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Conférence de presse et Interview

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par Alexx le 7 juin 2006

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J’avais réussi à obtenir, tant bien que mal, un rendez-vous avec le tour manager d’Archive pour arranger l’interview promise ! Ayant du mal à obtenir mon pass, je réussis tout de même à entrer pour ce fameux rendez-vous. Confirmation pour 17h30 après quelques médias nationaux (France 4, Le Monde, Le Mouv’...). Pendant l’après-midi, je repars à l’attaque de mon pass et on m’informe alors que le groupe est très pris et que mon interview est annulée. Cependant, je pourrais heureusement assister à la table ronde. Une chance que je me sois battu pour avoir mon pass sinon, je serais arrivé trop tard et je n’aurais eu que mes yeux pour pleurer ! J’arrive donc à temps pour cette conférence de presse et remarque que nous ne sommes que quatre !?! Un pur face à face donc, car les membres du groupe présents sont eux aussi quatre : Pollard Berrier (chant), Danny Griffith (machines), Dave Penney (chant) et Darius Keeler (machines) (il ne manque que Maria Q, chanteuse). Tout en vérifiant mon matériel, l’attaché de presse me prévient que j’aurais quelques minutes seul avec le groupe pour les interviewer. Décidément chanceux, je décide d’ouvrir le bal.

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De haut en bas, Pollard, Darius, Danny, Dave, et à droite, Maria Q

B-Side Rock : Vous avez commencé votre carrière avec Londinium qui est profondément encré dans le trip-hop, puis vous nous avez livré Take My Head plus electro-pop, puis enfin le duo de disques You All Look The Same To Me et Noise, comment avec un tel panel de styles définissez-vous votre musique ?

Darius : Au début, nous étions un groupe de studio, on travaillait beaucoup sur des équipements électroniques. C’était naturel que nous évoluions vers les guitares. Nous voulions expérimenter un maximum de chose. Émotionnellement nous ne pouvions pas rester toujours dans la même voix.

BS : Lorsque You All Look The Same To Me est sorti, on vous a rapidement comparés à Pink Floyd. Pensez-vous que c’était justifé ?

Darius : Oui, je crois. Émotionnellement, nous essayons de faire une musique assez similaire. Pour ce qui est du style, expérimentalement, nous essayons d’être assez proche de leur recherche. Pour tout dire, j’ai grandi en écoutant Pink Floyd et cela m’a énormément influencé ainsi que Danny. On voulait faire comme eux, monter un grand groupe, avoir des groupies, coucher avec elles...

Dave : Plus maintenant ! (rire)

Autre intervenant : Est-ce que votre dernier album sera engagé tel que l’était un peu Noise ?

Danny : Non, pas trop ! On laisse ça aux médias.

Darius : On ne veut pas parler de politique, on n’est pas politiciens. On parle plus de choses générales, de choses de la vie.

AI : Certains ont écrit des choses sur G.W. Bush. Et vous ?

Pollard : Tricky, par exemple, a écrit deux ou trois choses sur lui. Mais je ne crois pas que ce soit nécessaire même si on partage cet avis. C’est bien d’être au courant de ce qui se passe mais pas au point de parler tout le temps des points négatifs. Mais on veut pas n’importe quoi ; on n’écrit pas « Oh baby baby » pour pouvoir passer à la radio comme le font certains !

AI : Etes-vous d’accord avec l’attitude de Moby, par exemple, qui est contre la politique de Bush mais qui n’en parle pas dans sa musique. Pensez-vous que se soit une bonne façon de faire ?

Pollard : Oui, on peut très bien faire de la musique sans évoquer ses opinions et se servir de sa notoriété pour faire passer un message (politique, social...).

AI : Pourquoi avoir choisi ce festival qui est assez petit et pas un autre ?

Darius : On n’a pas de préjugé, on aime jouer. C’est tout. Et puis, notre album sort dans trois semaines maintenant. On en profite pour se roder. Et puis c’est génial de voir les réactions face aux nouvelles chansons.

Danny : C’est bien de pourvoir jouer avec du nouveau matériel et de peaufiner les chansons tout le temps. Et puis le public n’est pas le même partout. Ca fait plaisir de voir de nouvelles réactions.

Darius : On vient de Londres et le public y est assez mou ! (rire)

AI : Quand vous ne travaillez pas, allez-vous voir d’autres groupes en concert ou en festival ?

Pollard : C’est toujours plaisant d’aller voir les groupes qu’on aime. Et même quand on ne connaît pas, c’est génial de découvrir. Aller aux concerts c’est aussi savoir se renouveler, ça fait du bien de voir autre chose.

AI : Et puis, ça peut être pris pour de l’égocentrisme de n’aller à aucun concert !

Danny : On est aller voir Sigùr Ros il y a deux semaines à Londres et on était sur le cul.

BS : Je sais que vous allez jouer en première partie de Massive Attack en juillet, que pensez-vous de leur évolution générale ?

Darius : Je trouve que leur dernier album 100th Windows n’est pas représentatif de se qu’il ont fait. Par contre la nouvelle chanson présente sur leur greatest hits, je la trouve incroyable.

BS : Oui, on retrouve le son qu’ils avaient à leurs débuts pendant Protection.

Darius : Oui, mais je pense que ce titre tient plus de Blue Lines qui est un album incroyable. Protection possède de bonnes chansons aussi, c’est vrai. C’est un groupe extraordinaire. Il y a tant d’influences dans leur musique qui nous a ensuite influencés aussi.

BS : J’imagine que c’est un grand plaisir de savoir que vous allez jouer avec eux.

Darius : Oui, absolument !

Danny : C’est vraiment excitant de savoir qu’on va pouvoir approcher un grand groupe qui a tant influencé la musique actuelle. Même si on ne joue qu’avant eux et pas avec eux c’est déjà quelque chose de génial de pouvoir les approcher, les toucher...

Danny mime alors la prosternation en signe de grand respect envers Massive Attack. Ses confrères rient en le voyant faire et approuvent de la tête.

AI : Sur scène, utilisez-vous des vidéos ou d’autres choses ?

Darius : Non, pas du tout. Je pense que c’est très froid comme procédé. Ce n’est pas une bonne idée pour un concert. On y avait pensé mais ce genre de choses s’utilise avec beaucoup de précautions. Nous avons suffisamment à montrer pour nous en passer. Il faut savoir être attractif. De plus, c’est assez coûteux et il faut transporter du matériel en plus. C’est pas pratique.

BS : Sur scène justement, Darius, tu bats le rythme avec tes bras de façon très démonstrative. On a même l’impression que tu te frappes le torse. Est-ce que tu joues les chefs d’orchestre ou bien ce n’est qu’une habitude ?

Darius : (Rire de tout le groupe) Non, non, c’est une sorte de jeu. J’adore cette idée de construire la musique au fur et à mesure d’un show. D’organiser le tout...

Danny : Tout est dans la tête, c’est enivrant !

Darius : Oui !

(C’est alors que fais une énorme faute de grammaire anglaise, au point que le groupe me comprend très mal. Je suis obligé de me répéter plusieurs fois avant de comprendre mon erreur !)

BS : Tu vis la musique que vous avez composée et que vous jouez !

Le groupe : Oui, on adore ce sentiment ! C’est vraiment intense quand on est sur scène !

AI : Qu’avez-vous pensé de l’expérience de composition de la musique du film Michel Vaillant ?

Darius : C’était très enrichissant. On a vécu dans un autre monde. C’était vraiment une bonne expérience !

Danny : C’est un tout autre monde.

L’attaché de presse nous demande à ce moment la dernière question.

AI : Vous avez sorti un live unplugged. C’est très surprenant pour un groupe comme le vôtre. Comment vous est venue l’idée ?

Danny : On était à Paris en train de mixer Noise et on nous a invité à participer à Music Planet Tonight [1]. Ça nous a permis de changer d’ambiance. On était en plein dans l’electro. On a aimé et on a voulu aller plus loin.

Darius : On voulait faire quelque chose de plus organique. Quelque chose à écouter dans son salon tranquillement.

Les dernières réponses recueillies, les autres intervenants me laissent seul avec le groupe pendant que quelques photographes finissent leur pellicule. J’en profite alors pour faire le point et prends moi aussi une ou deux photos. Une fois tranquille, je repars à l’attaque.

BS : Danny, Darius, je voudrais aborder l’évolution du groupe. Vous avez connu beaucoup de départs et d’arrivées de musiciens et de chanteurs. N’est-ce pas trop difficile d’être un groupe et de gérer ou subir autant de variations ? [2]

Darius : C’est problématique, bien sûr. Mais la raison pour laquelle on est encore là, c’est que les personnes qui sont venues nous apporter des choses qui nous ont permis d’avancer. Cela nous a permis aussi d’aller plus loin, de nous renouveler et d’explorer d’autres styles.

BS : Je vais me permettre un contre-exemple : Radiohead. Ils n’ont jamais eu de changement de musiciens et pourtant ils se sont renouvelés d’une manière très surprenante avec Kid A.

Darius : Je ne peux pas dire que ça marche pour tous. Ce qui nous est arrivé nous a fait grandir. En plus, on ne joue pas qu’en studio devant un micro, on joue pour nos fans pour ceux qui aiment notre musique. Et ça, c’est l’un des éléments qui nous a fait continuer.

Danny : Kid A est un album assez personnel dans son approche en définitive. Le suivant et lui son assez similaires (Amnesiac). Il y a de bonnes chansons qui sont vraiment géniales. Mais je ne crois pas que ce soit leur meilleur.

Pollard : J’ai entendu une version d’une chanson de Kid A (il commence à chantonner Everything In It’s Right Place), elle est géniale !

BS : Pollard, je voudrais savoir comment tu as intégré le groupe. Dans quelles conditions ?

Pollard : C’était à un de leur concert à Vienne. J’ai réussi à aller voir Danny, Darius et Dave dans les backstages pour leur faire écouter une démo de ce que je savais faire. Ils ont écouté et ont apprécié. Ils m’ont ensuite invité à travailler sur quelques chansons et ça a marché.

Danny : On travaillait avec Dave sur quelques nouveaux morceaux et on l’a fait chanter dessus. Ça collait bien.

BS : Je voudrais évoquer votre nouvel album, quelle est sa place dans la discographie d’Archive ?

Darius : C’est assez difficile à définir. Il est assez différent de Noise. On ne voulait plus de cette colère qui l’enveloppe.

Dave : J’étais chargé d’écrire de nouvelles chansons. C’est assez bizarre d’arriver en studio pour les jouer. Puis on les joue tous ensemble et on change des choses, on rajoute deux ou trois mots et puis, l’ambiance arrive, plus décontractée.

Darius : C’est un album plus optimiste.

BS : On parlait, tout à l’heure de Michel Vaillant, avez-vous été libres dans votre composition ?

Darius : Oui, c’était très intéressant.

Danny : On nous a passé des rushs et on s’en est inspiré pour composer.

Darius : C’est certainement un des albums que j’aime le plus.

De nouveau, l’attaché de presse me demande d’en finir avec une dernière question.

BS : Très simplement, quel est le dernier CD que vous avez acheté ?

Pollard : Si je me souviens bien c’est le dernier de Mogwaï, Mr Beast. Il est vraiment bien.

Danny : Je ne me souviens plus ! Mais il faudra que je l’écoute (à propos dernier Mogwaï).

Dave : Je me suis acheté la BO du film The Fog de J. Carpenter.

Darius : Ca fait bien longtemps que je n’achète plus de CD.

Le temps des remerciements arrive, Darius me demande alors si je serai là le soir même pour les voir. Je leur réponds par l’affirmative et ne peux m’empêcher de leur demander de me signer un de leurs albums que j’avais laissé trainé (par hasard ?) dans mon sac.

Encore un bon souvenir à se remémorer pendant les longues nuits hivernales (vous avez dit cliché ?)



[1Ancienne émission musicale d’Arte.

[2Il faut savoir que le groupe en est à sa cinquième formation !

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