Livres, BD
Faire Danser Les Filles

Faire Danser Les Filles

Luz

par Sylvain Golvet le 13 novembre 2007

3,5

Publié en janvier 2006 (Hoebeke) ; 84 pages.

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Faire danser les filles : c’est peut-être l’un des fantasmes secrets de l’homme depuis l’invention de la pop music, soit dans une démarche artistique, soit par une activité qui peut paraître ingrate comme ça, passer des disques. Mais il semblerait que cela soit une pratique peut-être bien plus complexe qu’il n’y paraît et c’est tout en dessins et en bulles que Luz nous propose ici son (hilarante) expérience. Dans une sorte de mélange de caricatures de presse et de chronique autobiographique, le bouquin se penche sur deux thèmes, les filles et le dancefloor. Et comme avec son précédent Claudiquant Sur Le Dancefloor, c’est bien sûr l’occasion pour Luz de déclarer son amour de la musique.

L’ouvrage se découpe en plusieurs parties, “Les Filles”, “Faire Danser”, “Danser” qui sont autant d’étapes dans le cheminement qui tendra vers le but ultime de “Faire danser les filles”. Mieux qu’un caricaturiste, Luz se fait ici, via une science du détail qui fait mouche, un quasi-sociologue qui aurait préféré l’art du gag potache à un discours soporifique. Bon, sociologue est peut-être un terme excessif, d’autant que l’auteur n’hésite pas à prendre position, tel ce moment où il latte une bande de jeunes machos, leur rappelant via moultes tartes les noms de Courtney Love, PJ Harvey et consorts, le tout avec une approche excessive digne du grand Gotlib.

La tradition du dessin à gros nez, entretenue par sa carrière plus politique dans Charlie Hebdo est quelques fois bouleversée quand Luz se fait chroniqueur de concert. Son trait est alors plus fin, plus effilé, et il parvient en quelques coups de crayon à retranscrire l’ambiance d’un concert de Franz Ferdinand ou d’un obscur groupe japonais reprenant du Motörhead. Il sait aussi se faire plus personnel quand il vient à raconter ses amours, ses doutes ou son premier t-shirt des Stray Cats resté dans le placard chez papa-maman.

Même s’il est plus anecdotique (au sens propre du terme) que véritablement construit, Faire Danser Les Filles est le genre de BD ultra-sympathique parce que sincère et drôle. Ça regorge de petites histoires, de détails et de théorie fumeuses. Genre : la DJette tripotée par le gros lourd, la soirée DJ UMP ou les joies de l’open-bar. Choses que tout amateur de soirées dansantes devrait reconnaître. Et puis en ces temps où il existe même des écoles de DJ, on a probablement ici la meilleure approche de cette activité si importante et dérisoire à la fois. Luz officiant lui-même en tant que DJ, le gars connaît son affaire et tout en assumant le côté légèrement macho du propos, il fait tout de même preuve d’une humilité rafraîchissante.

Bon, il faut l’avouer, ce bouquin prend aussi une connotation particulière pour moi puisque, à la veille de ma toute première soirée à passer des disques dans un bar, je tâcherais de bien retenir les leçons de tonton Luz : 1- Ne pas trop triturer les boutons, 2- Ne pas trop boire, 3- Ne pas trop se droguer, 4- Ne pas aller vomir pendant son set, 5- Savoir s’arrêter à temps. A vous de jouer !



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