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So Divided

So Divided

...And You Will Know Us By The Trail Of Dead

par Sylvain Golvet le 6 février 2007

3,5

paru en novembre 2006 (Polydor)

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À l’heure du cinquième album, les Trail Of Dead ne se sont pas assagis et poursuivent ce qui les a mené jusque-là. Une envie boulimique de revisiter tous les genres. Issus de la scène d’Austin, ces gars-là sont du genre à faire contredire les pires clichés sur le texan de base : illettré, intolérant et belliqueux. Au contraire, le groupe à toujours été avide de connaissances, multipliant les références culturelles au fil des albums : Baudelaire, la Russie des Tsars, la culture Maya,...

Mais cette culture ne leur a pas pour autant dénué d’énergie puisque venant du punk/hardcore, ils se sont fait une spécialité de bien vous dépoussiérer les cages à miel lors de concerts abrasifs, où ces multi-instrumentistes jonglent d’un instrument à l’autre. Et comme ses compatriotes sudistes d’At The Drive In ou de Lift To Experience, ils ont repoussés les limites des genres.

Passons donc à ce So Divided qui nous rassemble ici. Qu’apporte-t-il de plus à la discographie du groupe, maintenant (relativement) bien fournie ? Et bien, beaucoup et peu à la fois. Beaucoup par la diversité des morceaux et des genres visités et peu car il n’a pas la cohérence et l’ambiance si captivante de Source, Tags And Codes, leur meilleur à ce jour. Même s’il nous réserve quelques réjouissances.

L’album commence par une intro à l’ambiance proche d’une scène de Brazil. Dans le film, le repas du héros avec sa mère, dans un restaurant très chic, était brusquement interrompu par une attaque terroriste. Ici, c’est la même chose, l’ambiance de couverts et de plats mêlés aux conversations sont envahis par des cris de panique bien inquiétants. C’est le moment que le groupe pour envoyer la sauce de leur premier morceau Stand In Silence, aux accents martiaux. On touche au thème préféré du groupe : la guerre, à la fois très actuelle mais finalement ancestrale, que se livrent les hommes, quelques soient les civilisations (représenté sur la pochette du précédent album Worlds Apart où des guerriers de toute époque confondue se mettaient allègrement sur le pif).

Ensuite, c’est un festival de styles musicaux, parfois plusieurs au sein du même morceau. On passe alors de la musique militaire (Stand In Silence donc) aux percus africaines (Wasted State Of Mind), à la pop entre Beach Boys et Magical Mystery Tour à base de « Pa Papa Pa Pa Pa » (Eight Days Of Hell) au free-jazz sur Life. Sur Naked Sun, un des meilleurs morceaux de l’album, le groupe nous joue une sorte de Power-Country, au riff façon Personnal Jesus de Depeche Mode revisité par Johnny Cash sur les American Recordings. Puis, le morceau se termine en montée orchestrale digne d’un film d’Heroic-Fantasy. L’ensemble est tout de même lié par la voix très Indie-Rock du chanteur (mais qu’est-ce que l’indie-rock sinon un mélange de tous ces genres). Leurs arrangements sont à la fois inventifs, originaux mais aussi terriblement efficaces, notamment les parties de guitares et leur mix de batterie très en avant, ce qui donne souvent un son très puissant et massif.

Mais malgré cette diversité et la surprise résultant de cette sorte de zapping musical, l’album souffre de quelques longueurs. La faute à des mélodies moins recherchées qu’avant, ou à des arrangements parfois à côté de la plaque. Car, cet éclectisme à un revers de la médaille, on peut s’y perdre facilement et l’auditeur avec. Ce qui nous donne des morceaux tel Witch’s Web aux arrangements peu inventifs et à la mélodie mièvre. Cette remarque s’étend aussi à la pochette, aux illustrations d’un goût parfois douteux.

Irrémédiablement, le groupe fait penser à Muse. Même lyrisme voire pompiérisme parfois, avec cette priorité à la mélodie. Mais contrairement aux Anglais, on ressent davantage une envie ludique d’expérimenter, quitte à se planter, plutôt qu’un besoin de montrer ce qu’on sait faire et se revendiquer de compositeurs classiques indépassables. Ce qui les rend d’ailleurs bien plus aimables.

So Divided mérite donc qu’on lui jette une oreille, afin de se faire une idée de ce qu’est qui représente la culture occidentale actuelle. Une culture post-11 septembre, où la peur du terrorisme se mêle à un refus de la guerre, mais aussi une culture plus ouverte, accumulant les connaissances diverses et variées. Trail Of Dead, c’est un peu tout ça à la fois, l’énergie rock’n’roll en plus.



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Tracklisting :
 
1- Intro : A Song Of Fire And Wine (1’41")
2- Stand In Silence (4’35")
3- Wasted State Of Mind (5’27")
4- Naked Sun (6’04")
5- Gold Heart Mountain Top Queen Directory (2’14")
6- So Divided (6’29")
7- Life (5’59")
8- Eight Days Of Hell (2’09")
9- Witch’s Web (4’11")
10- Segue : Sunken Dreams (2’19")
11- Sunken Dreams (5’05")
 
Durée totale : 46’13"