent méchamment dans tous les domaines. Si ce superbe F*** Michael Jackson fait briller leur côté soul, d’autres morceaux démontrent l’habileté du duo à balancer des riffs bluesy zeppelinien, alors que d’autres encore les font sonner gras comme du hard rock à la sauce AC/DC. On les aime, on leur fait un bisou.
Manquent à cette playlist :
Noël DeschampsRonnie BirdClaudine LongetAntoineYves SimonPhilippe ChatelMagmaAngeJacques HigelinStinky ToysLili DropTrustMarquis de SadeTaxi GirlRita MitsoukoJad WioMiossecTreponem PalNo One Is InnocentDaisy BoxDionysosKaterine, etc.
Vos commentaires
# Le 15 octobre 2011 à 12:11, par Damien En réponse à : John Lennon, le rock français existe et il t’emmerde part.II
# Le 15 octobre 2011 à 13:07, par Emmanuel Chirache En réponse à : John Lennon, le rock français existe et il t’emmerde part.II
# Le 9 novembre 2012 à 18:02, par david En réponse à : John Lennon, le rock français existe et il t’emmerde part.II
# Le 23 juillet 2013 à 12:01, par Jean En réponse à : John Lennon, le rock français existe et il t’emmerde part.II
J’aime pas les Beatles et je ne sais quasi rien de Lennon, mais il a tellement raison.
La France n’a jamais rien produit de novateur en Rock, Tous ces groupes sont de pales copies de précurseurs anglais et américain pour la mojorité.
Les labels n’ont jamais pris aucun risque ici. Il faut toujours que ça ressemble à quelquechose qui marche pour que ce soit produit...
Le rock français c’est de la soupe...
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |