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Shrill Falcons

Shrill Falcons

Ral Partha Vogelbacher

par Béatrice le 7 juin 2006

3

paru le 20 mars 2006 (Monotreme Records)

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On aurait dû s’y attendre, un groupe avec un nom pareil (dont la signification reste tout aussi sybilline aujourd’hui qu’avant, toute piste serait la bienvenue) ne peut pas faire de la musique habituelle, normale, réconfortante, apaisante... Shrill Falcons est donc au moins aussi étrange que le nom que se sont choisis ses auteurs le laisse supposer, et franchement assez angoissant. 11 titres, dont la plupart peuvent encore être appelés chansons, et quelques autres demeurent des objets sonores non identifiables. Bref, tout cela sonne plutôt expérimental, comme si le trio avait essayé d’étirer autant qu’il pouvait le format “traditionnel” de la chanson, de voir jusqu’à quel point il pouvait tendre le fil mélodique sans qu’il craque, le tout en se contentant de moyens assez simples : guère de bidouillages électroniques ici, les ambiances se font et se défont à coup de larsens, de couches de guitares distordues et de vrombissements de basse.

Alors forcément, lors des premières écoutes, on est plus accaparé part ces composantes pour le moins oppressantes de la musique, d’autant plus que deux pistes du disque (Aeroflot et Lonely Dreadnought) en sont exclusivement constituées, et que la voix reste la plupart du temps dans un registre monocorde et discret. Et il faut bien avouer qu’une succession de larsens n’est pas la chose la plus emprunte de délicatesse et de musicalité qui soit, et peut s’avérer un peu brutale pour l’auditeur. Heureusement, il semblerait que les musiciens en soient conscients, et ils ont eu le soin de composer leur tracklisting de façon à ce que ces deux pistes de bruit brut et ébouriffant soient chacune suivie d’un morceau calme, posé, et appuyé sur quelques notes de piano (pas franchement plus rassurantes il faut l’avouer). Toutefois, ils ne peuvent s’empêcher de placer des nappes de guitare ou de basse (souvent, les deux) un peu partout, ce qui fait que l’album bourdonne en permanence, avec plus ou moins d’intensité, parfois un peu trop.
Mais il faut reconnaître que, dès lors que les disonnances sont bien dosées, la formule peut s’avérer tout à fait efficace ; le premier titre par exemple est une excellente façon d’ouvrir un album, pas encore trop sombre ou angoissé pour faire fuir, pas trop enjoué pour mentir sur la suite, suffisamment entraînant pour séduire et marquer. Que ce soit Messy Artist, qui cite asez explicitement du Joy Divsion, ou Birthday In Beijing et ses sonorités orientalisantes, il y a là sans aucun doute matière à nourrir un album de très bonne qualité, un peu étrange et dérangeant mais encore suffisamment familier pour qu’on puisse s’y raccrocher. Et même si les chansons tendent à se faire de plus en plus bizarres et à ressembler de moins en moins à des chansons, le seconde moitié de l’album recèle elle aussi son lot de perles, calmes et (presque) mélodieuses comme Garden Assault, ou fébriles et habitées comme l’ébouriffante Silver Mines qui constitue le pic de tension de l’album ou CDB National Park. Et puis, il y a les autres, celles qu’on a plus de mal à écouter, qui n’arrivent pas vraiment à captiver, parce que trop longues, ou trop uniformes, ou trop noyées parmi des nappes de distorsions ; elles sont moins nombreuses, mais elles sont aussi plus longues - et, sur un album de ce type, pas des plus faile à écouter et qui nécessite un certain effort d’adaptation et de mise en condition de la part de l’auditeur, la moindre longueur se remarque et se fait assez vite pesante. La tension pregnante dans cet album doit probablement s’avérer beaucoup plus prenante en concert, où certains des titres doivent probablement se révéler dans toute leur ampleur et s’avérer être beaucoup plus captivants, mais il faut avouer que, pour un enregistrement studio, un peu plus de sobriété n’aurait peut-être pas été un mal, même si le but du trio n’est certainement pas d’épargner l’auditeur.



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Tracklisting :
 
01. Three Gorges (2’41")
02. Messy Artist (2’19")
03. Aeroflot (5’03")
04. Birthday In Beijing (3’30")
05. New Happy Fawn (6’59")
06. Garden Assault (3’02")
07. Party After The Wake (4’30")
08. Silver Mines (3’11")
09. CDB National Park (1’54")
10. Lonely Dreadnought (2’49")
11. Swimming With The Sturgeon (5’31")
 
Durée totale : 41’29"