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L'Enfant Sauvage

L’Enfant Sauvage

Gojira

par Thibault le 5 juillet 2012

paru le 25 juin 2012 (Roadrunner/Warner)

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Sorti il y a seulement une dizaine de jours, L’Enfant Sauvage s’impose déjà comme un jalon dans le parcours de Gojira. Le groupe avait déjà la faveur des critiques, il gagne désormais une reconnaissance commerciale en étant le premier groupe de metal français à entrer dans le top 10 des ventes. Une bonne nouvelle, qui prouve que la crise du disque n’est pas forcément un frein pour les formations qui travaillent sur le long terme. Le cinquième album du quatuor est le résultat de ces efforts et présente de nombreux atouts qui expliquent son plébiscite. Tout d’abord, un cap a été franchi en matière de production.

Moins abrutissant, plus subtil dans sa manière d’agencer les nombreuses pistes de guitares, le mixage donne un vrai souffle aux compositions. De même, le son de la batterie est beaucoup moins claquant, plus puissant, à l’instar du jeu de Mario Duplantier, un peu plus parcimonieux qu’auparavant, bien mis en valeur par un mix des cymbales simple mais bien pensé (un coup dans l’oreille gauche, paf à droite, bing sur le nez !) Songeons enfin aux lignes de chant qui font l’objet d’un traitement assez curieux, plutôt aéré, qui fonctionne très bien et dont le principal effet est de gommer la sensation de hurlement ininterrompu. Joseph Duplantier gueule toujours, mais le rendu est plus mélodieux. En une formule à la con comme on les aime, c’est un peu l’album de la force rentrée. Du bel ouvrage donc, très homogène, qui montre que les codes un peu épuisés du death metal (riffs en staccatos, effets de manche, double pédale en triple croche et cymbales pour les fioritures) peuvent s’avérer encore très sympathiques quand on a le son et la juste mesure.

A ce titre, L’Enfant Sauvage remplit largement le contrat d’un vrai bon disque de metal. Il y a peu de moments où l’ennui pointe son nez, le travail de variations est solide, en témoigne le titre Liquid Fire qui se joue facilement de l’exercice « et si je me prenais pour Pollock en jetant en l’air des motifs pour en faire quelque chose ? » Et si le groupe ne déjoue pas toutes nos attentes et ne nous emmène pas vraiment en terrain inconnu, il évite aussi le fan service et les gros soupirs de redondance, ce qui n’est pas rien. Bref, les morceaux sont bons, il y a peu à raboter à l’exception d’un ou deux titres (notamment le premier), le fan est aux anges, le métalleux ravi, et l’amateur lambda peut même trouver ça audible.

Néanmoins, on ressent aussi une certaine frustration à l’écoute d’un album qui tue dans l’œuf quelques idées nouvelles. Quelques breaks qui auraient du être monstrueux n’ont qu’un impact diminué ; mais surtout, des instants qui augurent d’ambiances inattendues sont finalement laissés en rade dans de trop nombreux fade out qui noient le poisson… On ne sait pas trop quoi penser de ces quelques overdubs aux saveurs qu’on ne peut pas goûter, pas vraiment assumés, encore trop esquissés pour être excitants ou prometteurs, à l’image de l’interlude The Wild Healer. On ne sait pas si c’est en germe ou si c’est décoratif, en somme. Même le morceau le plus original, Born in Winter, laisse un léger arrière goût d’inachèvement. L’Enfant Sauvage ne souffre pas de temps faibles, mais il lui manque aussi quelques climax comme l’étaient Flyings Whales ou Vacuity sur les précédents albums. Néanmoins, vus son homogénéité, la qualité de son artisanat et son surprenant confort d’écoute au casque, on prédit une belle longévité à cet album.



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Tracklisting
 
1. Explosia - 6:39
2. L’Enfant Sauvage - 4:17
3. The Axe - 4:34
4. Liquid Fire - 4:17
5. The Wild Healer - 1:48
6. Planned Obsolescence - 4:39
7. Mouth Of Kala - 5:51
8. The Gift Of Guilt - 5:56
9. Pain Is A Master - 5:07
10. Born In Winter - 3:51
11. The Fall - 5:23
 
Durée totale - 52:22