Films, DVD
The Blues Brothers

The Blues Brothers

John Landis

par Sylvain Golvet le 5 février 2008

5

Sorti le 7 novembre 1980, 133 min ou 148 min (version longue).

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Chicago. Son ciel grisâtre, pollué par les fumées de cheminées des industries locales, son lac Michigan, son métro aérien. Et sa prison d’Etat. Le cadre est planté, il ne manque plus que les personnages. Un grand sec, droit et réservé et un petit gros, colérique et grande gueule devraient faire l’affaire. On les appellera les frères Blues, Joliet Jake et Elwood Blues. Et ils porteront un costard noir et des Ray-Ban sur le nez. Le but ? Proposer sur grand écran un vibrant hommage au blues électrique, celui de Chicago, de Bo Diddley à Buddy Guy en passant par John Lee Hooker et plus si affinités. Le tout dans une ambiance bien folle, débridée, limite surréaliste. An de grâce 1980, The Blues Brothers sort donc sur les écrans pour le bonheur de tous.

Créés par Dan Aykroyd et John Bellushi, les frêres Blues n’ont pas attendu le cinéma pour faire parler d’eux. Pensionnaires du Saturday Night Live, le duo y apparaîta pour la première fois en 1976, déguisé en abeilles pour reprendre I’m A King Bee de Slim Harpo. Et c’est un succès. Tellement que, composé par le groupe de l’émission, puis rejoint par divers talentueux musiciens, tels Steve « The Colonel » Cropper à la guitare, Donald « Duck » Dunn à la basse ou Matt « Guitar » Murphy (guitares également), le Blues Brothers Band enregistre son premier album Briefcase Full of Blues dont deux chansons seront des tubes : Soul Man de Sam & Dave, et Rubber Biscuit. Paradoxalement, pourtant originaire de Chicago mais plutôt fan d’heavy-métal, John Bellushi ne connaît rien au blues avant sa rencontre avec Dan Aykroyd. C’est ce dernier qui le traînera de bar en bar et qui lui fera écouter ce que lui considère comme son genre musical fétiche.

Mais bien sûr Dan et John sont avant tout comédiens et les Blues Brothers sont des personnages, il est alors assez normal de voir leurs regards se tourner vers le cinéma. Aykroyd se lance donc dans l’écriture d’un script, son premier, et sortira un pavé de 324 pages inspirées des notes de pochettes de l’album. C’est ensuite le scénariste et réalisateur John Landis qui se chargera d’en élaguer une histoire tournable et la production peut commencer. Par chance, l’équipe a l’autorisation de tourner dans Chicago même, dans ses rues ou dans un centre commercial : l’occasion pour tout le monde d’y aller à cœur joie.

Racontant l’histoire de deux frères qui feront tout leur possible pour organiser un concert de charité afin de sauver l’orphelinat catholique de leur enfance, dans un enchaînement de numéros musicaux mythiques et de séquences énormissimes, le film est un grand moment de cartoon live. Outre deux frères « en mission pour le seigneur » se baladant en bluesmobile, on y croise un groupe de country réac’, des nazis, une centaine de voitures de flics, l’armée et une princesse Leia (Carrie Fisher) hargneuse et revancharde, le tout dans une ambiance bien barrée, avec course poursuite dévastatrice au milieu des magasins ou prestation de country pour des rednecks bien énervés. Et surtout deux scènes qui deviendront immédiatement cultes : un carambolage dantesque en plein Chicago et un concert mythique dont la chanson-phare Everybody Needs Somebody to Love, reprise à Solomon Burke, deviendra l’hymne du groupe dans l’esprit du grand public.

Comme toute bonne comédie musicale qui se respecte, The Blues Brothers contient son lot de numéros inoubliables. D’autant que ce n’est pas n’importe quel pékin qui y pousse la chansonnette, jugez plutôt : James Brown, Ray Charles, Aretha Franklin, Cab Calloway et John Lee Hooker, dans des rôles à leur image. Le Godfather of Soul est logiquement un prêtre prêcheur hors-pair (« Do you see the light ! »), Aretha une femme forte qui en a à redire, John Lee Hooker un guitariste jouant forcément dans la rue. Un casting prestigieux qui permet à Aykroyd et Bellushi de crier leur amour du blues, du rhythm n’ blues, de la soul et du rock n’ roll avec un Jailhouse Rock joué bien sûr en prison. Le tout baigne dans l’esprit comique du Saturday Night Live, organisant un joyeux bordel, digne du 1941 de Spielberg dans lequel jouaient également Aykroyd et Bellushi, avec une profusion de gags de plus en plus absurdes, faisant de deux frères une sorte de duo de super héros du blues, avec leur costume et leur pouvoir. Mais des super-héros humbles, petits délinquants sympathiques, vivant modestement dans un appartement minuscule et forcément voués à la prison.
Mais dont la musique a sauvé les « âmes ».

La mort prématurée en 1982 de John Bellushi mettra tristement fin à la carrière du duo, même si le Blues Brothers Band sortira ensuite quelques albums, pas toujours avec Aykroyd d’ailleurs. En 1998, ce dernier sortira tout de même sur les écrans avec Landis un Blues Brothers 2000, qui représente plus un hommage à Bellushi qu’un vrai bon film. Gardons plutôt en mémoire ce Blues Brothers originel, vrai film culte comme il n’en existe pas tant que ça, et qui restera forcément dans la mémoire de chaque personne qui l’a vu.



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