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Voices Of Animals And Men

Voices Of Animals And Men

The Young Knives

par Vyvy le 7 novembre 2006

3,5

paru en août 2006 (Trangressive Records)

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Ashby de la Zouch, petite ville du centre de l’Oxfordshire a au moins deux particularités notables. Elle est, semble-t-il, la ville la plus éloignée de la mer des trois Royaumes-Unis. Mais aussi, et c’est là que l’allégation devient certitude, elle a vu naître et se développer le sujet de cette chronique, à savoir le trio britannique des Young Knives, et leur deuxième album, Voices Of Animal And Men.

Rarement, l’origine d’un groupe a autant influencé son œuvre et sa présentation. C’est ainsi que le bassiste n’est crédité sur l’album que sous le doux pseudonyme de House Of Lords. British, donc. Mais l’excentricité du bassiste n’a pas déteint sur ses petits camarades Henry Dartnall et Oliver Askew qui eux signent banalement de leurs noms.... Second opus pour ces jeunes couteaux, les trois ayant livrés en un mini-album The Young Knives Are Dead, que l’on dit plus rageur et vindicatif que le présent objet. Entre temps, les trois se sont trouvés un label un peu moins indépendant (entendez intimiste) et ont par ailleurs assagis leurs compositions. Mais pas (il semblerait) leur sens de l’absurde, le pseudo du bassiste Thomas Dartall n’étant, réjouissons-nous, que le glaçon émergé de l’iceberg de leur douce folie.

Absurde ! Telle est l’idée force de l’album, de la moindre parole à la pochette déjantée. Arrêtons-nous dessus quelques instants, car enfin une telle pochette, ne croise que rarement l’œil du pauvre amateur de rock. Une sombre banlieue anglaise, un homme et... un géant de paille. Le tout commun et pourtant si bizarre. Une fois la boîte ouverte, le livret se dévoilant à nous est similairement parsemé d’instant de vie locale. On voit des apiculteurs, un archer, le groupe dans un champ. Chaque double-page raconte une fête traditionnelle, une coutume, un petit texte décrivant son histoire à gauche de la photo. Clichés d’une Angleterre rémanente, loin de toute la fureur et la vie des métropoles. Les jeunes couteaux s’installent dans ce cadre loufoque et désuet et commencent à conquérir nos oreilles. Mais laissons ici l’enveloppe et attachons-nous à déchiffrer le message de ces trois-là.

L’écoute du premier titre peut laisser songeur. Art Brut vient directement à l’esprit, un Art Brut un peu plus enrobé, plus soigné, avec différentes voix et, peut-être et c’est bien peu de dire, un talent de chanteur un peu plus évident. I’m the prince of Wales, I’m you’re monarch, I’m your monarch l’absurde de la deuxième chanson, The Decision si il rappelle encore la bande à Argos, semble encore plus grand et poussé chez le trio d’Ashby. Rien de très sérieux, mais rien de baclé non plus. N’importe quoi oui, mais un n’importe quoi soigné. À partir du troisième titre, la palette des trois s’élargit. Ils savent scander. Ils savent aussi chanter et nous concocter des titres moins barrés mais fort réjouissants. C’est le cas de In The Pink, guitare tendue sans être trop nerveuse, batterie soutenant le tout, et un joli refrain. Là encore, on n’est pas transcendé, mais on se laisse facilement aller. Et jolie surprise, Mystic Energy a musicalement quelques agréables relents des Strokes... peut-être que le refrain est, un peu trop récurrent, mais personne n’est parfait.

Continuons notre route et arrêtons-nous chez un Tailor dément. Tout en finesse, ce portrait donne une profondeur inespérée à l’album. Et Half Timer, plébiscite en faveur du céleri, est là pour une fois encore allier ridicule et usons de grands mots, n’ayons pas peur, un certain degré de talent ! Bon, le suivant retombe dans l’artbrutesque ce qui est sympa mais qui perd vraiment à ne pas être vu live. Dialling Darling et Another Hollow line retrouvent le niveau de Tailor, le dépassant même. Les deux chansons, douces, avec de tout petits zests d’électronique et de Blur tissent un cocon des plus accueillants, on s’enfonce, on se love,... Mais ces trois-là ayant peur qu’on se soit endormis nous assènent un rude Coastgard énergique, quelque peu « larsené », stressé. Radicalement différent des deux précédentes, elle n’en n’est pas pour autant déplaisante.

Encore ici un de ces disques qu’y se déroule crescendo, gardant les meilleurs pour la fin. Ce qui après tout nous permet de nous consoler, tout en laissant une très bonne impression. Donc la fin. La fin ce sont Loughborough Suicide et Trembling Of Trials, deux petits joyaux. La voix des deux Dartnall s’amenuise alors sur un léger :" Got my papers and my ticket for the train /
To anywhere, anywhere
".



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Tracklisting :
 
1. Part Timer (2:54)
2. The Decision (3:23)
3. Weekends And Bleak Days (Hot Summer) (2:47)
4. In The Pink (3:16)
5. Mystic Energy (2:52)
6. Here Comes The Rumour Mill (3:34)
7. Tailors (4:11)
8. Half Timer (1:39)
9. She’s Attracted To (3:06)
10. Dialing Darling (2:59)
11. Another Hollow Line (3:42)
12. Coastguard (3:01)
13. Loughborough Suicide (3:56)
14. Tremblings Of Trails (3:21)
 
Durée totale : 44:41