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The Fall

The Fall

Gorillaz

par Aurélien Noyer le 11 janvier 2011

2,5

Paru le 25 décembre 2010

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Damon Albarn l’avait annoncé et il a tenu parole. Le jour de Noël, les membres du fan-club de Gorillaz ont pu télécharger gratuitement le nouvel album de Gorillaz. Il fut enregistré pendant l’automne 2010 (d’où son nom, The Fall) par un Damon Albarn rompant avec la monotonie de la tournée américaine grâce à son iPad, la petite tablette lui servant à enregistrer et mixer l’album.

La démarche rappelant le carnet de brouillon Democrazy, le fan que Gorillaz que je suis était forcément un peu inquiet. Qu’Albarn sorte des brouillons de chansons en tirage limité pour faire plaisir à ses fans hardcore, pourquoi pas... qu’il fasse de même en mettant le nom de Gorillaz et entache un concept jusqu’alors sans faille, c’est un peu plus gênant.

Se voulant une sorte de carnet de route (la plupart des titres de chansons font référence à ses lieux), The Fall a donc l’ambition d’être un compte-rendu fidèle de l’ennui et de la fatigue de la route. Soit. Musicalement, la rapidité d’écriture et d’enregistrement se fait sentir. Les compositions sont élémentaires et les textures musicales reprennent les marottes sonores actuelles de Damon Albarn (les pouet-pouets de Hillbilly Man sont les mêmes que ceux de Doncamatic, le single avec Daley), tant et si bien que des 15 titres de l’album, seul Bobby In Phoenix dotée de jolies arpèges acoustiques et chantée par Bobby Womack se distingue réellement en tant que chanson. Aussi le talent du bonhomme semble essentiellement mis au service de l’ambiance. Faute de nous proposer des titres réellement construit, The Fall parvient tout de même à nous faire ressentir ce qu’on suppose être la fatigue, l’ennui à la limite de la neurasthénie et les tensions qui virent à la paranoïa inhérents à une tournée de l’ampleur de celle du Escape From Plastic Beach Tour.

Mais cette acuité dans les ambiances compense-t-elle réellement la (relativement) faible qualité de la musique ? Non et doublement non.

Non, parce que le contraste avec la richesse de Demon Days et de Plastic Beach saute aux oreilles et, même s’il s’est imposé des contraintes assez strictes (équipement minimaliste et délais de production très courts), on sait Damon Albarn capable de bien mieux.

Et doublement non. Car si, dans le cadre d’un autre groupe, le caractère “à part” de l’album aurait pu inciter à l’indulgence, lorsqu’il s’agit de Gorillaz, cela constitue plutôt une circonstance aggravante. L’idée même de Gorillaz, la base même de son existence était de proposer un concept musical inédit, d’imaginer l’histoire d’un groupe et d’écrire de la musique en parfaite cohérence avec cette histoire. Or de toute évidence, The Fall ne s’inscrit pas dans la narration de Gorillaz. Certes, Murdoc, 2D et Cyborg Noodle sont sensés être en tournée et se faire usurper la scène soir après soir par Albarn et ses musiciens. Mais avec The Fall, l’artifice ne tient plus la route. Le spleen qui remplit l’album n’est pas celui de personnages imaginaires, mais bien celui de Damon Albarn.

En ayant vu l’incroyable énergie déployée sur scène durant la tournée, on s’imaginait aisément que l’envers ne devait pas être si reluisant. Au Zénith, on voyait parfois la fatigue apparaître sur le visage d’un Damon Albarn qui continuait tout de même à parcourir la scène pour haranguer ses musiciens et la foule. Mais ce genre de contingences n’entrait pas dans le concept de Gorillaz... ou du moins pas de façon aussi triviale. Que Murdoc et 2D s’ennuient sur la route comme le premier musicos un peu blasé venu ? Impossible... inimaginable, même ! Avec The Fall, Albarn nous oblige donc à voir ce qu’on ne voulait pas voir, ce qu’on n’aurait jamais dû voir : qu’il y a réellement des gens derrière Gorillaz, que le groupe n’est qu’un simulacre. Ce faisant, il rompt ce contrat tacite entre lui et les fans qui voulait qu’on fasse “comme si”, mettant fin à ce petit jeu qui faisait l’essence même du concept... aussi, pour la première fois depuis le début du groupe, lorsque Damon Albarn déclare que c’est peut-être la fin de Gorillaz, j’aurais tendance à le croire.



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1. Phoner to Arizona (4:14)
2. Revolving Doors (3:26)
3. Hillbilly Man (3:50)
4. Detroit (2:03)
5. Shy-town (2:54)
6. Little Pink Plastic Bags (3:09)
7. The Joplin Spider (3:22)
8. The Parish of Space Dust (2:25)
9. The Snake in Dallas (2:11)
10. Amarillo (3:24)
11. The Speak It Mountains (2:14)
12. Aspen Forest (2:50)
13. Bobby in Phoenix" (featuring Bobby Womack) (3:16)
14. California & the Slipping of the Sun (3:24)
15. Seattle Yodel (0:38)
 
Durée totale : 43:50