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Make Yourself

Make Yourself

Incubus

par Emmanuel Chirache le 7 juillet 2009

3

Paru en 1999 (Immortal/Epic)

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La vilaine pochette de Make Yourself ferait craindre un horrible disque de dance comme on en produisait tant dans les années 90. Pourtant non, il s’agit bel et bien d’un album de niou metal comme on dit, ce genre qui fusionna le metal avec tout ce qu’il était possible de fusionner (hip hop, funk, indus) au mitan des nineties. Décriée aujourd’hui, cette scène eut toutefois le mérite de tenir bien haut le flambeau du rock à une époque où la chose était loin d’être aisée. Coincé entre la techno d’un côté et le rap de l’autre, le rock vivait alors des heures bien sombres que seuls vinrent égayer les premières œuvres de Korn, Deftones, Incubus, System Of A Down ou Coal Chamber pour n’en citer qu’une poignée. Parmi eux, nos amis d’Incubus se démarquaient au départ par des accents funky plus prononcés et pour l’originalité avec laquelle Michael Einziger se sert de sa guitare. En revanche, et contrairement à des formations telles que Korn, le groupe s’est forgé un son beaucoup plus classique que celui de ses compères, peinant à s’inventer un véritable univers dans ce domaine.

En 1997, le groupe fait ses premières véritables armes avec Enjoy Incubus, disque intéressant sous forte influence funk mais mal produit. Viendra ensuite l’excellentissime S.C.I.E.N.C.E, opus foisonnant, décalé, à la fois rythmique et mélodique, capable de mêler tueries funky comme Deep Inside, assauts métalliques à l’image de Vitamin et autres bizarreries délectables telles que Nebula. Deux ans plus tard, c’est clairement un virage plus grand public que prend Incubus en sortant Make Yourself. La production, signée Scott Litt, reste grosso modo dans la lignée du précédent tout en sonnant davantage FM. C’est bien sûr le défaut majeur de l’album, qui gâche des compositions sympathiques en les diluant dans la propreté du carcan radiophonique. Il faut alors tout le talent d’Einziger pour nous faire oublier que si les riffs ont gardé leur intelligence, ils n’ont plus la niaque d’antan ! Hormis les très bons Privilege, Make Yourself et Out From Under, les déflagrations sonores se raréfient en effet dangereusement, laissant place à des couplets plus doux tout en arpèges comme Consequence, The Warmth ou I Miss You. La voix du beau gosse Brandon Boyd se fait elle aussi plus mielleuse, elle traîne la langue pendant les refrains par dessus une guitare devenue soudain paresseuse.

Pour autant, le guitariste continue ici ou là d’étaler la richesse de son jeu. C’est le cas pour l’excellent Pardon Me, qui marie un refrain classique à des couplets un brin expérimentaux. C’est aussi le cas de Stellar ou de Clean, et surtout de Drive. En quatre accords, ce morceau acoustique prouve à quel point Incubus doit tout au doigté unique de Michael Einziger (et parfois à son bassiste Dirk Lance : cf. Privilege) et à sa capacité à s’affranchir des schémas classiques du metal pour parvenir à un pop-rock qui ne cède rien à la médiocrité. En dépit, nous l’avons dit, d’une méchante tendance à s’affadir sur Make Yourself. Dans la même veine, la suite sera tout de même meilleure avec Morning View, voire A Crow Left Of The Murder. La dernière livraison en date, Light Grenades a quant à elle plutôt déçu. Le projet artistique d’Incubus semble perdre sa cohérence et sa fraîcheur au fil du temps, et l’on rêverait de voir Michael Einziger s’acoquiner avec un nouveau chanteur. Si possible, pas un surfeur.



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Tracklisting :
 
1. Privilege (3’54")
2. Nowhere Fast (4’30")
3. Consequence (3’18")
4. The Warmth (4’24")
5. When It Comes (4’00")
6. Stellar (3’20")
7. Make Yourself (3’03")
8. Drive (3’52")
9. Clean (3’55")
10. Battlestar Scralatchtica (3’49")
11. I Miss You (2’48")
12. Pardon Me (3’44")
13. Out from Under (3’28")
 
Durée totale :48’12"