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Stuck In The Sound

Stuck In The Sound

par Aurélien Noyer le 3 avril 2007

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Bloqués à Amsterdam où ils étaient allés jouer les rédac’ chef pour un fanzine, Stuck In The Sound arrive en retard mais nous ont tout de même accordé une interview avant de monter sur la scène du Plan. Discussion avec José Reis Fontao (chant, guitare), Emmanuel Barichasse (guitare), Arno Bordas (basse) et François Ernie (batterie, chant)

B-Side Rock : Vous revenez à l’instant d’Amsterdam. Ca donne quoi, Stuck In The Sound à l’étranger ?

José Reis Fontao : Niveau international, ça donne bien dans le milieu professionnel. Le public myspacien nous connait. Pas tout le monde, bien sûr, mais sur 100 personnes, y a 5 personnes à l’étranger qui nous connaissent. Tout le travail reste à faire mais dans le milieu des professionnels, ça buzze bien. L’album sort bientôt en Espagne, il est sorti en Hollande, en Belgique.

BS : Pour le moment, vous vous occupez vous-même de votre MySpace. Mais vous pensez que vous allez pouvoir continuer combien de temps, si le groupe décolle ?

JRF : Je pense que je m’en occuperai jusqu’à ce que mort s’en suive. C’est vraiment important d’être proche de ses fans et de leur répondre. Donc je vais essayer de le faire le plus longtemps possible. C’est vrai qu’à partir d’un moment si un jour on atteint les 10.000 visites par jour, je pense que je m’arrêterai mais pour l’instant, c’est encore raisonnable. Selon ma névrose myspacienne, c’est raisonnable.

BS : Donc quel est l’avis de Stuck In The Sound sur MySpace et Internet en général ?

François Ernie : Nous, on trouve que MySpace est un super outil de communication pour des artistes comme nous, indépendants ou qui cherchent encore à se faire connaître. Et puis le téléchargement illégal de musique vendue par ailleurs, c’est quelque chose qui nous concerne pas trop. Après, ça touche l’industrie du disque en général, donc on en pâtit un peu. Mais de notre côté, je crois qu’à l’heure actuelle, Internet a été plus un moteur qu’un frein.

JRF : Grâce à Myspace, on a pu remplir des salles à Paris et on s’est rendu compte sur la tournée qu’on remplit aussi en province et c’est encore grâce à MySpace.

BS : Donc finalement, ça marche mieux que des média traditionnels ?

JRF : Oui, honnêtement oui.

Arno Bordas : Pour des groupes en développement, oui.

FE : Ca permet de rassembler une base de gens qui vont venir aux concerts. Bien sûr, les médias traditionnels ont aussi l’intérêt de donner une certaine crédibilité. Par exemple, une page dans les Inrocks, malgré tous les amis que tu peux avoir sur MySpace, ça donne quand même une crédibilité auprès de pas mal de gens qui vont s’intéresser au groupe.

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Stuck in The Sound, de gauche à droite : François Enrie (batterie, chant), José Reis Fontao (chant, guitare), Emmanuel Barichasse (guitare)
© mehdi.

BS : Pour changer de sujet, le côté un peu héroïque du chant, ça vient d’où ?

JRF : Tu veux dire dans ma manière de chanter ?

BS : Oui.

JRF : Ca doit venir de ce que j’ai écouté en fait. Pour la voix, j’ai beaucoup écouté At The Drive-In avec Cedric Bixter, ou Frank Black qui ont des chants bien particuliers. Ca doit être un mélange entre Frank Black et Morrissey, à mon avis.

BS : Ca tranche tout de même avec le côté assez direct des guitares. Ca se passe comment au niveau de la composition ? Qui apporte quoi ?

JRF : Ca part d’abord des guitares. On a des riffs qui sont complètement déconstruits. On n’a pas de chansons pré-établies mais on se retrouve tous les quatre et on travaille les riffs ensemble jusqu’à ce que ça donne des chansons.

BS : J’avais cru lire que l’enregistrement de l’album vous avait pris deux ans.

FE : L’enregistrement nous a pris en tout un an. C’était pas forcément notre volonté à la base, mais le truc, c’est qu’on avait fait une première version de l’album et qu’au bout de trois mois de travail, on a perdu tout ce qu’on avait dans un bête crash de disque dur. Donc on a du tout recommencé, tout peaufiné. Au final, entre les premières prises qui ont été complètement perdues et le disque fini, il y a un an qui s’écoule.

Emmanuel Barichasse : Mais deux ans, c’est aussi le temps pour composer, pour maturer les morceaux.

JRF : T’es peut-être en train de confondre avec l’autre album qui n’est pas officiel. Tu parles de l’album qui est sorti récemment là ?

BS : Ouais

JRF : Celui-là a pris un an.

EB : Mais c’est des chansons qu’on joue depuis environ deux ans à peu près.

BS : Et au niveau du label, ça s’est passé comment ? Un an c’est long, non ?

JRF : Bah, on avait pas de label.

BS : Donc c’était de l’auto-produit.

FE : Ca l’est toujours en quelque sorte.

JRF : Le but, c’était de proposer au label le produit fini.

FE : En fait, on a un contrat de licence. Le label s’occupe uniquement de la promotion et de la distribution. Notre but, niveau artistique, c’était de créer l’objet fini, musical et même visuel.

JRF : Sans producteur. Les producteurs c’est nous.

BS : Même tout ce qui est visuel, pochette, c’est...

JRF : C’est nous.

BS : Et donc, la photo sur la pochette, par exemple, c’est qui ?

JRF : C’est une photo prise en 85, c’est une fille qu’on connait assez bien, qui a 26 ans aujourd’hui et c’est son grand-père qui avait pris la photo. (rires)

BS : Pour en revenir à l’album Nevermind The Livind Dead, ça fait référence aux Pistols ?

JRF : Et à Nirvana et à Romero pour le côté cinématographique qu’il y a dans Stuck...

AE : Et aux prises perdues. C’est un peu un album mort-vivant (rires)

BS : Et sinon, Toyboy bientôt dans une pub Mennen comme le You’re Gonna Say Yeah des Hushpuppies ?

JRF : (rires) On sait pas trop...

BS : Ca vous dérangerait pas, je suppose ?

FE : Bah non. Parce que figure-toi que ça rapporte beaucoup d’argent. (rires)

JRF : Les temps ont bien changé

BS : Le côté indépendant, c’est un peu fatiguant ?

FE : C’est pas ça. Mais indépendant, je sais pas trop ce que ça veut dire. En l’occurence, on consacre énormément de temps à la musique et c’est bien d’avoir de l’argent à un moment donnée.

JRF : Faut savoir que musicien, c’est pas le métier le mieux payé au monde. Et donc il faut bien gagner sa croûte à un moment.

BS : Au niveau de l’album, il y a quand même une chanson qui semble étrange : (It’s) Friday avec le sample de Bowie. Ca vient d’où ?

JRF : De Bowie (rires)

AE : En fait, c’est un peu la magie du hasard. C’est des out-takes, des prises qui sont pas gardées sur l’album. On fait les enregistrements live et on jouait ça entre deux prises sérieuses. Donc on a enregistré et puis grâce à la magie de l’ordi, on a gardé cette séquence. On l’a bouclé pour délirer et puis le truc est parti tout seul. On es resté tous les quatre scotchés : "C’est énorme, il faut qu’on fasse un truc avec ça".

JRF : On a fait une chanson à partir de cette boucle-là.

EB : C’est le seul truc de l’album qui a été bidouillé.

JRF : Mais de toute manière, on a fait une version totalement différente pour le live.

BS : Sinon dans l’actualité, ça écoute quoi en revenant d’Amsterdam ?

JRF : Ca écoute plus du tout la radio parce qu’ils passent que de la merde. On écoute des skeuds, on écoute ce qu’on a écouté quand on était ado et on écoute des trucs actuels comme...

FE : Y a beaucoup de Sonic Youth dans la caisse.

JRF : C’est ma faute.

FE : Y a beaucoup de At The Drive-In.

JRF : On écoutait le 5e Red Hot

FE : Blood Sugar Sex Magic, on a écoute Rage Against The Machine. On a écouté Korn.

JRF : On a écouté le deuxième Korn, Life Is Peachy, il est incroyable.

FE : Et puis quand on met l’iPod de José, on a des trucs de headbangers et compagnie...

JRF : On écoute de la Soul aussi. Dans Stuck..., on écoute vraiment de tout.

FE : Quand notre manager conduit, on écoute du hip-hop. Quand Manu est au volant, c’est plutôt du Pantera.

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Arno Bordas (basse)
© mehdi.

BS : Au niveau, "nouvelle scène rock française", Gibus, etc. ?

JRF : Ca, ça nous concerne pas. C’est une autre scène. Tout les baby-rockers, c’est une tout autre scène. Ils chantent en français, ils font du rock influencé Chuck Berry. Et on a aucune animosité envers eux. Mais on se sent pas concernés. Pour parler d’une nouvelle scène parisienne, on est beaucoup plus proche des groupes avec lesquels on joue ce soir, Nelson et Rodeo Massacre qui sont des amis avant tout, avec qui on a déjà fait des concerts.

BS : C’est bizarre parce qu’on dirait qu’il y a une scène à deux vitesses, une qui est propulsée par Rock’n’Folk et autres et une autre qui sort des bars genre Neïmo, Rodéo Massacre.

José : Voilà, oui, exactement.

BS : Mais on voit que cette scène est lancée par les majors alors que vous êtes plutôt signés chez Discograph.

JRF : Ouais, Justement comme ils chantent en français, l’image est facile à vendre. C’est des ados beaux, bien habillés, l’image est vraiment facile à vendre. La musique est française donc par rapport aux quotas radios, c’est beaucoup plus facile à développer. Nous, on chante en anglais, on fait du rock plus ou moins accessible. On a Toyboy, mais tu as écouté l’album, il est pas si simple que ça. Et du coup, les majors sont pas intéressées pour signer les groupes comme nous. Donc heureusement qu’il y a les labels comme Discograph qui sont là, qui ont des couilles.

BS : Et donc, ce côté indépendant, être sur un petit label, produire vous-même vos disques, c’est quelque chose dans lequel vous voulez rester ?

JRF : Ca dépend pas de nous, ça dépend de l’évolution du groupe. Où est-ce qu’il en sera dans deux-trois ans... Phoenix par exemple, ils ont commencé sur un label indé et petit à petit ils se sont retrouvé sur une major parce qu’il sont devenus super connus partout dans le monde. Donc on sait pas où on en sera dans deux-trois ans. mais pour l’instant on est satisfait du boulot de Discograph c’est un label qui a une pure mentalité.

EB : Pour le Stuck In The Sound d’aujourd’hui, Discograph c’est parfait...

BS : Sinon dans le style "Stones ou Beatles", "Clash ou Pistols", entre quels groupes vous aimeriez devoir choisir ?

JRF : Aucun. Moi, aucun. J’aime pas les étiquettes...

AB : Naast ou Plasticines... (rires)

FE : US ou UK.

JRF : Finalement, Nelson ou Rodéo Massacre...

BS : Et donc ? Nelson ou Rodéo Massacre ?

JRF : Moi, je dis Rodéo Massacre. Le morceau est craché... (rires) Non, en tant que chanteur, je me sens plus proche du chant d’Isabel de Rodéo Massacre.

FE : Ou pourquoi pas Hey Hey My My et British Hawaii [1] pour réunir les deux. C’est pas mal aussi...

JRF : Mais c’était quoi le truc ? "Stones ou Beatles" et "Clash ou Pistols", c’est marrant ça...

AB : Nirvana ou Guns’n’Roses, C’est la où on va commencer à se battre. Si tu veux faire une question pour foutre la merde...

FE : (à José et Emmanuel) Bah, vous deux vous êtes pour Nirvana. Moi je suis pour Nirvana, même si je peux défendre les Guns. Et Arno se retrouve seul avec les Guns.

EB : Il dira Nirvana aussi...

FE : Peut-être...

AB : Chais pas, j’ai un doute (rires) Bon, elle fout la merde, ta question. (rires)

EB : Et Ségolène ou Sarko ?

JRF : Ben, pareil...

Stuck In The Sound en choeur : Nirvana (rires)

BS : Sinon, en revenir à Stuck In The Sound, le groupe s’est créé comment ?

JRF : Il s’est créé en 2002. Emmanuel et moi, on s’est rencontré dans une fête. Il avait sa guitare, moi j’avais la mienne. On a commencé à jouer à jammer et les gens nous ont poussé, nous ont dit "Vous devriez faire un groupe. Pour une première fois, c’est cool ce que vous faites, tous les deux". Et donc on a décidé de jouer ensemble. Ensuite j’ai rencontré Arno le bassiste en fac de cinoche. Et enfin, François, le petit dernier, qui a amené tout l’énergie que Stuck... a aujourd’hui, l’énergie live.

FE : Je l’ai trouvé en Afrique et je l’ai ramenée (rires)

JRF : Et on s’est retrouvés tous les quatre dans une cave à Montreuil, la tête dans les amplis, 24 heures sur 24, à créer à essayer de trouver un son.

BS : Et à l’heure actuelle, vous pouvez vivre de Stuck In The Sound ?

JRF : Ca vient petit à petit. Mais ça va, on fait ce qui nous plait. Ca demande beaucoup de sacrifices mais un jour, on sera récompensé pour tout ça.

EB : En fait, on commence déjà à être récompensé.

BS : Okay. Je crois que ça sera bon, merci beaucoup.

JRF : Merci à vous.

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Stuck In The Sound
© mehdi.


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