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Through The Windowpane

Through The Windowpane

Guillemots

par Giom le 6 février 2007

2

paru le 15 août 2006 (Polydor / Naïve)

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Étrange que ce groupe de Londres, Guillemots. Ils avaient déjà fait parler d’eux au moment de la sortie en mai 2006 de From The Cliffs, sorte d’album-compilation de leurs premières compositions. Quelques mois plus tard, ils revenaient avec un véritable album dont nous traitons dans ces colonnes et qui a le mérite de laisser le rédacteur estomaqué par tant de démesure.

Guillemots, c’est avant tout son chanteur / leader / compositeur, Fyfe Dangerfield dont la voix vous rappellera dans le meilleur des cas Jonathan Donahue de Mercury Rev ou dans le pire George Michael. Mercury Rev justement, la référence n’est pas anodine tant les compositions de ce Through The Windowpane se rapprochent parfois du travail du groupe de Buffalo. Même goût pour des orchestrations néo-classiques, même attirance pour une pop baroque où règne en maître une voix lyrique et parfois grandiloquente. Donc voilà, ce que l’on peut reprocher à Mercury Rev semble également pertinent pour décrire la musique de Guillemots tant elle tend parfois à susciter l’écœurement. Déjà, cette voix il faut la supporter, ce qui, il faut bien l’avouer, n’est pas toujours facile car son omniprésence est totale sur ce disque, alors, quand elle est accompagnée par des batteries de violon un brin (que dis-je, énormément par moment comme sur le trop long São Polo) sirupeux, la pilule a beaucoup de mal à passer.

En effet, le côté pompeux du groupe ressort trop de ce disque et le gâche considérablement jusqu’à en rendre son écoute indigeste. L’introduction de l’album, Little Bear, pas assez ambitieuse pour être qualifiée de « classique » et trop ambitieuse pour ouvrir un disque pop, tombe dans ce sens complètement à plat et laisse craintif pour la suite. Et les touches du même genre qui parcourent l’album sont rarement les bienvenues. Pourtant Guillemots peut surprendre son auditoire, et c’est ce qui le sauve, par un certain goût du risque, de la déconstruction, notamment en fin de morceau où une structure pop faussement guillerette peut se retrouver en moins d’une minute un vaste foutoir expérimental où ce qui énerve chez Guillemots est enfin complètement retourné de façon jubilatoire. Certains trouveront qu’il s’agit là d’une même marque de mégalomanie qui consiste à détruire ce que l’on a construit pour bien montrer que l’on est au dessus de tout, cependant, l’audace est à remarquer et faisait déjà office de marque de fabrique à l’époque de From The Cliffs. São Polo, mentionné plus haut est par exemple sauvé par sa dernière minute exclusivement basée sur une décomposition totale de cette longue... composition.

On notera aussi chez Guillemots une attirance vers des cercles extérieurs à celui trop restreint de la pop pour chercher des ailleurs exaltés comme du côtés des rythmiques sud-américaines que l’on retrouve épisodiquement sur l’album (le bien nommé Trains To Brazil, peut-être le meilleur morceau de l’album). Belle tentative donc à mettre au crédit d’une curiosité musicale satisfaisante. Cependant, le disque reste dans l’ensemble vraiment trop « mou » pour convaincre. À trop vouloir tomber dans le vaporisant, on finit par liquéfier l’auditeur. Parties de pianos timorées, paroles il faut bien l’avouer pas très profondes (« You know I love you » répété jusqu’à l’écœurement sur Redwings), et voix agaçante auront raison de plus d’un auditeur. Le disque est peut-être trop radical dans son genre pour éviter un kitsch impardonnable. Fans des Stooges s’abstenir !



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Tracklisting :
 
1. Little Bear (4’49”)
2. Made-Up Lovesong #43 (3’41”)
3. Trains To Brazil (4’02”)
4. Redwings (6’03”)
5. Come Away With Me (3’10”)
6. Through The Windowpane (3’39”)
7. If The World Ends (6’20”)
8. We’re Here (5’15”)
9. Blue Would Still Be Blue (5’15”)
10. Annie, Let’s Not Wait (4’44”)
11. And If All... (1’19”)
12. São Paulo (11’42”)
 
Durée totale : 59’59”