Concerts
Sonic Youth

Paris (Zénith)

Sonic Youth

Le 13 décembre 2006

par Aurélien Noyer le 16 janvier 2007

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Mercredi 13 décembre 2006, je me dirige vers cet énorme truc qu’est le Zénith de Paris. Certes, pas aussi grand que Bercy mais comparé au Trabendo tout proche, voire même à la Cigale ou à l’Élysée-Montmartre, c’est une grande salle. Et je ne suis pas fan des grandes salles, mais bon l’occasion de voir Sonic Youth ET Dinosaur Jr. ne se refuse pas comme ça. De façon assez étrange, j’avais vraiment envie de voir ce concert alors que je ne suis pas un follower acharné de ces groupes. J’aime bien écouter Sonic Youth de temps en temps et je connais assez mal Dinosaur Jr. Mais l’occasion de voir ces figures de l’indie-rock US en vrai était trop tentante.

Me voilà donc dans la salle du Zénith à attendre le début du set de Dinosaur Jr. Scène réduite à l’extrême, puisque tout le matos de Sonic Youth est en place et que le trio doit se contenter de l’avant-scène comme un vulgaire groupe local. Mais qu’importe, ces messieurs font néanmoins les choses en grand puisque je compte pas moins de trois Marshall pour le sieur J Mascis et deux combis pour Lou Barlow. Et cette image résume bien le set de Dinosaur Jr. : condensé, court (trop court à mon goût) mais intense et puissant. Leur style, au croisement de l’indie-rock et du power-trio façon Cream (via les soli de J Mascis), ne trouve pas forcément beaucoup d’adeptes auprès de l’audience, mais le public de Sonic Youth, plutôt friands de dissonances larseniques, leur fait tout de même un accueil chaleureux. Les lumières sont très laides, faisant ressembler J Mascis à un figurant de La Revanche des Hippies Morts-Vivants. Heureusement, le son est bon. On entend clairement la guitare de Mascis et la basse de Lou Barlow. Je n’ai jamais vu quelqu’un capable d’asséner de tels coups de poings à sa basse tout en chantant des mélodies aussi pop. Le trio est décidément un des meilleurs de la scène indie américaine et je n’ai pas vraiment été surpris de voir Lee Ranaldo venir pousser la chansonnette avec eux. Mais rapidement, leur set se termine et laisse la place aux roadies qui préparent la scène pour Sonic Youth.

Et le concert de Sonic Youth de commencer. Étonnament, ils sont cinq, un bassiste ayant été engagé en renfort (j’apprendrais plus tard qu’il s’agissait de Mark Ibold, bassiste de Pavement). Mes interrogations à propos de l’utilité de ce dernier trouveront vite une réponse lorsque Kim Gordon posera sa basse pour venir chanter au micro et esquisser quelques pas de danses assez sympa. La scène se reproduira d’ailleurs plusieurs fois. Dès le début, on sent que le groupe est plutôt d’humeur pop (enfin, pop à la Sonic Youth) dans la lignée de leur dernier album. Ils alterneront ainsi titres récents et anciens (bien qu’incapable de reconnaître les titres, j’arrive à repérer quelques morceaux de l’époque Daydream Nation). Le son est vraiment bon, le public suit, les chansons s’enchaînent bien... Mais rapidement quelque chose me tracasse. Je suis là, à un concert et j’ai un sentiment étrange. Je rejoue rapidement le début de Du Côté De Chez Swan (le bouquin de Proust, pas la chanson de Dave !!!) pour finalement parvenir à identifier cette sensation : je m’ennuie. Je m’ennuie !!! Pour la première fois de ma vie, je m’ennuie à un concert. Incroyable !!!

Bon, okay, j’étais super fatigué et j’avais fait plusieurs crises d’insomnies les jours précédents. Mais le problème n’est pas là... Le problème, c’est qu’il faut se rendre à l’évidence : Sonic Youth ne dégage rien en concert. Aucune présence, aucune dynamique, aucune énergie... ce qui me fait sauter dans tous les sens, ces moments où on attend que la chanson explose ou même cette tension qui vous tient en haleine tout le long du morceau, je n’ai retrouvé rien de tout cela. La faute peut-être à des chansons un peu trop alambiquées sans véritable refrain pour les faire décoller, quelques riffs sympa mais un son trop frêle pour que la machine s’emballe. Ou alors est-ce à cause des voix de Thurston Moore et de Kim Gordon qui sont d’une platitude assez énervante. Mais surtout ce qui me déçoit un peu, c’est que j’ai vraiment l’impression d’entendre la même chose que sur disque. J’attendais de Sonic Youth quelque chose de vivant, de l’improvisation, du larsen... Au lieu de ça, j’ai eu droit à quelques secondes où Lee Ranaldo et Thurston Moore se sont amusés à tirer quelques sons marrants en frottant des baguettes contre les cordes de leurs guitares. Mais ça s’est limité à ça et le reste était d’une froideur assez impressionnante, j’avais réellement l’impression d’entendre des physiciens quantiques en train d’exposer leur toute nouvelle théorie, une précision redoutable dans l’expression mais aucune étincelle de sauvagerie. De sorte que je me suis progressivement reculé tout au long du concert...

J’attendais le moment où ça partirait, où les chansons exploseraient en larsen incandescent, se répandant dans le public comme une lave brûlante, obligeant tout le monde à sauter dans tous les sens pour ne pas se brûler. Au lieu de ça, je suis resté immobile à l’arrière de la salle, en regardant vaguement les projections pseudo-arty mais véritablement ineptes qui accompagnaient les morceaux. Et puis, au bout d’un moment, j’en ai vraiment eu marre. J’avais l’impression de perdre mon temps, d’autant plus que j’avais pas mal de boulot qui m’attendait chez moi. Et je suis donc parti au bout d’une dizaine de morceaux... Pour la première fois, je suis parti d’un concert avant la fin et de mon plein gré. Je suis parti sans regret, même pas déçu puisque finalement j’avais entendu ce que j’entends chez moi quand j’écoute leurs disques. Sauf que pour un live, c’était vraiment trop léger et molasson. Heureusement qu’il y avait Dinosaur Jr en première partie...



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