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Butterfly House

Butterfly House

The Coral

par Aurélien Noyer le 13 juillet 2010

4,5

Paru le 12 juillet 2010 (Deltasonic/Cooperative Music)

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Un nouvel album des Coral, c’est toujours un non-évènement. Non, sérieusement, quoi... Honnêtement, mis à part un petit noyau de fans, qui s’intéresse réellement aux travaux des sbires de James Skelly ? Quitte à faire un parallèle un peu audacieux, The Coral, c’est un peu les derniers gaullistes de la Pop. Ils n’intéressent presque plus personne et pourtant ils continuent à défendre “une certaine idée de la pop”, une vision de la grandeur qui peut se nicher dans une chanson de quelques minutes, dans la continuité d’une tradition initiée par les Beatles, les Kinks, Love ou les Zombies.

Pourtant, il fut un temps où les Coral paraissait avoir une chance... le temps d’un hit, le temps de Dreaming Of You, démarrage sur les chapeaux de roues avec adoubement par Noël Gallagher (le gaulliste de la pop en chef) et chroniques élogieuses. Mais il était clair que le groupe n’avait pas une chance : à l’époque où les Libertines faisaient croire à un retour de l’esprit punk et où Franz Ferdinand remettait au goût du jour les accroches dansantes de la new-wave, qui avait le temps de s’attarder à contempler les subtilités esthétiques de la pop des Coral ?

Mais qu’à cela ne tienne... Cela fait six albums que James Skelly cisèle des chansons à la façon d’un artisan, travaillant patiemment les arrangements, la mélodie, les harmonies en fonction de ses humeurs du moment. Avec Butterfly House, on retrouve ainsi le psychédélisme qu’ils avaient un peu délaissé au profit du son plus brut de Roots & Echoes, mais au lieu du psychédélisme mélancolique de The Invisible Invasion (produit par Goeff Barrow et Adrian Utley de Portishead... cela expliquant cela), il s’agit ici un psychédélisme brillant, scintillant, chatoyant. Produit par John Leckie (producteur, entre beaucoup d’autres, du magnifique Z de My Morning Jacket, du premier Stone Roses ou encore de XTC), Butterfly House n’est clairement pas le chef d’oeuvre pop qui hante les rêves de James Skelly mais, par moment, il s’en approche tellement que ça en est frustrant. Malheureusement, comme c’est le cas dans ce genre d’entreprise folle, il y a toujours un détail, un ou deux morceaux qui viennent affadir quelque peu l’ensemble.

C’est d’autant plus rageant que les différents titres exposent aussi bien les qualités du groupe que ses faiblesses. D’un côté, on a More Than A Lover ou Sandhills où on sent bien que le groupe ne force pas trop son talent et torche de la ritournelle pop sans grande inventivité. Puis un titre comme Roving Jewels et son superbe arrangement de guitares (ironique quand on sait que le guitariste Bill Ryder-Jones a quitté le groupe en 2008) laisse un petit goût d’inachevé, la faute à une mélodie un peu plate. Et enfin Butterfly House et Green Is The Colour où le groupe rejoint Love et les Zombies aux sommets de la pop psychédélique, combinant harmonies vocales sixties, arrangements riches, mélodies solides et surtout une production superbement orientées autour des guitares.

On savait le groupe amateur d’arpèges pop (Roots & Echoes en atteste), mais ce qui frappe avec cet album, c’est le travail sur les textures des guitares. Que ce soit sur Roving Jewels, sur She’s Comin’ Around ou North Parade, le mélange des sonorités claires, saturées ou pleines de reverb semble aussi important que l’harmonie des arpèges, ce qui leur permet d’enrichir leur vocabulaire musical et d’ouvrir de nouveaux horizons.

Alors on pourra toujours préférer Roots & Echoes pour son aspect plus concis, plus direct, plus resserré... et il faut bien reconnaître que Butterfly House a parfois tendance à s’éparpiller. Mais dans ces meilleurs moments, l’album surpasse tout ce que le groupe a pu faire par le passé. Et on se prend à rêver... pour peu que le groupe continue dans cette direction, il pourrait bien nous sortir un de ces quatre un album de la trempe de Odessey And Oracle. Étant donné leur attachement à “une certaine idée de la pop” et leur potentiel, c’est largement plus probable qu’un hypothétique retour des gaullistes en France.



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1. More Than a Lover (3:07)
2. Roving Jewel (3:17)
3. Walking In the Winter (3:08)
4. Sandhills (3:41)
5. Butterfly House (3:21)
6. Green Is the Colour (3:22)
7. Falling All Around You (3:25)
8. Two Faces (2:38)
9. She’s Coming Around (3:26)
10. 1000 Years (2:51)
11. Coney Island (3:23)
12. North Parade (After the Fair) (6:02)
 
Durée totale : 42:29