Films, DVD
Walk The Line

Walk The Line

James Mangold

par Kris le 12 juillet 2006

3,5

sorti en février 2006 (20th Century Fox)

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Johnny Cash, l’homme en noir. Johnny Cash, le joueur de blues. Johnny Cash la légende. On ne présente (presque) plus Johnny Cash, la légende américaine, son oeuvre conséquente, sa personnalité, sa vie mouvementée, et son génie, sa musique.

Hollywood se sentait donc obligée de reprendre le mythe à son compte, et place à la tête de ce projet James Mangold. Finalement peu en vue sur la scène hollywoodienne, James Mangold a réalisé Copland avec Sylvester Stallone ou Kate & Leopold avec Hugh Jackman et Meg Ryan. Bref, rien de bien consistant à se mettre sous la dent de la part de celui qui est en charge de retranscrire le bloc, la montagne qu’est la vie du regretté Johnny Cash. On se dit donc qu’on ne devrait pas trop attendre de cette absorption cinématographique du bluesman, le héros musical de toute une génération. Avant même la sortie du film, le projet faisait déjà grincer des dents du côté des fans du musicien, car comment mettre en scène une vie aussi décousue et non-conventionnelle ? Pour rajouter à l’attente qui se fait sentir, le succès entre-temps d’un autre biopic rajoute encore un peu de pression. Ray connaît un succès énorme et Jamie Foxx remporte l’Oscar du Meilleur Interprète.

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Johnny Cash

L’attente ne sera pas si vaine que ça. Bon d’accord, ce ne sera pas le chef-d’oeuvre du siècle. La structure narrative est commune et stéréotypée, ne variant que très peu, et ne prenant que peu de distances et libertés par rapport à la vraie vie de Johnny Cash telle relatée dans les biographies officielles - sauf dans de rares cas, dont la scène où Johnny Cash passe sa première audition qui est de la fiction pure mais incroyablement poignante - se contentant de relater faits et narrant des épisodes de vie. La vrai-fausse bonne idée était de présenter la vie de Johnny Cash durant les périodes sombres. Vraie bonne idée parce qu’on échappe quand même à la description sommaire, les grands périodes, la belle vie, grands sourires, papillons et crustacés. L’adoption de la présentation des périodes un peu noires permet de dresser un portrait psychologique du personnage et ainsi de se questionner un tant soit peu quant à la personnalité du grand Johnny Cash. Fausse bonne idée cependant, car cette diversion du biopic traditionnel n’est pas des plus originales. Ensuite, même si Mangold tente le portrait sombre et habité comme pouvait être Johnny Cash, tout reste encore trop saupoudré de Canderel, il ne pousse pas assez l’étude du personnage, n’est pas assez profond dans l’excentricité d’un personnage comme Cash. Sa volonté y est certes bien retranscrite, mais son ego, sa rage sous-jacente, tout cela aurait eu besoin d’une mise en scène plus audacieuse, même si évidemment la complexité du personnage modèle ne doit pas aider.

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Joaquin Phoenix
© 2005 Twentieth Century Fox

Malgré tout, Joaquin Phoenix qui donne ses traits à Johnny Cash tente tant bien que mal d’incarner l’homme en noir. Bien souvent mieux que mal tout de même. Les traits toujours ce qu’il faut de tirés pour incarner le personnage mystérieux et énigmatique, campant sobrement un musicien, légende en devenir. Mais la vraie révélation de ce film est Reese Witherspoon qui incarne une June Carter des plus charismatiques. S’appropriant un personnage, le travail de Reese Witherspoon est impressionnant, se fondant totalement dans son interprétation d’une campagnarde, musicienne de second couteau. De par sa présence constante et l’apport qu’elle offre à l’histoire, le travail énorme sur la voix, prenant ce petit accent américain profond, elle brille et fait briller ce film. Si l’histoire pêche par moments, Walk The Line est portée par un couple d’acteurs talentueux et incroyablement charismatique, interprétant eux-mêmes les chansons chantées par Johnny Cash et June Carter. On a envie de retenir cette scène où Johnny Cash et June Carter interprètent tous les deux le titre de Bob Dylan It Ain’t Me Babe traitant de l’amour conflictuel, de l’amour contradictoire, de l’amour, peut-être, peut-on dire au sens plus large. Walk The Line n’est pas qu’un film qui raconte la vie de Johnny Cash, c’est un film qui regarde Johnny Cash, sa vie, sa musique, sa muse June Carter au lieu de la vivre. La vie de Johnny Cash est difficilement transposable et tellement contemplative du haut de son propre mythe, que l’on effleure à peine la vérité de Cash avec ce Walk The Line qui ne décolle pas des codes hollywoodiens (Mangold ose un happy ending quasi-blasphématoire...) mais qui se laisse tranquillement regarder et qui mérite qu’on s’y attarde car on ne s’ennuie bizarrement pas durant les deux heures et quart que dure le film.

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Le couple Johnny Cash / June Carter
© 2005 Twentieth Century Fox


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