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The Wilde Flowers

The Wilde Flowers

The Wilde Flowers

par Vyvy le 10 avril 2007

4

paru en 1994 (Voiceprint)

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Canterbury décidemment est une bien jolie ville. Non seulement son archevêque a ponctué tout l’histoire du royaume anglois, mais sa scène musicale en aurait fait le « Haight Ashbury » anglais, et a fortiori européen. Et, comme dans toute légende qui se respecte, on a, à l’origine du mythe, un petit groupe d’élus, la formation « originelle », l’étincelle déclanchant la réaction en chaîne, ici, à Cantorbéry (jolie orthographe française...), ce fut les Wilde Flowers, qui, de 63 à 67, ont lancé le son de Canterbury, au début pop et psyché, mais toujours marqué par le jazz, qui deviendra de plus en plus free et prédominant avec les tarés de The Soft Machine. Les Wilde Flowers, comme le poète dont ils se revendiquent, on eut une jeunesse mouvementée. Et, comme les fleurs qu’il arborent fièrement, leurs graines ont survécu après que la fleur se soit fanée... Faisons une métaphore finale pour bien poser le décor. La bactérie Wilde Flowers a donné, par cissiparité The Soft Machine et Caravan.

Groupe de jeunesse des plus grandes figures de cette scène (Robert Wyatt, Richard Sinclair, Kevin Ayers...), les fleurs sauvages ont l’avantage (pour la construction d’une légende) de n’avoir jamais produit d’album, d’EP. Il n’y a eu que quelques demo, qui jusqu’à quelques temps restaient introuvables.... Et donc les fans et deux groupes suscités et de leurs différentes versions de fantasmer sur les exploits de jeunesse de leurs artistes chéris. Voiceprint, en 1994, leur permet, enfin, de réaliser ce rêve. Le label publie en cette année fatidique une compilation regroupant The Wilde Flowers « officiel » et quelques titres avoisinants (jam session datant de 1969, donc après que les deux enfants de notre chère composition florale se soient émancipés, et enregistrement de Zobe, groupe éphémère de Brian Hopper).

Enfants du pays, les frères Brian et Hugh Hopper avait rencontré Wyatt à la Simon Langton Highschool. Cette école, où alla aussi Mike Ratledge, a obtenu une réputation assez incroyable d’ouverture d’esprit et de terreau artistique. Ainsi, en 1975, dans le NME, Ian McDonald en parlait comme d’une « pépinière pour l’avant-garde adolescente » Pourtant, Wyatt récusera cette influence, clamant ne se rappeler de rien de particulièrement intéressant à propos de Canterbury. Plus que la liberté artistique y régnant, ce serait l’ennui qui l’aurait conduit à la musique, l’ennui et la clientèle de l’hôtel de sa mère, notamment un beatnik australien, Daevid Allen, qui allait les initiés au sex, drugs & jazz. Autour de l’homme, ils allaient faire un jazz alambiqué, avec Wyatt commençant à la guitare, puis allant vite à la rythmique. Mais les parents du Robert ne voyaient pas cela d’un bon œil, et pour éloigner leur fils et ses amis de ce beatnik mal embouché, envoyèrent le pauvre garçon à Majorque. Aellen, lui, partit de notre histoire (mais, pour mieux y revenir). Les Wild Flowers, puis Wilde Flowers (une fois Kevin Ayers passé par là, lui qui a été recruté sur la seule raison de sa forte capillarité : c’était semble-t-il, le seul autre garçon à Canterbury à arborer en 1963 un minimum de cheveux) se forment alors, dans la formation suivante : Hopper bros, Wyatt, Ayers & Sinclair.

Sur le disque, cette première formation se retrouve sur les titres 5,6,7 et 11, enregistrés en mars 1965. On y entend le premier enregistrement de Kevin Ayers, sur une de ses compositions, She’s Gone, qui montre que la maturité musicale du bonhomme n’est pas encore atteinte, on se délecte des reprises, Parchman Farm et Almost Grown (respectivement Booker White et Chuck Berry, ce qui montre que tout jazzy qu’ils sont, ils ont les mêmes références que le rockeur anglais de l’époque) et surtout, on prête l’oreille à ce qui n’est pour l’instant encore qu’un instrumental, à savoir Memories. Courant 65, Ayers se fait la malle à Ibiza avec... Daevid Allen. Mais le show must go on, et les fleurs vont continuer à pousser, non mais. On les retrouve à l’automne 1965. Graham Flight prend donc la place de Kevin. De cette session vont sortir les demo suivantes : Don’t Try To Change Me, Slow Wakin’ Talk, He’s Bad For You et It’s What I Feel (A Certain Kind). De toutes celle-ci, la très sixties Don’t Try To Change Me est la plus convaincante. Plus pop qu’autre chose, emmenée par une voix plus au point que celle d’Ayers, la chanson est une petite merveille.

La dernière floraison officielle du groupe date du printemps 1966. On retrouve Memories, qui cette fois-ci à des paroles. On adore Impotence, seule chanson de la compile qui peut décemment prétendre au niveau des futurs groupes de Canterbury. La suite de l’album, cela va être du « presque » Flowers, à savoir des morceaux du groupe de Brian Hopper, Zobe, datant de 1968. Le son est très similaire au son des fleurs, qui elles sont déjà allées pousser dans deux champs séparés, Caravan (Pye Hasting et Richard Sinclair) et Soft Machine (Kevin Ayers, Daevid Allen, Wyatt et Ratledge).

En 1969 (dernières pièce de l’album) on retrouve Hugh Hopper, Pye Hasting, Mike Ratledge (qui n’a jamais été une fleurs, toute sauvage fut-elle) et Robert Wyatt, ils vont délivrer des morceaux montrant que, chacun de leur coté, ils ont bien poussé (tels The Big Show). Ils redonnent vie à des « classiques », à savoir Impotence et Memories.

Au final, cette gentille compilation nous permet une plongée dans les œuvres de jeunesse du rock de Canterbury, ce savant mélange de prog, de psyché et de free jazz. Mais, pour une fois peut être « c’était pas mieux avant », et la maturité, la liberté, le « n’importe quoi » des productions Soft Machine, et Caravan ne se retrouve pas dans ces fleurs, qui, malgré leur nom, restent bien souvent inhibées.



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Tracklisting :
 
1. Impotence (2’09’’)
2. Those Words They Say (2’39’’)
3. Memories (1’35’’)
4. Don’t Try To Change Me (2’26’’)
5. Parchman Farm (2’17’’)
6. Almost Grown (2’50’’)
7. She’s Gone (2’13’’)
8. Slow Walkin’ Talk (2’26’’)
9. He’s Bad For You (2’49’’)
10. It’s What I Feel (A Certain Kind) (2’18’’)
11. Memories (2’08’’)
12. Never Leave Me (2’35’’)
13. Time After Time (2’44’’)
14. Just Where I Want (2’09’’)
15. No Game When You Lose (2’53’’)
16. Impotence (1’16’’)
17. Why Do You Care (3’13’’)
18. Pieman Cometh (3’15’’)
19. Summer Spirit (3’27’’)
20. She Loves To Hurt (3’12’’)
21. Big Show (4’12’’)
22. Memories (3’03’’)
 
Durée totale : 57’49’’

sources : DPRP