Livres, BD
Le Rock Et La Plume

Le Rock Et La Plume

Gilles Verlant

par Nils le 3 octobre 2006

4,5

paru en 2000 (Editions Hors Collection)

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Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas pris un tel plaisir à lire.

Le contenu de ce bouquin vous est franchement bien résumé par le titre. Du rock, il y en aura, oui, des festivals, les Stones, les Beatles, Dylan, du psyché, du punk et même du rock français ! De la plume, aussi, parfaitement bien maniée par un gratin français à ne pas négliger. On se laisse complètement plonger dans les sublimes écrits de Christian Lebrun, Alain Dister, Philippe Paringaux, Paul Allessandrini ou Philippe Manœuvre. Gilles Verlant rassemble donc des textes parus dans divers magazines entre 1960 et 1975, comme Rock & Folk, Best ou Salut Les Copains et on sent qu’il y est allé de bon cœur pour nous faire revivre l’excitation qu’il y avait à l’époque, celle d’assister aux festivals comme Woodstock ou l’Île de Wight, et de vivre l’arrivée de Dylan ou les débuts du Grateful Dead.

Découpé en neuf chapitres tous aussi intéressants et enrichissants les uns que les autres (débutant par Les Pionniers et finissant par Le rock Français), vous avancerez dans l’histoire du rock en commençant par Jerry Lee Lewis, puis Mick Jagger, Iggy Pop et Magma, sans oublier les autres qui ont contribué à l’histoire.

À savoir qu’il y a quand même du bon et du passable. Seulement, le bon culmine tellement au sommet d’écriture, que tout d’abord elle nous donne un bon coup de nostalgie du genre « mais pourquoi de si beaux textes sont si rares aujourd’hui ? » (peut-être la faute de la musique qui ne donne plus ce déclic qu’on appelait Rock And Roll) et de l’autre on se dit que faire ressentir un disque ou un concert de cette manière est la plus belle des choses.

On commence par le début si vous le voulez bien ? Servi sur un plateau, vous pourrez dans le premier chapitre (entre Jean Claude Berthon et Philippe Constantin), déguster le super « journal intime » d’Alain Dister nous détaillant sa vie aux États-Unis à travers le folk et le beatnik. Par hasard, prenons ensuite dans le tant attendu chapitre Stones ou Beatles ? l’incontournable article du regretté Christian Lebrun, blâme de John Lennon version accouplé avec Yoko Ono ? Vous voyez ? Anthologique, propre, court, avec une énergie rare, une objectivité permanente et même des points d’exclamation à tout va ! Mais le nom de cette rubrique cache une pépite à portée de main. Glissée entre les deux géants anglais, Philippe Paringaux nous raconte un autre maître en la matière mais Who ?

Pour la suite, la partie sur le temps des festivals est tout simplement à dévorer (avec entre autre un dessin de Gotlib). Et puis le folk en deux articles (tiens, I tunes vient de me choisir Leopard-Skin Pill-Box Hat) à l’époque où le mouvement revient en force, début sixties, un sur Dylan, l’autre sur Springsteen.

Puis Les débuts du hard rock, alors qui dit début dit peu de contenu, toujours en deux papiers, MC5 et Led Zeppelin et on enquille directement sur le psyché, Frank Zappa, Grateful Dead et encore Alain Dister pour nous raconter Pink Floyd, pour ainsi dire la base. À noter la présence d’un dessin de Jean Solé extrait de Magical Mystery Pop.

Nous voilà au gratin, au meilleur, non pas la dernière part du gâteau mais la plus fondante. Les décadents. Comprenons ici Bowie et l’ante punk. Paul Alessandrini y laisse deux articles, le premier est une sorte de story sur l’homme aux multiples facettes qui chante l’homme des étoiles, le deuxième est tout bonnement un des meilleurs papiers du livre avec une description rapide, brutale, moderne et froide sur un album dont on ne cite plus l’auteur, Fun House. Et puis de toute façon, l’Iguane est gratifié de nombreux autres articles, vantant tout ses mérites entre Alice Cooper, Mick Jagger les New York Dolls par un de leur plus grand fan français (oui, sinon on aurait été chercher une lettre de Morissey au NME de l’époque), Patrick Eudeline, et Lou Reed par Philippe Manœuvre (dont il parle déjà dans son livre Dur À Cuir lors d’un concert à Philadelphie en 1978). Oui, vous pensiez pas qu’il (Lou Reed, hein ...) serait absent du chapitre portant un tel nom, c’est comme le gouvernement américain ( j’ai dit seulement le gouvernement, hein... ) ou une action politico/caritative de Yoko Ono (non, je ne m’acharne pas sur elle), ça n’a pas de sens.

Et la fin approche, déjà, avec le court avant dernier chapitre, comprenant entre autre une mini-guerre entre Charlie Hebdo et Rock & Folk, puis le rock français, Magma par Philippe Paringaux, oui il y a déjà au moins sept articles de lui dans le bouquin, mais que voulez-vous, quand on manie bien la plume... D’ailleurs, dans la même catégorie des plaisants à lire, je finirai par Hervé Muller. Peut être pas pour son article sur Higelin, mais sûrement pour son hommage à James Douglas Morrison, un an après sa disparition et avec qui il a passé quelques temps pendant son passage à Paris.

Le Rock Et La Plume est donc ce qu’il vous faut pour revivre le commencement du mouvement rock à travers ceux qu’ils l’ont vécu.



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