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par Psychedd le 1er mai 2005
En 1967, The Beatles dominent le monde de la pop depuis quelques années déjà. Lennon, en maître des cérémonies lysergiques compose quelques petites perles du genre, dont I Am The Walrus. Avec cette chanson, il allait rendre dingues musicologues et écoliers.
Tandis que The Beatles sont élevés au rang de demi-dieux, on étudie leurs textes à la loupe. Les interprétations des chansons vont bon train. D’autant plus que Lennon manie souvent le double-sens et les figures de style un peu compliquées.
Combien d’écoliers se sont vus obligés d’écouter Yellow Submarine ou Michelle durant leurs cours d’anglais ?
Plein... Et un peu partout où l’anglais est enseigné. Ca continue même de nos jours !
Outre les écoliers, les musicologues aussi spéculent sur les qualité artistiques du quatuor.
Pour un esprit aussi ironique et astucieux que celui de Lennon, c’était l’occasion de lancer un grand arrachage de cheveux collectif.
C’est en passant dans son ancienne école qu’il découvre la dissection de ses chansons. Et ça le fait beaucoup rire... A partir de ce moment, il n’a plus qu’une idée : créer la chanson la plus vide de sens qui soit.
Il avait déjà eu une inspiration pour la mélodie : alors qu’il était chez lui, il avait entendu la sirène d’une voiture de police et avait trouvé des paroles qui collaient parfaitement sur le rythme. Il avait aussi l’idée d’un petit passage "pastoral" ("Sitting in an English garden, waiting for the sun.")
Pour le texte, il mélange tout : un peu de surréalisme, des clins d’oeil à la littérature anglaise ainsi que des références à ses propres écrits. Il pousse le vice jusqu’à inventer des mots. Il écrit sa chanson au fur et à mesure que des images lui viennent en tête.
En hommage aux écoliers, il réarrange une chanson qu’il chantait durant ses jeunes années.
Il choisit le titre I Am The Walrus en hommage au poème du Morse et du Charpentier dans Alice au Pays des Merveilles.
A ce joyeux micmac littéraire, George Martin va ajouter une bonne louche de musique bien barrée.
Pour l’occasion, il fait venir huit violons, quatre violoncelles, trois cors et une clarinette en studio.
Les voix étranges de la fin sont assurées par un groupe d’ordinaire très easy-listening, ainsi que par un collage sonore de passages du Roi Lear, diffusé sur la BBC3. A noter que c’est Ringo qui joue de la radio.
Le 24 novembre 67, le morceau sort en face B du single Hello, Goodbye. Deux visions différentes du psychédélisme, d’un côté McCartney et sa naïveté à l’épreuve des balles, de l’autre Lennon et sa complexité qui tourne à la cruauté.
Car l’encre va couler à propos de cette chanson. L’effet escompté se produit, toutes les hypothèses sont imaginées et Lennon se frotte les mains.
Très vite, le morceau va prendre plus d’ampleur, car John y fera référence tout au long de sa carrière, brouillant encore les pistes, tout en se prenant au jeu. Car de ces allusions sort une idée bien plus précise du Walrus et de ce qu’il peut incarner.
Dans Glass Onion, Lennon balance à ses fans :
"Well here’s another clue for you all,
The Walrus was Paul.".
Et dans son premier album solo, il en rajoutera une couche, tout en se contredisant. Dans la chanson God :
"I was the Walrus,
but now, I’m John".
Au final, Lennon décryptera quand même un vers de sa chanson. Il dira que le passage qui parle des pingouins concerne tous les gens qui suivent des doctrines religieuses, dans ce cas présent, Hare Krishna, et placent toute leur confiance dans une idole ou un gourou. Idée qui rejoint bien celle du Morse de Lewis Carroll, puisque ce dernier charme et endort par ses paroles des petites huîtres pour mieux les manger ensuite.
Et s’il n’y a pas d’autre secret à découvrir, il est de l’évidence même que Lennon a signé là l’un de ses meilleurs morceaux.
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